Le blanc va aux sorcières
de Helen Oyeyemi

critiqué par Jfp, le 26 avril 2015
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans)


La note:  étoiles
maison qui parle
La littérature fantastique n'est jamais aussi réussie que lorsqu'elle nous plonge dans un univers étrange et décalé tout en nous faisant croire qu'il fait bel et bien partie de notre quotidien. Dans cet opus venant de la gothique Angleterre, Helen Oyeyemi commence par des effets de style qui déroutent le lecteur, en le faisant d'entrée de jeu basculer hors de la réalité par des artifices visuels qui relèvent plus de l'art mural que de la littérature. Puis on revient vers une narration plus classique, avec phrases et paragraphes, malgré quelques petites coquetteries de style toujours présentes, le récit alternant entre les divers protagonistes, Luc Dufresne, ses deux jumeaux Miranda et Eliot, Ore, la sensuelle amie de Miranda, et un dernier personnage qui n'est autre que… la maison ! Cette grande maison à étages, située à Douvres, propriété de la belle et trop tôt disparue Lily Silver, femme de Luc et mère des deux jumeaux, va abriter la tribu lorsqu'elle décide d'abandonner Londres à ses brouillards et sa pollution. Porteuse d'un mystère embrassant plusieurs générations de femmes, cette maison est dotée d'une volonté propre, qui n'est pas toujours au service des vivants. Hélas, ce qui aurait pu se développer en un fantastique jeu de miroirs, où l'on ne sait plus qui est vivant ou mort, animé ou inanimé, tourne court. Le "personnage" de la maison devient quasiment inexistant, et il ne reste plus que la quatrième de couverture pour nous rappeler qu'il s'agit du point focal de ce monde irréel. L'auteure a un réel talent d'écriture, mais elle a voulu trop en faire, compensant par le style et la typographie un cruel manque d'imagination. Dommage…