Un privé à Babylone
de Richard Brautigan

critiqué par Fabio, le 18 janvier 2004
(Noisy le Sec - 46 ans)


La note:  étoiles
Comment rêver sans se prendre au sérieux
Lire Brautigan laissera certainement de nombreux lecteurs perplexes mais cet auteur laisse l'impression d'un homme libre, rêveur, créant son propre univers et presque son propre style littéraire. En résumé, Brautigan est unique et j'invite de nouveaux lecteurs à découvrir son oeuvre malheureusement trop peu connue.
Le sujet de ce livre est presque sans intérêt : il s'agit des tribulations d'un privé qui a malheureusement un gros défaut, il passe une partie de son temps à rêver de Babylone. Cet histoire est abracadabrantesque, loufoque et disparaitra j'en suis sûr très rapidement de ma mémoire ...
En parodiant le roman policier, Brautigan s'invente, rêve tout haut une vie imaginaire et son style n'a aucune autre ambition que de manier la simplicité.
Un livre non pas à oublier mais même pas à ouvrir 2 étoiles

Ce roman est d'abord présenté comme un roman policier... mais ma méfiance aurait dû être attirée par le fait que dans la version 10/18 que j'ai lue (ou essayé de lire), c'est paru dans la collection "Domaine étranger".
De policier... on ne trouve qu'un enquêteur privé raté qui n'a jamais enquêté, des références à des institutions comme le commissariat ou la morgue légale, une arme à feu et c'est tout. Aucune intrigue ne soutient l'intérêt du lecteur.

Etant censé lire un roman policier je n'ai pas prêté attention au fait que l'auteur est américain. Les polars de cette origine me conviennent en général mais là, nous ne sommes pas dans un polar, même pas dans une parodie, juste dans l'évocation d'un privé qui aurait pu intervenir dans un polar. Nous sommes donc dans un roman américain et l'on y retrouve les poncifs habituels. Le personnage principal est un raté, qui n'arrive pas à s'intégrer dans la société et où l'auteur se complait à exposer ses turpitudes et ses obsessions. Il est question tout au long du roman d'une évocation de Babylone mais l'on ne sait jamais pourquoi ce personnage y fat constamment référence.
Evidemment on croise l'inévitable femme fatale, aussi vivante, stéréotypée, artificielle et avec une féminité dédiée à la grande consommation qu'une affiche de pin up.

La seule action de ce roman se trouve dans les errances du privé qui cherche désespérément à emprunter des balles. Passionnant !
On ne peut même pas se raccrocher à la sympathie évoquée par ce personnage aussi passionnant qu'un pavé de trottoir.au pseudo humour de Benny Hill. Le scatologique, les grimaces ne sont pas ce qui me déclenche le rire.

J'aime les histoires loufoques... mais quand il y a une histoire.

Reste l'humour évoqué dans pas mal de critiques. J'ai cherché, cherché... et n'ai rien trouvé qui 'ait ne serait ce que fait sourire. Ces situations me font penser

Je ne suis pas allé au-delà de la soixantième page tant je me rendais compte que je perdais mon temps. Aucune histoire n'est racontée et rien n'est apporté à la réflexion du lecteur. Même pas divertissant.

Un livre non pas à oublier mais même pas à ouvrir.
Il va de soi que, comme toujours, ceci est le reflet de mon ressenti et non pas, contrairement à l'expression de certains, une vérité absolue

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 13 décembre 2024


Un privé dans la misère 8 étoiles

Polar complètement atypique alliant les clichés les plus forts tout en innovant complètement.
Mais est-on réellement dans un roman policier ou plutôt dans une sorte de rêve éveillé d’un homme complètement dans la dèche, qui tout en s’inventant un monde virtuel, mène une mission complètement absurde dont les tenants et les aboutissants restent mystérieux.

C’est donc avant tout une ambiance, des dialogues au cordeau et une atmosphère dans le San-Francisco des années 40 qui retiendront l’attention de ce livre qui vaut sans aucun doute le détour de par son style mais certainement pas par le scénario.

