La Cathédrale
de Joris-Karl Huysmans

critiqué par Bookivore, le 19 mars 2015
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Visite guidée
Dans "En Route", Durtal, alter-ego littéraire de Joris-Karl Huysmans, redécouvrait, douloureusement (il était frappé de flashbacks violents concernant ses errances plus ou moins satanistes passées, narrées dans "Là-Bas"), la foi, en se consacrant à l'écoute de chants religieux, et en se rendant dans un couvent de Trappistes bénédictins, pendant une semaine, en retraite spirituelle.

Cette retraite sera vraiment une révélation pour lui, et dans ce roman paru en 1898, Huysmans raconte la suite des 'aventures' de Durtal, alias lui-même (Huysmans a vraiment redécouvert la religion catholique vers la fin de sa vie, s'étant fait oblat). Ce roman s'appelle "La Cathédrale", il est aujourd'hui assez difficile à trouver (contrairement à "En Route", et de même que pour "L'Oblat" qui est le dernier volet du "Roman De Durtal", il n'a pas été réédité en poche depuis belle lurette), et il se passe intégralement à Chartres, où Durtal et son ami et confesseur, l'abbé Gévresin, se sont installés.

Amoureux fou de l'art religieux, Durtal est aux anges, si l'on peut dire, en découvrant la magnifique, magistrale cathédrale Notre-Dame de Chartres, laquelle cathédrale, une des plus imposantes d'Europe, est indéniablement le personnage principal de ce roman très intérieur, riche en monologues, et en longs débats/dialogues. Il paraît qu'autrefois, une édition avec index de ce roman servait souvent de guide de visite de la cathédrale, il faut dire que Huysmans la décrit à merveille, presque du 'pierre par pierre' ! Entre les énumérations des différentes oeuvres d'art qui s'y trouvent (sculptures, vitraux, piliers sculptés, tableaux...), l'histoire même de la cathédrale, et les hésitations intérieures de Durtal (il hésite à entrer à Solesmes, un couvent de bénédictins, comme oblat, autrement dit, moine laïc, civil), ce roman est la suite directe, donc, et le digne successeur qui plus est, de "En Route", et une nouvelle pièce maîtresse dans la décidément remarquable, quasiment sans-fautes, oeuvre de Huysmans.

Bref, immense comme la cathédrale, donc. Mais 490 pages (mon édition Livre De Poche de 1964), faut s'accrocher, surtout qu'il n'y à que 16 chapitres faisant gentiment leurs 30/35 pages comme des grands.
Dieu que c'est beau ! 10 étoiles

Il s'agit du premier livre que je lis de Huysmans.
Son nom ne m'était pas inconnu, je me souviens de ce patronyme auquel Houellebecq faisait allusion dans son roman Soumission, que j'avais adoré.
Puis plus rien, jusqu'à ce que mes lectures catholiques évoquent souvent Huysmans et Bloy.
Possédant l'intégrale de ses écrits j'ai décidé de commencer par ce roman.
Pourquoi ? Je l'ignore, peut-être un vague écho aux actualités concernant Notre-Dame.
Egalement un roman de Vincenot, qui je suppose a lu ce roman, qui évoque le mystère des cathédrales.
Dans ce roman Huysmans fait parler son héros qui semble être récurrent, Durtal, qui découvre la cathédrale de Chartres.
Son architecture, son symbolisme font le cœur du roman.
Chaque détail de l'édifice est passé au crible de la culture de Huysmans, d'abord l'architecture, puis le transept, la nef, les ailes, la toiture, les piliers, l'autel et bien sûr les statues.
Tout est défini, contextualisé, précisé avec érudition et finesse.
J'ai pu lire certaines critiques qui mentionnent un certain essoufflement durant la lecture, cela ne m'est pas arrivé.
Le style de l'auteur est impeccable, c'est de la belle et grande littérature.
Cependant ce n'est pas roman facile, il fait plus de 600 pages.
Pas facile ne veut pas dire difficile mais qu'il faut le prendre comme un ouvrage de culture et érudition, on ne peut pas balayer l'histoire d'un tel monument sans y consacrer de longs chapitres.
Moi qui suis curieux des monuments et de leur symbolisme j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt.
C'est dense, Huysmans possédait une grande culture chrétienne et nous révèle des secrets sur ces cathédrales qui parsèment le pays et l'Europe.
Le vocabulaire est riche. Possédant la version électronique il suffit de cliquer sur un mot pour avoir la définition, c'est très pratique.
C'est un beau voyage au cœur de la Beauce, au cœur du christianisme, au cœur de la dévotion à la Vierge Marie.
Ceux qui veulent parfaire leur connaissance sur le christianisme et son architecture seront comblés.
L'ouvrage est mâtiné de la quête spirituelle du principal protagoniste qui s'interroge sur son destin religieux.
Les dialogues mystiques avec les prêtres sont savoureux.
Je recommande.
A noter que la version électronique ne comporte pas de coquilles ce qui est malheureusement très souvent le cas avec ce format.

Maranatha - - 52 ans - 24 mai 2019