Évariste
de François-Henri Désérable

critiqué par Ndeprez, le 10 avril 2015
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Le Rimbaud des maths ?
Biographie romancée d'Evariste Galois , génie des mathématiques aux travaux révolutionnaires , qui trouva la mort à 21 ans en 1832 lors d'un duel.
Texte étrange que cet "Evariste" , d'emblée l'auteur s'adresse... à ses lectrices pour lui conter la vie et l'oeuvre d'un homme méconnu du grand public .
Pas facile pour Désérable de rendre intéressante la vie d'un homme dont les travaux ne parlent qu'à une poignée de gens (dont je ne suis pas) ,et dont finalement on ne sait pas grand chose ...Du fait , l'auteur invente et ne s'en cache pas.
Son grand fait d'arme (à part ses travaux mathématiques) se résume t-il simplement à sa rencontre avec de Nerval dans une prison ?
Je sors de cette lecture avec une impression mitigée , j'ai apprécié le style qui peut vraiment dérouter mais j'aurai tout aussi bien pu lire une biographie d'une star du Rock..."il avait du génie...il est mort jeune...tragiquement".
Le tribun 7 étoiles

"Tout cela n'est qu'une hypothèse, bien entendu. En vérité, on ignore ce qu'il s'est passé rue de l'Ourcine, au printemps 1832. on ne sait pas si Évariste fit la rencontre de Stéphanie sous un arbre du jardin. On ne sait pas s'il y avait un arbre dans le jardin. Et pour tout dire, on n'est même pas certain qu'il y eût un jardin. (c'est dire si on ne sait rien)."

Voilà comme François-Henri Désérable se fait le bibliographe d'un mathématicien du XIX°, dont personnellement, je n'avais jamais entendu parler.
La vie d’Évariste Galois n'est d'ailleurs pas la partie la plus passionnante de ce très curieux roman. L'auteur n'hésite pas à "broder" , en toute franchise , à combler les lacunes de la courte vie de ce jeune homme dont on sait avec certitude finalement très peu de choses.
Mais il brode avec un incroyable talent. Haranguant le lecteur (ou plutôt une jeune lectrice), apostrophant celui-ci, l'emmenant au cœur même des grands soubresauts de l'histoire agitée de la France, lui faisant croiser d'illustres têtes, royalistes ou républicaines, décrivant chaque scène avec moult détails.
"Vous voyez ? Entendez ? Sentez ?"

Un roman très original écrit par un conteur hors-pair, qui réussit à nous intéresser alors même que le héros nous est indifférent, rempli de trouvailles littéraires, associant une écriture digne d'un roman du 19° avec des formules modernes particulièrement triviales.

Et ce passage acerbe particulièrement actuel:
"C'est qu'aujourd'hui il n'y a plus de révolution possible : au premier coup de canon (à eau) le moindre attroupement se disperse. Le gouvernement ne craint ni la lanterne de 89, ni le pavé de Juillet (on ne pend pas aux lampadaires, et le macadam se laisse difficilement arracher). Il n'y a guère que les lycées pour faire trembler le Château : quand ils se barricadent, quand la jeunesse est dans la rue, la rue exhale un parfum de révolution, de Grand Soir, de lendemains qui fredonnent. Puis les vacances arrivent ; chacun rentre chez soi (c'est qu'en fin d'année il y a le bac, l'année prochaine, les études de droit, et dans vingt ans le vote à droite).

J'ai aimé la verve du conteur, cette visite guidée originale au coeur de la Révolution française par un auteur à l'ignorance humblement assumée :
"Pour le reste je ne sais rien. Il y a tant de choses que je ne sais pas."

