La disparition de Judas
de Andrea Camilleri

critiqué par DE GOUGE, le 20 février 2015
(Nantes - 68 ans)


La note:  étoiles
Du plaisir à chaque page !
Année 1890, tout un village de Sicile se rassemble pour voir un spectacle relatant la passion du Christ. Mais voila qu'à la fin du dit spectacle, l'honorable directeur de banque incarnant Judas, disparaît et ....chacun y va de sa propre interprétation !
Écrit exclusivement sous forme de lettres, documents administratifs, articles de presse, rapports de police, graffitis, ce livre est un petit miracle d'humour qui égratigne allègrement la société sicilienne.
Deux corps de police : carabiniers et agents de la Sécurité Publique qui se détestent cordialement recherchent la vérité auprès de curés intégristes, d'évêques emplis de componction, des politiciens véreux,d'une épouse éplorée, d'étrangers de passage, de mafieux plus vrais que nature,de journalistes de tous bords au verbiage incessant, de fonctionnaires besogneux, de paysans à la fois naïfs et matois, de vieux nobles décatis et du "petit peuple" curieux et insolent : tous sont passés au crible dans une avalanche de scènes pittoresques et superbement campées.
Le style bureaucratique de l'époque voisine avec des récits du cru, des maladresses grammaticales ou des épisodes transcrits dans un argot truculent, une emphase journalistique, des envolée religieuses et des théories pseudo-scientifiques : devant cette farce, magnifiquement construite, on est hilare et c'est un vrai régal de joyeuse gaudriole dans lequel le sérieux le plus strict se mélange à un humour des plus fins.
A lire et relire sans modération !
Amusant... 6 étoiles

Le livre est constitué comme un dossier d'historien, où l'on trouve toutes sortes de rapports administratifs, d'enquêteurs de base à leurs supérieurs, d'un journal officiel et d'une gazette d'opposition.

D'autres interventions politiques, familiales et autres interfèrent dans l'enquête qui se déroule en Sicile dès le 21 mars 1890, jour de la représentation annuelle des « Funérailles » où l'acteur jouant Judas doit être pendu.

Le comptable Antonio Pato incarne admirablement le rôle de Judas depuis cinq années, au point qu'on peut le confondre avec le traître apôtre.

Après la pendaison, il disparaît par la trappe prévue à cet effet. Mais voilà qu'il disparaît réellement.

Qu'est-il donc devenu ?

De nombreuses rumeurs et hypothèses ne tardent pas à circuler, et vont bon train.

Extrait :
... « … En un éclair s'est répandu dans tout Vigata le bruit que le comptable Antonio Pato depuis hier en fin d'après-midi, c'est à dire depuis qu'il a été précipité sous l'estrade, n'est plus réapparu à la surface ni comme Judas ni comme comptable... »...

Bonne idée de l'auteur que de nous présenter cet ouvrage comme un rassemblement de documents officiels de l'époque, bien qu'à la longue, on peut finir par se lasser du procédé...

Amusant, sans plus...

Henri Cachia - LILLE - 62 ans - 12 septembre 2018