Cachalot
de Daniel Galera (Scénario), Rafael Coutinho (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 26 mars 2015
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Les bizarreries de l'être humain
Dans ce roman graphique, six personnages, empreints de mélancolie, vivent des moments forts. Les deux artistes se focalisent sur des moments intenses de ces personnages, des instants où parfois tout bascule. Il y a Xu, ce comédien chinois à la carrière remplie soupçonné d'avoir tué Jia, un jeune homme qui aime ligoter des femmes pour leur faire l'amour, Hermès, un sculpteur qui a un rapport assez étrange avec le réel ... Ces personnages s'entrecroisent, se lâchent, goûtent aux joies du sexe, se montrent violents parfois. C'est une photographie d'un monde qui se délite et qui ne brille pas comme on aurait pu l'imaginer sous le soleil brésilien.

Ce roman graphique est une véritable collaboration entre Daniel Galera, écrivain et Rafael Coutinho, le dessinateur. Ils ne se sont pas réparti les tâches, mais ont réellement travaillé ensemble. Le dessinateur a participé au texte et inversement. Les dessins sont en noir et blanc et l'on se laisse vite emporter par la force des vignettes, même si parfois les personnages sont au calme. Le dessinateur opte pour un dessin réaliste ( personnage qui urine, gueule de bois, personnage qui se gratte la fesse ... ) et parfois choisit des dessins dont l'angle ou le motif frappent le regard ( la scène du cachalot échoué ... ). Les personnages pleurent parfois et l'on ressent tout le tragique de la condition humaine et certains passages amusent, comme la vie en fait.

Il faut tout de même rester attentif, on passe d'un personnage à l'autre et l'on s'interroge parfois sur le chemin que prend le roman graphique, chemin pas toujours limpide. Il n'y a pas une seule intrigue, pas de péripéties marquantes. On s'interroge souvent sur le but de telle ou telle scène, cela peut décontenancer. L'atmosphère décrite dans ce roman graphique est prenante et même s'il ne se passe pas toujours grand-chose, on éprouve le besoin de poursuivre la lecture et de descendre dans les abysses de l'être humain. Il y a une dimension psychologique assez intéressante. La majeure partie de la bande dessinée se déroule au Brésil, mais ce n'est pas pour autant une vision fidèle de cette population qui est donnée. Au contraire, tout être humain pourrait s'y retrouver.

Un roman graphique qui intrigue et offre un reflet singulier de l'être humain.