La nouvelle vie d'Arsène Lupin
de Adrien Goetz

critiqué par Killeur.extreme, le 18 mai 2015
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
Les héros sont immortels !!!!!!
110 ans après sa création et plus de 75 ans après la mort de Maurice Leblanc, son créateur (bien qu'à la fin de sa vie Leblanc était persuadé que Lupin existait vraiment et voulait lui nuire), Arsène Lupin revient et ce n'est pas dans un pastiche qui se situerait dans la période traitée par Maurice Leblanc mais dans un roman à notre époque mais est-ce qu'un personnage qui au début du XXème siècle était un redoutable cambrioleur n'hésitant jamais à tourner la police en ridicule peut encore rivaliser de nos jours?

Adrien Goetz décide de répondre à cette question et redonne vie non seulement à Arsène Lupin mais aussi à ses adversaires, Joséphine Balsamo, Herlock Sholmès et Beautrelet, héros de "l'Aiguille creuse" sous les traits de son arrière-petit-fils. Le fait qu'il ait eu le soutien de la famille Leblanc, elle n'a accordé ce privilège qu'aux écrivains Boileau-Narcejac et Michel Zink, est-il un gage de qualité?

D'abord Adrien Goetz parle de son roman plus comme un hommage que comme un pastiche, il utilise même le terme de "fantaisie contemporaine écrite pour le divertissement de l'auteur" et on sent à travers la lecture de son livre qu'il est amoureux de la littérature et du roman populaire (qui peut être lu par tout le monde) auquel Arsène Lupin appartient malgré lui car si Leblanc avait l'ambition d’être un nouveau Flaubert ou un nouveau Maupassant, le Succès de Lupin a totalement éclipsé le reste de son oeuvre.
Ce roman se dévore et j'ai retrouvé le Lupin des débuts, qui triomphe de tout, le Lupin qui s'il perd une bataille gagne assurément la guerre, le Lupin qui peut être charmant, mais qui n'hésite pas en cas de besoin à être terrible et qui utilise toujours ses vieilles méthodes de déguisements et sa carte de visite très 1900.

Des défauts??? Oui, rien de bien méchant : Que Joséphine Balsamo soit "immortelle" c'est un point avec lequel jouait Leblanc dans son roman "la Comtesse de Cagliostro" que Lupin ait volé son secret et appliqué à lui-même est possible, mais ça reste surnaturel alors que Leblanc si il jouait avec ce côté fantastique, il refuse d'y sombrer, ses personnages vieillissent et meurent et si on admet l'immortalité de Lupin et de Joséphine et le fait qu'ils réapparaissent dans leur prime jeunesse, comment se fait-il que Herlock Sholmès, sorte de Sherlock Holmes méchant et incapable (10 fois plus que chez Leblanc), soit encore vivant?
Pour aficionados pas exigeant 5 étoiles

On prend les mêmes... Un descendant d’Isidore Beautrelet (voir L’Aiguille creuse) assiste au retour d’Arsène Lupin presque un siècle après (et non il n’était pas mort, pas plus que Joséphine Balsamo et Herlock Sholmès... on ne cherchera pas à comprendre). Un Arsène Lupin qui a recréé une bande mêlant cambrioleurs et pirates informatiques.
Adrien Goetz a bien lu et analysé la série, il multiplie les références et les renvois, s’applique à reproduire le style et l’esprit tout en tentant de transposer dans le monde moderne les aventures et coups d’éclat, avec un Arsène Lupin qui gagne même lorsqu’il a l’air de perdre.
Mais malheureusement, un concept et une mécanique un peu vieillots qui font le charme d'un roman du début XXème, une fois transposés au début XXIème font toujours un peu artificiels et vieillots sans avoir l’excuse du contexte historique. La mécanique du récit passe d’autant moins que l’ensemble est plutôt décousu voire incohérent, le lien entre les épisodes est confus, le retour de tous les personnages de la série est artificiel. Plus grave, notre héros parait moins sympathique, moins romantique (sans doute pour faire XIXème siècle ça couche un peu dans tous les sens et les personnages se refilent leurs partenaires).
Bref, la tentative est plutôt ratée.

Romur - Viroflay - 51 ans - 23 avril 2017