François d'Assise selon Giotto
de Michel Feuillet

critiqué par Page , le 9 mars 2015
(Rennes - 36 ans)


La note: étoiles
Quelle vision catholique de Saint François d’Assise au XIIIe siècle ?
Voilà un ouvrage qui se donne comme objectif de montrer comme Giotto a interprété,par l’image, l’histoire de Saint-François. En fait ce n’est qu’aux marges qu’il a pu prendre des libertés d’expression car la personnalité de Saint François est alors bien sulfureuse. Giotto di Bondone est appelé, lors de la fin de dernière décennie du XIIIe siècle, à Assise par Fra Giovanni Minio da Morrovalle le général des Franciscains, pour y peindre la vie de saint François décédé un peu plus de soixante-dix ans auparavant. Giotto doit se tenir à l’histoire officielle, composée par le principal artisan de la rupture avec l’esprit de pauvreté à savoir, à savoir la "Legenda major" de saint Bonaventure écrite entre 1260 et 1263.

« Mais c’est sans compter sur le génie propre à Giotto qui s’affirme capable de faire sienne une vision de François authentique. En effet, Giotto construit un franciscanisme unique à la faveur de ses mentors, mais aussi en dépit de leur autorité. » (page 15)

On ne trouve pas ici l'histoire du loup de Gubbio, l’épisode la vie de notre saint le plus connu, du fait de l’abondance de l’iconographie en rapport, après la renonciation aux biens paternels. Ce texte, tiré a en effet été rédigé à l’origine en latin, sous le titre de "Actus Beati Francisci et Sociorum Eius" ("Les Actes du bienheureux François et ses compagnons") par Ugolino da Montegiorgio entre 1327 et 1340 puis traduit en langue vulgaire dans le dialecte toscan quelques années plus tard dans le chant XXI des "Fioretti di San Francesco".

"La guérison du blessé de Lerida", "Le miracle de la femme ressuscitée" et "La libération de Pierre d'Assise" sont des fresques de la basilique d'Assise traditionnellement attribuées au Maître de sainte Cécile. L’auteur s’oppose formellement à la non-attribution à Giotto de plus de 3 des 28 scènes, à l’opposé des historiens de l’art Bruno Zanardi et Federico Zeri qui voyaient en certaines circonstances la patte de Pietro Cavallini.

L’ouvrage étudie toujours très complètement, en partageant équitablement la part du texte et celle des images les fresques numéro 1 "L’hommage d’un simple", 2 "Le don du manteau", 4 "Le crucifix de Saint-Damien", 5 "La renonciation aux biens maternels", 6 " Le songe d’Innocent III", 7 " L’approbation de la règle par Innocent III", 10 " Les démons chassés d’Arezzo", 13 " La crèche de Greccio", 14 "Le miracle de la source", 15 " La prédication aux oiseaux", 16 " La mort du chevalier de Celano", 17 " La prédication devant Honorius III", 19 " Le miracle des stigmates", 23 " Les pleurs des clarisses".

Ce sont environ six pages qui sont consacrées à chaque fresque. Giotto a eu l’occasion de présenter Saint François dans d’autres œuvres, celles-ci sont également reproduites accompagnées d’un commentaire. Les habitués du Louvre pourront se réjouir que le retable de ce musée soit une des trois œuvres présentées, son contenu évoque "Le songe d’Innocent III", "L’approbation de la règle" et "La prédication aux oiseaux".

Cet ouvrage est abordable par toute personne d’un minimum culturel global, il est destiné à un large public et pas seulement aux passionnés de l’histoire de l’art. Il n’a qu’un défaut, à savoir l’absence d’une table des matières. Rappelons que si l’actuel pape s’appelle François, c’est par hommage à Saint François d’Assise, aussi n’est-il pas inutile de mieux connaître la vie de ce dernier, selon la tradition catholique, grâce à cet ouvrage.