Marvic - Normandie - 66 ans - 21 juin 2016


Pas vraiment. 4 étoiles

Le style est beau, presque pompeux. Désérable est probablement un écrivain de talent mais je crois qu'il a manqué d'inspiration sur l'histoire d'Evariste.
A la moitié des 165 pages l'ennui s'est installé et ne m'a plus quitté.
Quelques jolies pages sur la plénitude des mathématiques.
Pour moi, rien de plus

Monocle - tournai - 64 ans - 22 mai 2016


Une biographie décoiffante 9 étoiles

« À quinze ans, Évariste Galois découvre les mathématiques ; à dix-huit, il les révolutionne ; à vingt, il meurt en duel. Il a connu Raspail, Nerval, Dumas, Cauchy, les Trois Glorieuses et la prison, le miracle de la dernière nuit, l'amour et la mort à l'aube, sur le pré. C'est cette vie fulgurante, cette vie qui fut un crescendo tourmenté, au rythme marqué par le tambour de passions frénétiques, qui nous est ici racontée. » C’est ainsi que la 4e de couverture présente le roman.

Roman biographique, donc, mais du genre décoiffant !

Sérieux et fidèle à la réalité , mais surtout vibrant et pleine de fougue, il se présente comme un récit oral adressé par un narrateur plein d’empathie pour son personnage (il le désigne toujours par son prénom) à une jeune fille qu’il semble vouloir convaincre de l’importance d’un personnage dont l’apport à la science mathématique est inversement proportionnel à la durée de sa vie, et de la chance qu’elle a de se l’entendre raconter .
Alors il ne lésine pas sur les qualificatifs valorisants, « il fut le Nombre en personne « il fut aux mathématiques ce qu'à la poésie fut Arthur Rimbaud, » tout en s’avouant incapable de comprendre, donc d’expliquer les théories de celui qui est le fondateur de la mathématique moderne .
Il ne lésine pas non plus sur les épisodes marquants de la courte vie de son héros, en particulier sur ses malchances, imaginant aussi un autre destin s’il avait été reçu à Polytechnique.

A défaut du vrai, le narrateur proposera le vraisemblable. Quand il manque d’informations avérées, il reconnaît son ignorance et comble les trous de sa biographie par des hypothèses. Tout au long du texte reviennent les « je n’en sais rien….je suppose, …je veux croire …. Je pourrais vous dire que » « mais, après tout, mademoiselle, nous n’y étions pas. Peut-être cela s’est-il passé autrement, et il se peut que la scène fût … »

La vie d’ Evariste se transforme alors en véritable épopée , celle du savant méconnu et incompris de son temps , celle du héros qui est embarqué dans la page d’ Histoire des Trois glorieuses , qui rencontre d’autres phares de l’époque : notamment Gérard de Nerval et Alexandre Dumas , qui est emprisonné à Sainte Pélagie et meurt , bêtement, en duel, à 20 ans pour une histoire de femme .

François-René Désérable fait revivre avec faconde et panache toute une époque. Il écrit souvent à bride abattue, osant les phrases longues, oratoires, bâties sur une accumulation de subordonnées qui brusquement s’arrêtent pour déboucher sur une clausule brève, sèche et ferme. Se mêlent aussi aux accents raffinés d’une langue classique en basse continue des échos du parler actuel . Tout en maîtrisant parfaitement les codes d’écriture du 19e siècle, celui de son héros , le narrateur n’en est pas moins homme du 21e ….

Une heureuse découverte, un roman jubilatoire !

Alma - - - ans - 26 juillet 2015


portrait en vue subjective 8 étoiles

roman biographique... puisque création sur une vie dont on ne sait que peu de choses... aux qualités littéraires certaines tant sur le plan stylistique que lexical... avec des variations brusques de registre pour de petits effets... au ton léger et plaisant... avec néanmoins quelques petites facilités comme ce portait du petit fonctionnaire qui écrivit la fiche signalétique d'Evariste Gallois, génie mathématique aux aspects romantiques...
donc un roman à la lecture agréable, mais parfois un peu caricatural...

Deinos - - 62 ans - 20 juin 2015