Belle vie
de Elena Botchorichvili

critiqué par Libris québécis, le 3 avril 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Mélodie du bonheur
Quand un chanteur d’opéra perd sa voix, comme ce fut le cas pour Richard Verreault au Québec, c’est le début du drame. Que faire quand on a dédié sa vie au bonheur ? Une fois débusqué, il laisse tomber celui qui en a profité. Jadis les ancêtres étaient plus heureux. Rien ne contrecarrait leurs plans. Et pas davantage le héros.

Monsieur Kisseleff quitta la Russie à neuf ans. C’est avec bonheur qu’il se retrouva à Nice. Il y chanta tout en appréciant sa terre d’accueil. Les exilés ont droit eux aussi de chanter « la ballade des gens heureux » Quand le malheur s’abattit sur lui, il fit la connaissance de Philippe, le fils d’un fermier. Sans se presser pour ne pas effaroucher, il tissa des liens avec le jeune homme malgré la différence d’âge. Ils s’installèrent à Paris où ils ouvrirent l’hôtel Belle Vie. Le nom de l’établissement répondait à leur leitmotiv. Ils inaugurèrent d’autres hôtels sous l’appellation de celui de Paris, voire jusqu’à Montréal où Philippe s’installa finalement avec sa femme, une autre exilée russe.

Ce canevas soutient fermement que le soleil luit pour tout le monde. La trame tente de le prouver à travers la vie de ceux qui ont fui leur pays d’origine. Le bonheur existe partout. Ce n’est pas évident par les temps qui courent. Quoi qu’il en soit, les personnages parviennent à tirer leurs marrons du feu. C’est en somme une invitation que lance l’auteure à son lectorat. Comme le chante Gérard Le Norman, « notre vieille terre est une étoile où toi aussi tu brilles un peu ».

Elena Botchorichvili a l’art de tout dire en peu de mots. Son style lapidaire conduit merveilleusement les lecteurs dans les dédales plein d’épines qui débouchent sur la rose. Et c’est la rose l’important.