La misère et la gloire
de Archibald Joseph Cronin

critiqué par Henri Cachia, le 17 avril 2015
(LILLE - 62 ans)


La note:  étoiles
A.J CRONIN : un écrivain extrêmement moderne!
Franchement, je ne m'attendais pas à faire une critique principale de « La Misère et la Gloire », tant ce roman m'est apparu ultra moderne ; je m'apprêtais donc à en faire une éclair, persuadé que plusieurs avaient déjà été faites sur ce titre.
Je viens donc de découvrir non seulement ce texte, mais également son auteur : A.J. Cronin. Une véritable révélation.

Ce qui m'a le plus enchanté, c'est la façon dont cet écrivain respecte et se moque à la fois, du catholicisme. Une manière d'adresse directe séduisante, en connivence immédiate auteur-lecteur : ...« Mais moi, tel que vous me connaissez, je l'avais différée, remise à une date ultérieure, oubliée tout simplement »...

Une fois n'est pas coutume. Voici un extrait de la quatrième de couverture :
... « Mais il ne réussit pas à trouver la paix intérieure : le remords le traque sur les routes tortueuses de la facilité, de l'égoïsme et du cynisme. Le remords ne naît pas forcément d'un grand crime : la conscience de Laurence Carroll n'a que de « médiocres transgressions » à lui reprocher ; seulement, c'est une conscience formée par le catholicisme intransigeant. Il parvient à s'étourdir jusqu'au jour où arrivent à la clinique Cathy Davigan et son petit garçon Daniel, qui est atteint d'une forme implacable de leucémie. Or Cathy, récemment devenue veuve, a été le premier, l'unique, le merveilleux amour de son adolescence »...
Voilà, pour l'introduction de l'histoire.

Son écriture effleure la psychanalyse sans l'affirmer. Elle se sert des différents protagonistes auxquels le héros se confronte comme autant de miroirs pour mieux cerner ses questionnements.

Ironie et métaphores, sont des procédés souvent utilisés par l'auteur, afin de mieux nous faire partager ses sentiments et émotions.

Quelques extraits pour vous donner un aperçu de son écriture :

...« Dans la comédie de l'existence, rien n'est plus affriolant qu'une jolie fille qui saute hors de son slip blanc tout propre : vous pouvez alors conserver toutes vos petites idées pastel. Le processus inverse, la fille qui retombe dans son slip, est affreusement bourgeois : on baisse le rideau, on ferme le magasin »...

... « D'ici peu, Caroll, me dis-je, tu vas redevenir toi-même. Tu es et tu seras toujours un individu très méprisable. Cela te va bien ; rien ne te va aussi mal que d'essayer de suivre le sentier droit, et étroit, qui grimpe tout le temps »...

Voilà, j'espère vous avoir donné envie de lire cet ouvrage, qui m'a emballé.
Eros et Agape 6 étoiles

Le jeune médecin Laurence Carroll exerce son art dans un sanatorium suisse qui reçoit de jeunes Anglais souffrant de tuberculose, désireux de se refaire une santé grâce au bon air des alpages. Il est épaulé par Hulda Müller une solidaire infirmière-chef dans la soixantaine. Le poste qu’il occupe est une aubaine pour lui qui a surtout connu des environnements ingrats comme les bateaux de la Navy ou les dispensaires crasseux du pays de Galles minier. Il fréquente une belle et peu farouche suédoise Lotte, ancienne hôtesse de l’air qui travaille à Zurich. Un jour, il doit aller réceptionner une Anglaise dénommée Cathy qui accompagne son fils que l’on croit atteint de tuberculose alors qu’il souffre en fait d’une leucémie. Laurence a eu une courte liaison avec Cathy qui a été brusquement interrompue par son départ comme médecin de bord. Cathy s’est alors mariée avec un de leurs amis, garçon peu porté sur la chose qui est décédé précocement. Ces retrouvailles avec leur allure de guet-apens risquent d’être surprenantes…
« La misère et la gloire » est un roman sentimental publié en 1970. De son style élégant et très vivant, A.J. Cronin aborde le thème de l’amour entre attachement purement physique et relation plus sentimentale, (éros et agape). Lotte incarnant la première facette et Cathy la seconde. Le personnage principal est un homme relativement médiocre, veule et un peu lâche. Il est très tenté de fuir ses responsabilités. Mais comme nous sommes dans une littérature positive, morale et pleine de bons sentiments, il se rachète en toute fin d’histoire. Tout comme son équivalent français Gilbert Cesbron, A.J. Cronin fut un grand auteur chrétien qui savait aborder des sujets difficiles comme ici l’hédonisme et l’amour libre. Nous sommes dans les années 68/70. La révolution sexuelle est là. Cronin en entrevoit déjà les limites. Ce livre se lit avec grande facilité tout en donnant à réfléchir. L’histoire en elle-même ne brillant pas par son originalité, on ne classera quand même pas ce titre parmi les meilleurs de cet auteur.

CC.RIDER - - 66 ans - 22 juin 2022