Vendredi soir
de Emmanuèle Bernheim

critiqué par Sorcius, le 13 janvier 2004
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Un fantasme
C'est vendredi soir et demain, Laura emménage chez son amant. Elle regarde autour d'elle ; l'appartement semble déjà vide, les derniers paquets sont prêts et les déménageurs arriveront tôt samedi matin.
Ses sentiments sont mitigés. D'un côté, elle est heureuse, puisqu'une nouvelle vie avec son amour commencera dans quelques heures. D'un autre côté, elle a peur. Qu'est-ce qui l'attend ? Bien sûr, elle est amoureuse et ravie d'emménager dans un grand appartement avec l'homme de sa vie, mais sa liberté ? Et son indépendance ? Et puis, l'amour résistera-t-il au quotidien ? Et en plus, elle est vraiment épuisée.
Pourtant, elle doit se rendre chez des amis pour dîner et elle n'est déjà pas en avance. Elle prend sa voiture et s'engage dans les embouteillages de Paris. Sauf que ce soir, ces embouteillages sont vraiment épouvantables. Elle se retrouve à l'arrêt. Et décide de prendre un auto-stoppeur.
Il sent bon, est plutôt cool et peu à peu, les embouteillages aidant, ils discutent de choses et d'autres.
Elle s'arrête à côté d'une cabine téléphonique pour prévenir ses amis de son retard, et pendant ce temps-là, l'auto-stoppeur part avec sa voiture.
Elle n'en revient pas ; comment a-t-elle pu être aussi idiote ! Cependant, la voiture revient ; il était seulement parti faire demi-tour !
Mais le doute la ronge et puis la culpabilité aussi…
Finalement, d'hésitations en décisions, de réflexions en pulsions, elle passera la nuit avec l'auto-stoppeur, dans un hôtel sinistre.
Ce roman très court est comme l'histoire d'un fantasme, avec toutes les questions qu'il peut engendrer.
L'auteur nous a pondu ici un petit livre condensé, où les atmosphères sont très importantes. Elle nous fait vivre cette dernière nuit de "célibat" comme si nous y étions. Enfin, en tant que femme bien sûr. Je ne sais pas si un homme trouvera la même ambiance !
Pas mal du tout, même si, personnellement, ce n'est pas mon fantasme…
La permission du vendredi soir 7 étoiles

Ce n'était pas un vendredi soir. C'était une fin d'après-midi lorsque le manteau noir commence à envelopper la ville. Je ne me souviens plus du jour mais toujours est-il au moment de rejoindre la file d'attente de la caisse d'un supermarché, me voilà nez à nez avec un présentoir où deux ou trois livres s'étaient incrustés parmi les nombreuses boîtes à pastilles rafraîchissantes.
Allez donc savoir, j'ai été attirée par la couverture de Vendredi soir qui, entre nous, n'a rien d'extraordinaire. Un ciel bleu nuit, une lune bien pleine, des étoiles et des bâtiments d'un noir intense où sur l'un deux est écrit en rouge vermeil le mot "hôtel". Pourtant ce petit décor me rappelait quelque chose de familier. Ni une ni deux, voilà le livre d'Emmanuèle Bernheim dans mon charriot. Puis dans mon lit le soir même.
Comme l'a expliqué Sorcius,c'est l'histoire d'une liaison le temps d'une nuit entre deux inconnus. Quelques heures où le trac, l'impossibilité de choisir laissent place au plaisir du moment. Une nuit, c'est court. Du coup, Emmanuèle Bernheim n'assomme pas son lecteur avec des mots à foison. Les phrases sont davantage brèves que longues, les retours à la ligne sont nombreux donnant ainsi du rythme à la narration. Des va-et-vient littéraires et sexuels. On lit d'une traite ce petit ouvrage avec toujours en tête que ce scénario a été porté à l'écran. Je n'ai pas vu le film mais j'avais souvenir du conducteur, Vincent Lindon. En revanche, pas moyen de mettre un visage sur la jeune femme.

Ce n'est pas vendredi soir mais samedi soir. Et après avoir jeté un oeil sur Internet, je découvre que c'est Valérie Lemercier qui interprétait Laure. J'ai quelques difficultés à l'imaginer dans ce rôle. Et plus particulièrement, je ne l'imagine pas à faire cela : "Pour la dernière fois, elle aspira son odeur. Puis elle attrapa son manteau et son sac, et quitta leur chambre.
Arrivée en bas de l'escalier, elle se sentit mal. Ses oreilles bourdonnaient. Elle étouffait.
Elle s'aperçut soudain qu'elle n'avait toujours pas expiré.
Elle avait retenu son souffle.
Alors ses lèvres s'entrouvrirent et, peu à peu, le plus lentement possible, elles laissèrent s'échapper l'odeur de Frédéric."

