Dans un monde imaginaire, le comte de la Pérue, après une très longue traversée sur l’océan à la recherche de terres lointaines, revient sans s’en apercevoir, avec sa flotte décimée, à son point de départ, le royaume de Ponduche. Cela fait bien rire le roi, Irénée le Magnanime, qui a financé l’expédition. Mais il pardonne à son officier, car depuis plusieurs mois les boussoles ont, au sens propre, perdu le nord. Le comte de la Pérue découvrira bientôt que la nouvelle fiancée du roi, la sulfureuse Manie Ganza, n’y est sans doute pas étrangère...
Assiste-t-on à la naissance d’une de ces séries qui vont marquer durablement la bande-dessinée ? À la lecture de ce premier album, tout porte à le croire en tout cas, tant l’univers imaginé par Wilfrid Lupano et Jean-Baptiste Andreae est riche d’inventivité. Les aventuriers du temps perdu met en place ce qui restera, on peut l’imaginer, le fil rouge de la série : les questions sur le temps (l’immortalité et le rapport à la mort) et l’espace (avec la perte du nord). L’album nous permet aussi de découvrir les personnages principaux, en particulier la très belle Manie Ganza, qui fait tourner la tête aux hommes et cherche à échapper à la vieillesse, accompagnée de son inquiétante bande de saugres, des marionnettes dotées d'une âme humaine (sans doute une des créations les plus fortes et les plus mystérieuses du récit).
Le magnifique dessin de Andreae, quant à lui, nerveux et léché, donne une ambiance oscillant entre le merveilleux et l’horrifique, servi par des dialogues riches en humour et en second degré.
Fanou03 - * - 49 ans - 27 mars 2015 |