Le bourreau de Gaudi
de Aro Sáinz de la Maza

critiqué par Tanneguy, le 25 février 2015
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Barcelone, une réflexion ésotérique
Plus de 600 pages pour un "polar", cela fait réfléchir...Mais il ne faut pas se faire intimider : il y a autre chose qu'un polar classique dans ce volumineux ouvrage !

Certes l'intrigue habituelle est présente dès le début, un crime atroce, et pas de piste évidente ; l'enquêteur désigné est, paraît-il, exceptionnel mais en froid avec sa hiérarchie qu'il a souvent tendance à ignorer. Sa vie personnelle est désordonnée, on en parlera souvent. Une autre vedette de l'histoire, c'est la ville de Barcelone elle-même, le lecteur est invité à en parcourir les ruelles comme les palais. Enfin Gaudi, le génial architecte de la ville sera souvent mis à contribution !

Quelques personnages secondaires hauts en couleur apportent du piquant à l'histoire, en particulier une "sous-inspectrice" naturellement jeune et attirante qui est chargée de surveiller le héros, une juge tout aussi attirante qui protège l'enquêteur des méchants qui veulent entraver le travail de l'enquêteur. Bref il y a de quoi faire et le lecteur ne s'ennuie pas...

Cerise sur le gâteau, l'auteur nous expliquera par le menu les coïncidences entre les réalisations urbaines de Barcelone et les enseignements de la franc-maçonnerie ! Tout cela est écrit dans une langue simple et le récit n'est pas étouffé par les incessants retours en arrière trop souvent présents dans les ouvrages de cette nature
Une structure classique dans un contexte original 8 étoiles

Le titre et la quatrième de couverture évoquant une promenade dans Barcelone avec les constructions de Gaudi comme décor ont suscité ma motivation première pour cette lecture. Sur ce point je n'ai nullement été déçu. Lorsque l'on connaît un peu Barcelone, c'est un réel plaisir de traverser cette ville de se retrouver devant des maisons connues. Les images se succèdent, l'évasion est là. De plus, pour ma part, j'ai appris quelques petites choses sur Gaudi, notamment sur la disposition de ses constructions dans la ville.
Les descriptions sont évocatrices, pas inutilement longues, ce n'est nullement un guide touristique, elles sont idéalement dosées, pour dessiner le décor pour celui qui ne connaît pas, pour réactiver les souvenirs de celui qui est allé.
Une réussite sur ce point.

Pour ce qui est du côté polar, le caractère des personnages appartient à l'auteur. Dans ce roman, il a opté pour un inspecteur (Milo) alors sous le coup d'une mise à pied au début du roman car son arme de service a été utilisée par son neveu Marc pour se suicider. Milo en ressent une grande culpabilité (on le serait à moins), d'autant plus qu'il n'a pas perçu le mal être de son neveu.
S'ajoute à cela que les réussites de Milo dans son métier sont reconnues mais sa façon de travailler pas conventionnelle déplaît à sa hiérarchie et ce d'autant plus que la position est élevée dans cette pyramide. Dans ses enquêtes, Milo n'a en tête que de trouver le coupable et il ne cherche nullement à ménager les personnes pouvant être impliquées, quelle que soit leur position, ce qui lui a attiré nombre d'inimitiés de politiques qui ne font rien pour le soutenir.
La mort très particulière de la première victime fait que Milo est rappelé.
Le caractère tourmenté et imprévisible semblant parfois irrationnel sert parfaitement l'intrigue dont les rebondissements sont assez nombreux.
L'adjointe qui lui est associée est à son opposé et ensemble ils constituent un duo, ressort assez habituel dans les romans de diverses natures.
Les autres personnages, dont les victimes, sont bien dessinés
L'intrigue tient en haleine, la solution émerge petit à petit.

L'écriture est claire, précise, non pompeuse, ce qui rend la lecture agréable et aisée.

En conclusion, un roman de conception plutôt classique dans son déroulement et le choix des personnages mais solidement construit. S'ajoute à cela le décor qui est un plus réel. Enfin, pour beaucoup ce sera l'occasion de découvrir certains aspects des constructions de Gaudi.

Une réussite donc, sans temps morts.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 1 mars 2022