Un petit moment de lecture bien sympathique même si l'originalité n'est pas au rendez-vous puisqu'on sait que ces grèves de 95 ont permis à certaines et à certains de rencontrer l'âme soeur, de sympathiser avec son voisin ou son collègue de bureau et de s'entraider avec autrui le temps d'un trajet.

Nomade - - 12 ans - 13 décembre 2009


Pour tuer le temps un lundi soir 1 étoiles

Écriture intéressante, l'histoire l’est beaucoup moins. J'ai lu des nouvelles érotiques meilleures que ça sur Internet, écrites par des amateurs. En ouvrant ce livre, mes attentes n’étaient pas hautes, alors je n’ai pas été déçue, mais je n’ai pas été satisfaite non plus.

Nance - - - ans - 4 novembre 2008


De l'amour 6 étoiles

Ce petit livre est de ceux que j'emprunte dans les bibliothèques, que je n'achèterais pas. Pourtant, et bien malgré moi, j'ai aimé les phrases courtes d'Emmanuelle Bernheim, lestées d'un sens bien plus lourd qu'il n'y paraît.
L'héroïne se trouve dans un endroit clos (sa voiture), elle est sur le point de clore tout un pan de sa vie et manifestement elle considère que la vie qu'elle se prépare à vivre sera bien close aussi.
C'est le triste constant d'un mauvais choix, sans plus. Elle vit le moment magique où il est encore possible de tout changer.
Si je suis d'accord avec Libris québecis pour dire que c'est un roman très actuel, je ne suis pas d'accord du tout avec lui lorsqu'il dit que ce roman montre combien il est facile aujourd'hui d'avoir des relations sexuelles avec le premier venu. Tout est dans la tête, cher monsieur, aujourd'hui comme hier les relations sexuelles ont été choses aisées à réaliser, rien de plus simple, mais avec quels mots faut-il rappeler que l'amour est une évidence, rien de plus, rien de moins et qui ne supporte aucune comparaison et pas vraiment une autre étreinte.

Maria-rosa - Liège - 69 ans - 31 janvier 2005


tout 10 étoiles

il faut tout lire de cet auteur
j'ai lu tous ses livres et ils sont tous de la même veine, phrases courtes, simples qui mènent à l'essentiel.
chaque livre ne dépasse pas 100 ou 120 pages mais on est embarqué à chaque fois dans un univers, pas besoin de 500 pages.

j'aime ces petits livres que l'on prend pour un court moment de lecture et qui laissent une trace indélébile dans la mémoire....

Clementine - - 56 ans - 31 janvier 2005


qui est qui? 7 étoiles

C'est le premier livre d'Emmanuèle Bernheim que j'ai découvert. J'ai tout de suite été séduite par sa ponctuation, ses phrases très courtes, brèves comme une respiration qui s'accelère.

Des questions on s'en pose tout le temps au fil des pages. Car si l'histoire de Laura commence par le bonheur d'emménager avec l'homme de sa vie, elle ne s'en pose pas moins des questions sur ce que va devenir leur couple, leur vie à 2.

Et ça continue avec des reflexions sur l'amour, l'engagement et leur signification.

Mais malgrè cette atmosphère très pesante, on arrive à ressentir autant du plaisir que de la peur. Les sentiments de Laura sont si bien exposés que le lecteur peut arriver à comprendre ses actes et peut être à la juger moins durement.

C'est une auteure à découvrir qui ne laisse pas indifférent celui qui la lit.

Aamelie - chartres - 44 ans - 31 janvier 2005


Pour le plaisir de sa faire sauter 5 étoiles

Roman très actuel. Au hasard d'une rencontre, on se retrouve dans un lit. Le seul mérite du roman, c'est de montrer comment il est facile aujourd'hui d'avoir des relations sexuelles avec un inconnu même la veille de son mariage. Le partenaire profite de toutes les occasions même en emmenant manger son amante d'un soir au restaurant, où il ne se privera pas d'une petite fornication dans les wc avec une cliente. Deux femmes pour le prix d'une.

Roman d'une grande pauvreté. L'auteure, une habile conteuse, se contente de décrire une action qui ne déborde pas le cadre étroit dans lequel elle s'inscrit. Les gros appétits devront aller voir ailleurs. En définitive, c'est un roman qui traduit notre médiocrité. Pour ça, on peut le considérer comme un révélateur de ce que la vie est devenue : un univers d'inconscience aiguë.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 15 janvier 2004