Goethe se mheurt
de Thomas Bernhard

critiqué par Dirlandaise, le 20 mars 2015
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
L'Autriche, la famille et Goethe
Recueil de quatre nouvelles sur des thèmes particulièrement chers à l’auteur : la famille, l’Autriche, la littérature. La première de ces nouvelles raconte les derniers jours de Goethe et son obsession de faire venir à son chevet Wittgenstein dont il apprécie la pensée et considère comme son successeur philosophique. Ensuite, dans « Retrouvailles », le narrateur rencontre un ami de jeunesse et l’entretient de la façon dont leurs parents respectifs les ont détruits peu à peu à coup de reproches et de culpabilité lorsqu’ils étaient enfants. Dans « Parti en fumée », le narrateur écrit une lettre à un vieil ami et lui raconte son rêve d’une Autriche dévastée par les flammes. « Montaigne » est un hommage à la littérature et en particulier aux philosophes lus par l’auteur dans sa jeunesse.

Ces quatre nouvelles rassemblent les thèmes principaux constituant l’œuvre de Thomas Bernhard. Elles ont été réunies dans ce recueil à la demande de l’auteur. Donc, si vous voulez aborder l’œuvre de ce grand écrivain autrichien, ce recueil constitue une bonne entrée en matière.

Comme à l’accoutumée, l’auteur râle sur tout et sur tout le monde : ses parents qu’il déteste, l’Autriche et les Autrichiens, sa maison d’enfance qu’il considère comme une tombe, un cachot dont il faut s’évader à tout prix sous peine d’asphyxie. J’aime beaucoup cet écrivain même si parfois je trouve qu’il exagère et ne voit que le mauvais côté des choses. Sa prose est merveilleuse, d’une lecture agréable et toute en fluidité. Quelle qualité littéraire ! Il m’est fort sympathique malgré son caractère irascible. Sa lucidité est parfois confondante et toujours d’une intransigeante cruauté, ses textes toujours intéressants et touchants. La nouvelle que j’ai préférée est « Retrouvailles ». Le narrateur décrit impitoyablement ses parents et leurs travers.

« Car tous les matins, nous sommes obligés de nous rappeler que nous sommes le fruit de la terrible démesure de nos parents, qui nous ont engendrés dans une véritable mégalomanie procréatrice, nous jetant dans ce monde toujours plus atroce et répugnant que réjouissant et utile. Nous devons notre désarroi à nos géniteurs, notre impuissance, toutes les difficultés auxquelles, jusqu’à la fin de nos jours, nous sommes incapables de faire face. »