Faites l’expérience, ce court roman est un ovni littéraire.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 23 mai 2020


Amis de Bukowski, de la Beat génération, de Jarry ou de Beckett venez découvrir Brautigan sans attendre. 10 étoiles

Ce n’est pas un polar ni un nouveau ou ancien roman, c’est du Brautigan comme Jarry fait du Jarry ou Beckett du Beckett.
Et c'est du vrai et bon Brautigan!
Si on n'aime pas inutile d'insister. Richard n'est pas pour vous!
Pas de regret vous êtes très nombreux, une large majorité.
Mais moi, il me parle dans l'oreille, comme s'il ne me parlait qu'à moi!

Le personnage de ce roman a développé un monde imaginaire particulièrement riche où il vit adulé. Ce monde est tellement plus beau que sa vie réelle qu’il s’y réfugie souvent, trop souvent ratant d'abord ses examens à l’école de police et négligeant son travail de détective à présent. Le seul problème est la pénurie financière, comment faire quand on a emprunté à tout le monde, s’est séparé de tout et que sa logeuse le harcèle.
Néanmoins un client l’engage et c’est l’occasion de se faire beaucoup d’argent et ainsi de faire venir Babylone dans le monde réel alors ce n’est pas le moment de tout faire capoter en repartant à rêver.

Cette farce sur le fonctionnement de notre monde est d’une sensibilité magnifique qui mérite la note maximale.
Bonne lecture, ou non!

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 12 août 2018


Rivers of Babylon 5 étoiles

Petit livre structuré en chapitres très courts ce qui donne du rythme à l'histoire : la journée de la chance pour ce privé, hurluberlu rêveur, et grand looser devant l'éternel.
L'ensemble est sympathique, légèrement amusant, un peu déjanté, mais au final, sans grand intérêt, superficiel, voire ennuyeux, et j'ai eu un mal fou à finir ce livre.

Pierraf - Paimpol - 67 ans - 25 octobre 2015


un moment de poésie dans un monde de brute 10 étoiles

ce livre, c'est une rêverie sous l'aspect d'un bouquin policier qui n'en est pas un... juste un univers aux personnages fantasques, où se jouent mille petites scènes... une petite merveille... où l'histoire n'a pas plus de sens que l'existence.. juste un moment de poésie..

Deinos - - 62 ans - 5 août 2013


Les rêveries du privé solitaire 10 étoiles

1942, San Francisco.
S. Card est un privé fauché et sans clients dont le quotidien s’assombrit de jour en jour. Ancien combattant de la guerre d’Espagne malencontreusement blessé à l’arrière train, il lui faut quelques dollars pour acheter des balles pour son revolver, manger et passer son coup de fil hebdomadaire à sa mère. Sans compter son loyer en retard et sa logeuse qui le harcèle.
Pour s’échapper de cette vie sinistre, notre privé rêve à Babylone en 600 avant J.C, sous Nabuchodonosor. Il est là-bas un héros, adulé par sa pulpeuse secrétaire. Heureusement, il a ce soir un rendez-vous avec une cliente…
Si vous aimez les polars denses, élaborés, où le suspense rebondit sans cesse, passez votre chemin. Vous risquez d’être particulièrement déboussolé et bigrement déçu.
Ce polar est d’un genre particulier, qui mêle l’humour et l’invraisemblable à un esprit « potache ». Un décor à la Raymond Chandler, un esprit à la John Fante et une dose de Comics pour assembler tout cela.
Richard Brautigan écrivain de la Beat generation et de la Montana connection, a écrit « Un privé à Babylone » en 1977. D’une écriture ludique et simple, avec des chapitres très courts, il y réalise un pastiche de polar que j’ai dévoré avec gourmandise.
Ce roman n’est qu’un formidable divertissement littéraire qui ne se prend pas au sérieux.
A lire et à faire lire.

Poignant - Poitiers - 58 ans - 28 novembre 2011


ouais , bof.. 4 étoiles

suite aux critiques précédentes et conseillé par ces lecteurs. je me suis procuré ce livre de Brautignan. je m'attendais à quelque chose de drôle de sympa à lire. eh ben non, je me suis ennuyé à tel point que j'ai failli renoncer deux trois fois à le finir.

Je pense tout de même que c'est bien écrit, avec un style direct et simple que j'apprécie.
je ne peux pas rester sur ce bouquin alors je vais essayer de réitérer l'essai avec Brautignan mais sur quelque chose de plus sûr, de plus étoffé.

