Poésies
de Karl Marx

critiqué par Septularisen, le 27 avril 2015
( - - ans)


La note:  étoiles
KARL MARX, PHILOSOPHE ? NON ! ÉCONOMISTE ? NON! POÈTE ? OUI!...
Peu de gens le savent, mais avant d’être l'auteur du livre «  Le Capital », Karl MARX fut d'abord… poète !
Et oui, MARX aimait la poésie, en récitait à ses amis, à sa famille, et pendant ses années d’études à Bonn, Il fréquenta même le « Club des Poètes ».

MARX s’adonna donc passionnément à cet art pendant une très très courte période. D’un point de vue bibliographique, on peut d’ailleurs souligner que ce furent ses premiers écrits publiés. Conscient des limites de son talent, Karl MARX renoncera très rapidement à sa « carrière » de poète et finira même par brûler la grande majorité de ses écrits à l’âge de 20 ans.
Seuls quelques poèmes destinés à sa fiancée Jenny Von WESTPHALEN, (traduits et publiés ici pour la première fois), quelques lettres à son père et quelques pièces de théâtre nous sont donc parvenus.

Les poèmes de Karl MARX, se présentent à nous comme ceux d’un jeune homme romantique, pâle et anémique. Tourmenté et en même temps exalté par le sentiment amoureux qu’il éprouve pour celle qui deviendra plus tard sa femme. Il donne donc libre court à ses effusions lyrique, à ses émotions, puisqu’il souffre de sa séparation d’avec celle qu’il aime.

On y retrouve déjà certains thèmes qui feront « la célébrité » de son œuvre future, notamment p. ex. le mépris absolu de la religion : "Ce dieu détruira mes murs, mes tourelles, // Que l'éternité, par défi, rebâtira.". Ou bien encore : " Si Dieu est un point, il n'est pas un cylindre, // Si vous êtes sur la tête, vous n'êtes pas sur le cul.".
Mais aussi, de très belles images, typiques de la poésie allemande classico-romantique, dans la droite ligne de poètes que Karl MARX admirait comme Heinrich HEINE (qui était d'ailleurs son ami...) ou encore Friedrich HÖLDERLIN.

Je dois avouer que ce n’est pas ici de la « très grande » poésie. C’est plus une poésie qui reflète la jeunesse, la fougue de son auteur (rappelons que MARX à 18 ans quand il écrit ces vers…) et donc l’écriture s’en ressent forcément. Le tout manque d'ampleur, de souffle, de vision globale. Beaucoup d’idées, de sentiments et de thèmes, se télescopent et le tout donne souvent une poésie très brouillonne et plutôt indigeste à lire.

On suit avec difficulté les idées de l’auteur et l’on se demande parfois vraiment où l’auteur veut en venir avec ce qu'il nous donne à lire, étant donné que souvent il n' y a ni queue, ni tête .Tutefois, ces quelques « reliques » conservent une curiosité et un intérêt certain, si on les prends juste comme témoignage de première main, pour découvrir Karl… Avant MARX !...

LE VIOLONEUX

Le violoneux racle les cordes,
Ses cheveux châtains se déploient,
Il porte épée à son côté, il est drapé
Dans un ample habit plissé.

- Violoneux, d'où te vient cette fureur de jouer ?
Pourquoi jettes-tu ces regards farouches à l'entour ?
Pourquoi ton sang bouillonne-t-il comme la houle ?
Tu vas déchirer ton archet...

- Pourquoi je joue ? Eh ! pourquoi les vagues rugissent-elles ? ?
Pour se briser à grand fracas sur la falaise,
Pour aveugler l’œil, éclater la poitrine,
Pour que le cri de l’âme résonne jusqu’en Enfer !

- Violoneux, tu déchires ton cœur à force de mépris,
Un dieu de lumière t’a fait don de ton art
Afin que, sous tes pas, jaillissent des flots sonores
S’élançant au firmament, Où dansent les étoiles.
- Eh quoi ? d'une main sûre je plonge
Mon épée noire de sang dans ton âme.

Cet art, que ton dieu rejette et qu'il ignore,
Des fumées de l'enfer m'est monté à la tête,
Jusqu'à m'ensorceler, à dérégler mes sens :
Avec Satan, j'ai fait affaire, et depuis lors,

C'est lui qui dicte les notes, lui qui bat la mesure...
Et moi, tout entier possédé, plus fou encore, je joue la marche de la mort,
Je la joue sombre, je la joue claire
À rompre cordes et archet, à me fendre le cœur.

Le violoneux racle les cordes,
Ses cheveux châtains se déploient,
Il porte épée à son côté, il est drapé
Dans un ample habit plissé.