L'ours qui a vu l'homme : Rencontres avec la bête dans les récits d'exploration de la nuit des temps à nos jours
de Charlie Buffet

critiqué par Radetsky, le 25 février 2015
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Histoires d'un être libre
Charlie Buffet est journaliste et écrivain, auteur d’histoires naturelles, mêlant voyages, observations, récits d’aventures ayant pour cadre la montagne, les grands espaces et la nature d’une manière générale.
C’est ici une tentative de restituer dans leur variété les rapports réels ou mythiques des êtres humains avec l’un des symboles les plus forts d’une certaine image que nous nous faisons de la liberté, avec ses contraintes, ses richesses et ses contradictions.
C’est aussi le constat d’échec, jusqu’à aujourd’hui, à établir un lien avec un être qui, justement, récuse toute attitude de dépendance à l’égard de qui que ce soit, fût-il le mieux intentionné. Les meilleures intentions font la plupart du temps fausse route, tant l’humain est empêtré dans les antagonismes dont il nourrit et cultive ses propres désirs d'où la violence inconsciente ou non n'est jamais absente.
Récits de chaman, de chasseurs invétérés, de voyageurs, d'explorateurs, de journalistes, d’ethnologues ou d’historiens des civilisations, composent une rétrospective riche d’introspections d’où nous ne sortons ni honorés ni indemnes. Le regard que nous échangeons parfois avec l’ours, quelle que soit sa couleur ou son habitat est chargé de malentendus. A chaque fois le bipède « intelligent » s’en retourne, « vainqueur » ou vaincu, à la tristesse pauvre de sa condition d’être tiraillé et ignorant qui, décidément, n’a rien compris… à moins que cette lecture ne le conduise à plus de sagesse.
Si le discours de Charlie Buffet fait appel à l’imaginaire dans le développement de ses réflexions sur la possible philosophie d’une vie débarrassée de l’artificiel, il n’en rapporte pas moins des faits réels tirés de témoignages authentiques.
Une belle leçon de « savoir vivre » administrée par cet être hautain, solitaire, d’humeur égale (mauvaise en général), indépendant et fier : l’ours. Comme quoi il est parfois utile et nécessaire de « faire la bête » afin de retrouver une dimension humaine.