Tchico2 - Labenne - 49 ans - 11 juillet 2006


Un petit chef d'oeuvre qui donne le sourire! 9 étoiles

Il semblerait, aux lectures des critiques ci-dessus, que Un Privé A Babylone est un petit peu le vilain petit canard de l’œuvre de Brautigan. Je ne peux pas appuyer cette thèse puisque je viens juste de découvrir l’auteur, en commençant par ce petit livre, petit chef d’œuvre ! Pourquoi ? Il a satisfait tous mes critères (plus ou moins inconscients), et qui ont fait de ma lecture un réel plaisir !
Je ne m’attendais à rien, et surtout pas à cela. Le style est original, simple, comme je l’aime, pas sophistiqué mais assez original pour provoquer de la surprise dans la lecture. Et de quoi rire. La forme est excellente : petits chapitres rapides à lire, et courtes réflexions : LA bonne recette pour ne pas s’ennuyer quoi. Sans compter l’histoire et ses personnages, chargés d’humour et d’originalité. Une chose est sûre, non ce livre n’est pas simple et c’est en donnant cette impression que l’on réalise la difficulté de l’écriture.
Enfin voilà, ce n’est pas LE chef d’œuvre de ma bibliothèque car ce n’est pas le genre de livre que je lis en général (mais justement, d’une certaine façon, j’imagine que la surprise en est amplifiée), mais c’est un petit chef d’œuvre à lui tout seul, dont je me souviendrai !
Un livre qu’on aurait aimé avoir écrit, je suis tout à fait d’accord avec toi Grass… ;)

Lig - Gouesnac'h - 41 ans - 23 juin 2006


une balle au cul 8 étoiles

Visiblement, si je me fie à Sibylline, je ne suis pas dans la gang des amateurs de Brautigan, moi qui croyait avoir enfin développé un sentiment d'appartenance.

Le fait est que ce livre-ci est différent du reste de la production de Brautigan. Ça n'a pas la puissance évocatrice de "La pêche à la truite en Amérique" ou la force naïve de "Sucre de Pastèque", mais ça surpasse sérieusement "l'avortement" ou "Tokyo-Montana express".

Il faut être prêt à se faire raconter ce genre d'histoire qui ne va nulle part et il faut comprendre que la grande force du livre se trouve dans l'écriture, mais ça reste un des livres les plus drôles que j'aie jamais lu, que j'ouvre régulièrement au hasard et je ris et je ris et je me me dis maudit que j'aurais aimé l'écrire, ce livre-là.

Grass - montréal - 47 ans - 19 juillet 2005


Pas le meilleur choix 4 étoiles

Dans sa critique éclair, Sybilline nous dit ne pas être d’accord avec les amateurs de Brautignan qui affirment qu’Un privé à Babylone n’est pas à la hauteur de ses autres romans. Dommage, j’aurais aimé qu’ils aient raison, cela m’aurait laissé un espoir d’apprécier le reste de son œuvre, parce que ce livre-ci, je dois bien l’avouer, ne m’a pas, mais alors pas du tout, accrochée. Je pensais simplement être passée à côté du livre, d’autant plus que Brautignan semble avoir la cote sur ce site…

Ce détective privé est un anti-héros, soit, cela pourrait amener d’intéressants développements, mais rien ne m’a semblé substantiel dans cette énigme (toujours irrésolue à la fin du livre, et ça, ça m’agace au plus haut point). L’histoire est creuse, cousue de fil blanc, le lecteur devine tout avant le détective, personnage que j’aimerais secouer une bonne fois tant l’apathie, la paresse, la nonchalance prennent ici des proportions démesurées. Pathétique, pitoyable, mou, geignard (il le dit lui-même), il n’est capable de trouver un ersatz d’espoir que dans la fuite. Car il rêve, notre détective, il rêve à Babylone et échafaude des histoires dans lesquelles il se donne le beau rôle, une fois n’est pas coutume. Et là, rien ne nous sera épargné dans la gamme des clichés. A Babylone, il est beau, riche, le meilleur détective qui soit, sa secrétaire blonde et à forte poitrine est raide dingue de lui, …

