Un tel concentré de suffisance laisse pantois. Cet ouvrage m'aura tour à tour étonné, intrigué, irrité, jusqu'à atteindre un niveau rare d'exaspération sur la fin.
M Dantec livre ici une espèce de recueil de notes qui aurait pu donner naissance à ce qu'on aurait pu appeler un essai. Mais ce n'est pas tellement la forme bordélique que le message véhiculé et son absence d'argumentation qui m'emmerde. Même si ça part dans tout les sens, il me semble que l'idée maîtresse du livre est que Dantec considère que la civilisation est en gros arrivée à sa fin, au moment où elle s'autodétruit et où elle doit par décence s'autodétruire. Le pseudo développement de la civilisation a atteint sa quintessence vers la moitié du XXe siècle avec l'holocauste, la Bombe et les goulags, suites logiques des "avancées" de la "pensée" humaine, et non antithèses comme on s'efforce de le prétendre.
Ce qui est agaçant, ce n'est pas tellement le message : après tout je ne suis pas le dernier pour critiquer les "valeurs" véhiculées par la civilisation actuelle, mais plutôt le fait que ce journal-essai-ébauche a l'air d'un acte gratuit qui ne donne que très peu de pistes sur ce qu'il convient de faire (en supposant que Dantec estime qu'il y ait encore quelque chose à faire).
Que préconise-t-il donc ? D'oser appliquer les récentes découvertes scientifiques à la pensée humaine. Ca nous vaut un indigeste gloubi-boulga sur la physique quantique, les découvertes liées au cerveau humain, la génétique, avec vocabulaire à l'avenant ("saut quantique", "entropie", "saut disjonctif"...)
S'il y a quelque chose qui semble vraiment avoir disjonsté, c'est le cerveau de Dantec. Il avoue lui même avoir recours aux champignons hallucinogènes et aux susbstances psychotropes pour faciliter son travail, et c'est vrai qu'on en voit clairement les effets ici ! Petit bémol tout de même à ce sujet, le style qui ne se met même pas au diapason du délire ambiant mais reste finalement très "normal", même si on peut reconnaître qu'il a atteint ce dont il se réclame : l'efficacité tranchante de la lame.
Je me demande bien ce que les événements du 11 septembre lui ont inspiré sur la fin de la civilisation, mais je n'ai pas le courage d'affronter de nouvelles pages aussi gavantes. Le tome suivant restera sur les étagères du libraire.
B1p - - 51 ans - 3 février 2004 |