Full Metal Bastos
de Guillaume Cazenave

critiqué par Ellane92, le 20 février 2015
(Boulogne-Billancourt - 49 ans)


La note:  étoiles
au paroxysme de la téléréalité !
"Attention mesdames et messieurs, dans un instant ça va commencer, installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment…
5, 4, 3, 2, 1, 0, partez, tous les projecteurs vont s'allumer, et tous les acteurs vont s'animer en même temps".
Oui mais voilà, dans le 115ème épisode d'Histwar, intitulé "Full Métal Bastos", les personnages ne sont pas des acteurs payés pour suivre un scénario, mais des "vrais gens" volontaires pour se faire la guerre dans un pays lointain. Le survivant sera bien sûr le gagnant.
Alors bien sûr, même si les téléspectateurs ne peuvent pas voter pour leur favori parce que les balles tirées sont de vraies balles, et que les bombes cachées explosent aussi bien la rue que les gens, ça ne les empêche pas d'avoir leur chouchou, à choisir entre le héros soldat américain, le traître, le fourbe Irlandais (celui-là n'est pas le chouchou de beaucoup de monde), la gamine maline et malingre…

J'ai beaucoup aimé cette courte nouvelle dans un futur pas si lointain de Guillaume Cazenave. Dans un univers très visuel (l'auteur est également co-fondateur d'une société de production audiovisuelle), très cohérent avec le sujet, l'auteur déroule la pelote de la téléréalité jusqu'à sa lie : après des gens qui vivent ensemble, qui s'aiment ou pas ensemble, qui vivent dans un château ou sur une île inhospitalière, qui chantent bien ou dansent encore mieux, etc… (désolée, je suis un peu "short" en terme d'émissions de téléréalité, je regarde peu la télé), passons à la vitesse supérieure avec les gens qui s'entretuent. Ça laisse présager des alliances temporaires, des trahisons, de l'inattendu et beaucoup d'actions. Sûr que ce type de programmation aurait du succès dans nos chaumières.
Pour dérouler son scénario, G. Cazenave explore les clichés et stéréotypes jusqu'à plus soif : le héros américain, chouchou d'une grande partie des fans, tout le monde le connait et le reconnait, il est sur toutes les affiches au cinéma (c'est vrai qu'ils se ressemblent un peu tous, non ?) ; les actions, elles, reprennent les codes du film d'action. Avec un humour noir caustique, on a l'impression que l'auteur se moque aussi bien des héros de sa téléréalité que de ceux derrière leur écran. La chute, bien qu'un chouïa prévisible, est bien amenée, et permet de refermer la nouvelle le sourire sur les lèvres.

Aux USA, un site permet, parait-il, de présenter un ensemble de malades qui ne peuvent se soigner, faute de moyens. Aux internautes de voter pour élire celui qui sera soigné. Alors je me dis que s'entretuer devant le petit écran, ce n'est peut-être pas si fou que ça…

Bref, pour notre plus grand bonheur et sans temps mort, G. Cazenave joue encore une fois les troublions en amenant à son paroxysme l'un des "petits" travers de la société. Rapide, rythmé, amusant, Full Métal Blastos, avec son titre barbare et ses personnages caricaturés, me semble une bonne façon de découvrir cet auteur !