L'éventail de Lady Windermere
de Oscar Wilde

critiqué par Sorcius, le 10 janvier 2004
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Une écriture lucide et acide
Oscar Wilde se plaît, une fois encore, à disséquer la bonne société londonienne de la fin du XIXe siècle, et nous offre ainsi une pièce tout simplement succulente, grâce à une vision lucide et piquante d'un monde où seules les apparences comptent et où tout ce qui se cache derrière est sans importance. C'est effrayant et ça en devient comique sous la plume acide de notre auteur.
Le rythme est soutenu et les personnages évoluent et parlent à une vitesse étourdissante.
Les dialogues rebondissent comme des balles de ping-pong, laissant derrière eux des pensées à méditer, des vérités tragi-comiques.

Lady Windermere est mariée depuis deux ans à un époux qu'elle aime et admire. Sa beauté n'a d'égale que son innocence et sa naïveté. Pour elle, le code social a valeur de loi et quiconque s'en éloigne est passible de la peine capitale, à savoir, l'exclusion de cette société si fermée.

Oscar Wilde possède un don pour décrire toute l'hypocrisie et la fausse moralité de ce monde à part, celui des riches et des nobles anglais qui semblent n'avoir d'autre soucis que de décider chez qui ils iront prendre le thé dans l'après-midi et quel muffin est le plus chic à servir.
Les hommes fument le cigare, boivent, fréquentent les clubs et se délassent auprès de leurs maîtresses.
Les femmes partagent leur temps, lors du thé de l'après-midi ou du bal du soir, entre les sourires aux uns et les médisances sur les autres, ces uns et ces autres étant souvent les mêmes!

C'est avec horreur que, le jour de son anniversaire, Lady Windermere apprend que son mari la trompe avec une certaine Mrs. Erlynne, une inconnue que tous les hommes trouvent charmante et que toutes les femmes, bien entendu, prononcent infréquentable.
Et, comble de l'humiliation, son mari la force à recevoir, lors du bal donné à l'occasion de son anniversaire, cette Mrs. Erlynne.

Mais la vérité n'est pas toujours ce que l'on croit et les situations se tournent et se retournent allégrement.

On apprécie chaque mot, chaque idée, chaque personnage. L'écriture d'Oscar Wilde est vraiment une merveille du genre et son regard sur ses pairs d'une lucidité pleine d'un humour bien noir.
Moins simple qu'il n'y paraît 8 étoiles

L’action de la pièce se déroule en moins de vingt-quatre heures. Lady Windermere fête ses 21 ans en donnant une réception mondaine. Cependant, elle apprend que son mari voit régulièrement en privé une femme de mauvaise réputation et qui lui verse de fortes sommes. Et de plus, il la force à l’invité à la soirée...

« LADY WINDERMERE. Arthur, si cette femme vient ici, je l'insulterai. [...]
LORD WINDERMERE. Mon enfant, si vous faisiez une chose pareille, il n'y a pas une femme à Londres qui ne vous prendrait en pitié.
LADY WINDERMERE. Il n'y a pas une femme vertueuse à Londres qui ne m'applaudirait pas. Nous avons fait preuve de trop de tolérance. Nous devons faire un exemple, je me propose de commencer ce soir. (Saisissant l'éventail.) Oui, vous m'avez donné cet éventail aujourd'hui, c'était votre cadeau d'anniversaire. Si cette femme franchit le seuil de ma maison, je m'en servirai pour la frapper au visage. »

Ni vraiment une comédie ou un drame (quoique parfois un peu mélodramatique ?), c’est léger et bon à lire.

Mais j’ai trouvé très ennuyeux que la quatrième couverture de mon édition (Folio théâtre, 67) révèle plusieurs points tournant importants de la pièce!! C’est une des raisons qui m’avaient découragé de la lire sur le coup et j’ai alors visionné le film A Good Woman (2004) à la place, avec Scarlett Johansson et Helen Hunt, que j’ai beaucoup aimé. Il y a une autre adaptation m’intéresse aussi, celle d’Otto Preminger en 1949, que j’aimerais bien voir un jour. Donc, quand j’ai lu la pièce, je connaissais déjà un peu l’histoire et ça m’a moins frustré. Mais aussi, mon édition avait beaucoup trop de notes. J’ai arrêté de les suivre en cours de route parce que ça me déconcentrait trop. Il y en a qui étaient superflues et je trouvais que le texte se suffisait à lui-même pour certaines.

Bon, mais j’ai quand même bien aimé la pièce. Belle psychologie des personnages, toute en nuances. Je n’ai jamais été réellement déçue par les oeuvres d’Oscar Wilde. Bien que je trouve qu’il y met souvent beaucoup trop d’aphorismes, je passe toujours un bon moment.

Nance - - - ans - 1 juillet 2011


Magnifique pièce 9 étoiles

On lit, on dévore, on rit, on est ému...
Vraiment génial, comme tout ce que fait cet auteur ! Toutes les répliques semblent être cultes.
A lire absolument, ainsi que toutes ses autres pièces.

Nouillade - - 33 ans - 2 janvier 2009


Mal juge 10 étoiles

Encore une fois Oscar Wilde met le doigt là où ça fait mal et... il appuie ! Fort. Très fort.

Ricanant de la haute société londonienne, où les commérages cassants volent de salon en salon, où les réputations se font et se détruisent entre deux gorgées de thé, il en profite pour s'attaquer aux petits secrets du mariage.

On lit, on juge et... patatras ! Lord Windermere, Lady Windermere, Mrs Erlynnne -personnage complexe- etc... personne n'est tel qu'on le croit ou a envie de le croire parce qu'ils veulent nous faire croire. Oups ! Vous êtes perdu ? Pas grave : un simple éventail clarifiera les choses...

Les masques vont tomber. Les petites lâchetés et hypocrisies du quotidien, pas forcément mauvaises d'ailleurs, seront cruellement exposées et, au final, le lecteur sera impressionné.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 23 octobre 2008