Marie-Antoinette - Carnet secret d'une reine
de Benjamin Lacombe

critiqué par Blue Boy, le 10 mai 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Splendeurs et misères d’une souveraine
Dans cet ouvrage bénéficiant d’une édition très soignée, Benjamin Lacombe a joliment illustré le journal intime de Marie-Antoinette, femme célèbre et controversée devenue un véritable mythe. On peut y lire certaines lettres authentiques de la reine, auxquelles viennent s’ajouter celles, fictives, du Comte Fersen avec qui elle entretenait une relation privilégiée.

Recueil des écrits intimes de la célèbre reine à la destinée tragique, ce superbe ouvrage est agrémenté des dessins magnifiques de Benjamin Lacombe, sous le regard de l’historienne Cécile Berly. Dans un style inspiré de ce qui pouvait se faire à l’époque, l’auteur y apporte une touche moderne, à la fois drôle et originale, un tantinet surréaliste, avec toujours un sens du détail et une minutie extraordinaire. Il semble notamment s’être beaucoup amusé avec les perruques portées à l’époque à la Cour de Versailles, perruques dont on ne sait vraiment si elles étaient si extravagantes ou si c’est Benjamin Lacombe qui a forcé le trait…

Mais au fil des pages, on découvre sous cet humour à la fois grinçant et bienveillant les angoisses d’une reine, pauvre petite fille riche, angoisses qui vont aller en s’amplifiant jusqu’au dénouement que l’on connaît. Et on en vient à se prendre d’empathie et de compassion pour cette femme qui décidément semble avoir payé, avec son mari, pour toutes les frasques de ses prédécesseurs. Emprisonnée seule, elle fut guillotinée quelques mois après Louis XVI. Jamais elle ne put lui dire adieu, pas plus qu’à ses enfants. Loin du portrait hautain qu’en a fait l’Histoire, Marie-Antoinette se révèle une femme attachante et plutôt humaine. Certes on pouvait sans doute lui reprocher ses toilettes et ses fêtes coûteuses alors que le peuple français endurait la misère, il n’empêche que la souveraine fut la plupart du temps une victime, de sa naissance à sa mort. En effet, par le jeu des alliances diplomatiques, Marie-Antoinette fut arrachée à l’âge de 15 ans à son Autriche natale pour aller épouser un homme qu’elle n’avait jamais vu dans un pays qui lui était étranger.

En dehors de l’aspect graphique remarquable, l’ouvrage est à lire, ne serait-ce que pour se rendre compte que, toute compréhensible qu’elle fût, suite aux excès d’une monarchie dispendieuse et égoïste, la Révolution française et ses initiateurs n’en étaient pas moins d’une cruauté terrible.