Fouché : Les silences de la pieuvre
de Emmanuel de Waresquiel

critiqué par Ddh, le 28 avril 2015
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
Fouché et ses tentacules qui s'éparpillent
Fouché, c’est une pieuvre : ses tentacules s’étalent un peu partout : silencieux ? oui, il fait réagir les autres, non, car il correspond et se retrouve dans différents salons. Une pieuvre, un mollusque repoussant !
Joseph Fouché, fils d’un capitaine de vaisseau « négrier », est né à Nantes. D’abord professeur de collège tenu par les Oratoriens, il gravira les échelons, traversera la Révolution française en y jouant son rôle qui lui va si bien : intransigeant et dur d’un côté et avenant en sous-main d’un autre. Régicide, conventionnel, il pratique La Terreur mais assure ses arrières. Il passe ainsi entre les mailles et obtient le ministère de la police qu’il gère avec souplesse tout en gardant les principes de la Révolution. On le retrouve en tête sous le Consulat, l’Empire et la Restauration !
Emmanuel de Waresquiel réalise ici une somme qui est particulièrement déterminante pour le Joseph Fouché, ministre de Napoléon. Le personnage est parfaitement cerné et les recherches que l’auteur a faites sur lui sont si complètes que l’on ne voit pas qui pourrait encore trouver l’un ou l’autre fait à son sujet. Une somme aussi de pages : 668 de récit, 136 de références, 19 d’index et 82 gravures ! Mais une lecture toujours aussi captivante…
L'équilibriste Fouché : du régicide au duc 7 étoiles

Fouché fait partie de ces personnages historiques dont la légende noire écrase le véritable parcours.

Commissaire intransigeant sous la révolution, grand pourfendeur de l'aristocratie et de la religion, il fut le chantre implacable de la laïcité et de l'égalité, fut-ce au détriment des libertés. Il vota la mort du roi, échappa aux filets de la Terreur et des Thermidoriens tout en participant à la chute de Robespierre.
Son véritable pouvoir il le gagnera plus tard, avec Bonaparte, en prenant la tête du ministère de la Police, qu'il réorganisera et en fera un outil de la toute puissance du consulat et de l'Empire mais aussi de sa toute puissance personnelle.
Homme de réseaux (des jacobins aux salons de St Germain), manipulateur, secret, s'accrochant inlassablement au pouvoir, ses choix politiques le feront passer pour un traître pour la postérité.

Dans cette biographie, comme dans celle de Talleyrand, Emmanuel De Waresquiel tente de réhabiliter cette bête politique née avec la révolution. Car on découvre également un homme profondément républicain devant modérer tour à tour les velléités de l'Empereur et des monarchistes, mais aussi un ministre travailleur, organisateur-né, incroyablement efficace, ainsi qu'un père et un mari aimant fidèle à ses premières amitiés.

L'ouvrage est dense, très documenté, très détaillé, parfois trop jusqu'à en devenir ennuyeux. Mais dès que Fouché arrive "aux affaires", suivre l'un des acteurs principaux de cette période mouvementée ne manque pas d'intérêt.

Elko - Niort - 48 ans - 6 septembre 2015