« Toute cette histoire ressemblait exactement à une énigme policière dans un magazine bon marché » : ah bon, ben si Brautignan le dit lui-même…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 13 février 2005


Profondeur de rêve 9 étoiles

Si on peut dire que le style fait dans le registre de la simplicité (guère de subjonctif, pas de mots recherchés, phrases immédiatement compréhensibles), il y a certes une écriture : composition de l’histoire, distribution des effets, arrière fond existentiel, « imagerie » saisissante, entremêlement des strates narratives. Et la segmentation du récit en courts chapitres titrés est un régal. Le privé est un pauvre type, un laissé-pour-compte qui veut encore croire à l’existence, un raté absolu, un rêveur qui connaît suffisamment la profondeur de ses rêves pour les craindre, et duquel on ne peut que se sentir proche. Cette disposition à la rêverie qui peut à tout moment nous perdre, nous faire manquer la vraie vie est une superbe métaphore de notre existence menacée par les ornières de l’imaginaire, de nos espérances plus vastes que l’être qui les nourrit.
Le récit est à la mesure de cette métaphore flamboyante, toujours entre deux, entre l’histoire racontée et le précipice du rêve. Notre privé qui à Balylone détient la coupe du monde du meilleur détective est chargé dans la « vraie vie » par une blonde, qui voyage en limousine avec chauffeur et qui enfile bière sur bière sans jamais uriner, de voler le cadavre d’une prostituée à la morgue. Mais d’autres sbires ont été chargés par la même mystérieuse employeuse du même délicat travail, si bien que tout le monde cherche le cadavre de la belle prostituée, ce qui donne un burlesque à la chose qui m’a fait penser aux films de Georges Lautner des années 60 dialogués par Audiard, avec Blier et Ventura.

On ne saura pas ici le fin mot de cette histoire qui flirte avec la nécrophilie. A noter que le récit se déroule en 42 à San Francisco et que l’infortuné narrateur qui s’est fait réformer pour s’être fait tirer dans le cul a mal débuté dans la vie : à l’âge de 4 ans, il fut involontairement à l’origine du décès de son père. Au bout du compte, Brautigan parvient à nous faire oublier tout ce noir de fond et à nous faire passer un moment des plus agréables où on rit souvent, où on s’émeut, où on se surprend à rêver qu’on est ce piètre privé qui rêve un peu trop à Babylone.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 20 novembre 2004


Un bouquin formidable 10 étoiles

L’habitude bien établie chez les amateurs de Richard Brautigan est de mépriser « Un privé à Babylone », qui ne serait pas à la hauteur de ses autres romans.
Je ne partage pas du tout ce point de vue. Grande amateur de polars d’un côté et de Brautigan de l’autre, j’ai ADORE ce livre ; et, moi qui suis avare d’étoiles, je n’hésite pas à lui en offrir 5.
Je ne partage pourtant pas l’avis de Fabio, ci-dessus. Cette histoire, lue il y a des années déjà, n’a jamais disparu de ma mémoire. Je suis toujours sous le charme de son poétique privé et les images (spécialité de Brautigan) que ce livre m’a apportées sont toujours dans mon esprit. Ecoutez ça : « Toujours aussi humide et dégoûtant, mon appartement. Ca ne s’était pas arrangé pendant mon absence. Un vrai cul-de-basse-fosse. Bon dieu, comment je faisais pour vivre comme ça ? Ca avait quelque chose d’effrayant. J’ai enjambé un certain nombre d’objets non identifiés qui se trouvaient par terre. J’ai fait exprès de ne pas trop les regarder. Je ne tenais pas à savoir ce que c’était. J’ai également évité de regarder mon lit. Mon lit ressemblait à quelque chose qui aurait dû se trouver dans la section des fous dangereux d’un asile psychiatrique. »
Vous avez l’image, vous avez l’idée, et le décalage. Vous êtes dans l’histoire, mieux vous êtes dans la peau du privé. Et je ne dirais pas que le style est sans autre ambition que de manier la simplicité. Je le trouve au contraire extrêmement efficace, percutant et juste.
Vous devriez lire, si ce n’est déjà fait. Vous allez vous régaler. Je l’ai déjà lu plusieurs fois. Moi, quand j’aime…

Sibylline - Normandie - 74 ans - 29 juin 2004