Karpathia de Mathias Menegoz

Karpathia de Mathias Menegoz

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ludmilla, le 22 mars 2015 (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 298ème position).
Visites : 3 488 

De Vienne à la Transylvanie

En 1833, le capitaine hongrois Alexander Korvanyi épouse une autrichienne, Cara von Amprecht. Alexander est aussi le comte Korvanyi, propriétaire d’immenses domaines en Transylvanie, domaines où aucun Korvanyi n’a mis les pieds depuis la sanglante révolte des serfs valaques de 1784.
Alexander et Cara vont passer de l’Autriche « civilisée » à la Transylvanie féodale, les serfs, comme les terres appartenant au seigneur. De plus, les villages sont valaques, magyars ou saxons, avec des religions et des règles différentes…

Si aucun des personnages, ni les « nobles » Alexander et Cara, ni les serfs, ni les forestiers (dont je vous laisse découvrir le rôle) ne sont des personnages attachants, je me suis laissée prendre par ce roman dans lequel des évènements de plus en plus dramatiques se succèdent, aggravés par la rigidité et l’orgueil du comte Korvanyi, les rivalités féodales, l’influence des croyances ancestrales…

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Karpathia

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 26 novembre 2017

Mathias Menegoz signe son premier roman chez POL (spécialiste des livres "marathons").
Voici donc un pavé décrivant l'histoire d'un Comte hongrois qui décide de retourner sur ses terres en Transylvanie (jusque là confiées à un régisseur).
1833, la philosophie des Lumières n'a pas traversé les frontières, le domaine d'Alexander Korvanyi est toujours sous le régime féodal.
Peuplé par des groupes qui se supportent à peine ; chaque clan ayant sa religion, sa langue, sa culture et ses lois propres. Et puis les haines anciennes, les conflits non résolus, les jalousies...
Ce coin du bout du monde est décidément une bombe à retardement.

Là j'ai le sentiment que l'auteur a géré parfaitement son sujet. Les acteurs sont impersonnels, ils sont là pour la forme et restent presque lointains.
Les sentiments sont décrits avec un minimum de détail... l'important c'est cette poudrière où tout est prétexte à l'explosion.
Le texte est haletant, les descriptions minutieuses : on s'y croirait.
A mon avis la fin méritait mieux mais il n'en demeure pas moins un oeuvre intéressante qui se lit avec intérêt.

Des montagnes de cendre et de corps

9 étoiles

Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 38 ans) - 8 juin 2017

Premier roman du français Mathias Menegoz, "Karpathia" est une oeuvre extrêmement atypique qui impressionne rapidement par son souffle épique et son style très 19ième siècle. L'écriture est classique, descriptive et soignée. En entrevue, l'auteur avoue vouloir s'éloigner le plus possible du "nombrilisme de la littérature française" et ne se gêne pas de dénigrer l'autofiction. La singularité de son projet littéraire n'est donc pas une surprise.

Le roman nous emmène en Transylvanie de 1833, dans un contexte politique bouillant où les Hongrois, les Saxons et les Roumains cohabitent avec difficulté. Le jeune comte Alexander Korvanyi, ayant tout juste repris possession de ses terres familiales, tente d'asseoir son autorité face à ses serfs qui le craignent et le haïssent. Des enfants se mettent à disparaître. Une jeune hongroise est violée et trouve refuge au château. La poudrière prend feu, les peuples se blâment entre eux, alors qu'en coulisse une mystérieuse révolte se prépare contre le comte...

"Karpathia" est une oeuvre violente, d'un réalisme sans compromis. Menegoz ne se complaît pas dans la description interminable d'événements barbares, mais il n'hésite pas à présenter les choses telles qu'elles sont. Le style n'est pas sans lourdeurs mais se marie bien avec le contexte du récit. La difficulté de "Karpathia" viendra peut-être du fait qu'il n'y a personne à qui s'identifier, que tous les personnages paraissent méprisables, impétueux et égoïstes. Il s'agit malgré tout d'un roman marquant, l'un des meilleurs que j'aie lus depuis un bon bout de temps.

Fascinant !

9 étoiles

Critique de DE GOUGE (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 67 ans) - 13 février 2016

Après un monde autrichien en mouvement (quelle étonnante liberté de mœurs accordée aux femmes !) avec une description minutée d'un duel et le sentiment d'inanité qui s'en dégage, on accompagne un jeune couple noble vers les confins de la Transylvanie et c'est une plongée fascinante vers un monde clos, soumis à la servitude, à une superstition moyenâgeuse, au choc culturel entre deux mondes : celui de ce jeune couple plein de morgue et de certitudes et celui du quotidien de cet autre univers où la misère et la soumission règnent en maitre.
Tandis que le couple se cherche dans une violence de sentiments destructeurs, les fils d'une sourde angoisse se tisse et nous entraine dans une fin inéluctable dont tous sortent plus ou moins brisés.
On n'a de l'empathie pour personne pourtant ce livre est plein de trésors d'écriture d'une part, de découvertes d'une société déconcertante à souhait.
L’auteur est étonnamment cultivé et sait nous embarquer dans une lame de fond dont on ressort sonné mais plus riche.
De la belle ouvrage !

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