Conversations avec François Mitterrand
de Edouard Balladur

critiqué par Colen8, le 8 mars 2015
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Chronique d’une défaite à la présidentielle
L’action se passe entre 1993 et 1995 pendant la cohabitation à la tête de l’Etat. Les conversations en question se limitent aux échanges essentiels avant les conseils de ministres hebdomadaires, parfois à l’occasion de sommets européens ou du G7, et d’autres rencontres préétablies entre eux deux. Rien de spectaculaire, des anecdotes banales, quelques propos volontairement déstabilisateurs et en même temps courtois, chacun tenant à faire respecter l’intégralité de ses prérogatives. La maladie du Président évoquée au fil des pages ne donne lieu à aucune révélation. Comme la plupart des dirigeants politiques Edouard Balladur tient à laisser sa trace, à donner sa version, à préciser ses intentions, à indiquer sa perception d’une situation pas toujours conforme aux commentaires des observateurs, journalistes en tête.
L’élection présidentielle de 1995 aiguise tous les appétits. Au fil des pages il évoque sans détour la rivalité aiguë d’un Chirac jaloux de la popularité dans les sondages du Premier Ministre. Ouvertement le président du RPR et candidat de fait à la présidentielle n’hésitera pas à activer la fronde d’une partie de son groupe contre le gouvernement. L’empêcher de réussir devient une nécessité pour conserver toutes ses chances à cette élection à venir. La critique facile, la majorité tempère son soutien sur toutes sortes de questions allant de la construction européenne au libéralisme économique. L’animosité de Giscard d’Estaing président du groupe UDF n’est pas moindre pendant que Mitterrand miné par la maladie ne cache plus son amertume de devoir quitter la scène.
Plus intéressantes sont les réflexions personnelles d’Edouard Balladur sur l’exercice du pouvoir, sur les manigances indispensables à ceux qui veulent en atteindre le sommet, sur l’analyse de sa défaite. Presque à chacune des précédentes élections présidentielles, l’un des candidats favoris s’est trouvé éliminé par une partie de son camp préférant, même si c’est au détriment de l’intérêt général, s’ouvrir la voie de l’élection suivante en favorisant en sous-main les réels adversaires politiques. Qu’en reste-t-il vingt ans plus tard ?