Malgré Fukushima : Journal japonais
de Éric Faye

critiqué par Catinus, le 2 mai 2015
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Une petite Chine à la dérive ...
Récit d’un séjour de quatre mois au Japon en 2012 Eric Faye. L’écrivain-romancier raconte ce qu’il voit, ce qu’il ressent au quotidien, et, peut-être plus particulièrement, tout ce qu’on peut qualifier de « culturel », dont la littérature. Perso, j’y ai fait mon plein de « livres à lire » …
Tout cela est évidemment bien agréable, ainsi ce qui suit en échantillon …



Extraits :

- Peut-être ce goût pour jardiner l’infiniment petit conduit Kawabata à concevoir ses micro-chefs-d’œuvre regroupés sous ce titre : Récits de la paume de la main.

- Le naturaliste Bernie Krause, qui a enregistré des milliers de paysages sonores ( soundscapes), estime, qu’en l’espace de vingt ans, la moitié d’entre eux auront disparu à cause des nuisances engendrés par l’activité de l’homme.

- Dans la liste de ces « soundscapes », on trouve, pêle-mêle, le bruit de glaces dérivantes de la mer d’Okhotsk, le son des cloches de l’Eglise orthodoxe de Hakodate, le bruissement des roseaux à l’embouchure de la rivière Kitakami, les vagues à Izura-kaigan, le vent dans les zelkovas de Seikei Gakuen ( à Tôkyô), la pêche au cormoran sur la rivière Nagara, et, probablement mon préféré : les sifflets des navires, le jour de l’an, dans le port de Yokohama.

- Est-ce le fameux régime d’Okinawa qui rend centenaire ? Ayant perdu deux cent mille de ses habitants au cours du « typhon d’acier », déclenché par les troupes américaines au printemps 1944, Okinawa prend sa revanche aujourd’hui en produisant des bataillons de centenaires.

- Vu d’avion, le Japon est un pays plié, tout en montagnes abruptes. Quand les dieux shintô l’ont créé, ils se sont offert une belle partie d’origami. En voilà le résultat, un tissu vert joliment froissé. Si on le déplait complètement, si on le mettait à plat, le Japon deviendrait un pays considérablement plus vaste ; une petite Chine à la dérive …