Les temps changent
de Zak

critiqué par Shelton, le 22 février 2015
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
une belle découverte !
L’humour du Flamand Zak, Jacques Moeraert de son vrai nom, n’était jamais arrivé jusqu’à moi. D’une part, il aurait fallu qu’il soit traduit et diffusé en France, et il ne le fut que tardivement en 2005 avec cet ouvrage Les temps changent, d’autre part, quand il le fut, c’est avec fort peu de publicité et dans un anonymat presque complet, donc, rien ne vint jusqu’à moi… Heureusement, les livres papier, les vrais, ont parfois la vie dure et ils ont une vie après les sorties en librairies. Le marché d’occasion, les soldes d’invendus, les achats de stock permettent à des ouvrages de trouver des lecteurs plusieurs années après leurs mises en devantures des gondoles de magasins. C’est ainsi qu’en 2015, dix ans après sa sortie, j’ai enfin lu Les temps changent et découvert Zak !

Même si Zak est un dessinateur de presse, même s’il est flamand, son dessin est avant tout un dessin narratif d’une pureté et d’une simplicité étonnante. Minimaliste, il raconte des scènes de la vie de ce début de vingtième-et-unième siècle, sans précaution, sans langue de bois ou autre politiquement correct. On est très loin des caricatures, ici, on est plus dans l’accompagnement des informations avec prises de recul, appropriation des faits par les êtres humains dans le but de nous faire réfléchir... L’efficacité est diabolique – ou divine, à vous de choisir – et j’avoue être tombé sous le charme dès le premier dessin…

Un vieux couple, dans la salle de séjour de l’appartement, et l’homme parle à celle qui semble bien être sa femme.
« Je n’ai tout de même pas rêvé ?! Après le 11 septembre le monde ne devait plus être le même ! »
Et elle répond, ou se parle à elle-même, allez savoir :
« Tu es trop crédule »

En lisant cela, j’ai immédiatement pensé à un certain esprit du 11 janvier… Oui, les faits se répètent et il n’est pas toujours facile de se faire une opinion précise des faits, de leurs conséquences… Alors, autant en rire, comme l’auraient fait aussi Cabu, Wolinski et les autres…

Plus de 80 dessins pour nous régaler, nous faire rire ou pleurer, réfléchir ou nous désespérer, et ce fut pour moi une belle découverte d’un auteur que je ne connaissais pas. Si vous êtes comme moi, alors n’hésitez pas, c’est de qualité !

Une belle occasion aussi de se réconcilier avec le dessin de presse pour tous ceux qui penseraient qu’il s’agit d’un art mineur qui doit juste distraire un peu les lecteurs de la presse quotidienne, enfin, du moins ceux qui continuent à la lire…