Les bijoux de pacotille
de Céline Milliat Baumgartner

critiqué par CHALOT, le 15 février 2015
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
émotion et questionnement intime
« Les bijoux de pacotille »
Roman de Céline Milliat Baumgartner
Editions Arléa
Février 2015

Le portrait de parents disparus

C’est un roman que l’auteure aurait voulu ne pas écrire….
Si ses deux parents n’étaient pas morts dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait même pas huit ans, sa vie aurait été autre et elle n’aurait pas écrit ce roman .
Avec de l’émotion, de la sensibilité et beaucoup de talent, l’auteure revient sur ce choc brutal, sur le silence qui s’en suivit, il fallait les préserver elle et son jeune frère et sur le deuil difficile, accompli à l’âge adulte.
Le lecteur ne reste pas insensible à ce premier roman qui aborde une question essentielle à la fois intime et sociale : faut-il protéger des enfants lorsque des êtres chers sont morts ou leur dire la vérité afin que la blessure ne reste trop longtemps ouverte et qu’elle ne referme pas ou mal ?
L’auteure explique son cheminement, ses réflexions, ses interrogations et aussi l’usage qu’elle a fait de cette protection et de sa situation comme orpheline.
Quand un silence s’installe dans l’enfance, le petit devenu grand, à la recherche de son identité pour se construire cherche la vérité :
« L’enfant qui a été dispensé d’enterrement, à qui l’on n’a pas donné la mort à voir, retarde sans fin le deuil à faire. Alors ça lui prend vingt-cinq ans pour oser s’emparer du procès-verbal qui retrace l’accident de ses parents, et le lire. Parce que ne pas lire les mots qui décrivent la mort, c’est encore l’oublier. »
Son père était souvent absent mais très proche d’elle, sa mère avait été actrice : n’a-t-elle pas joué le rôle de la femme de Depardieu dans un film de Truffaut ?
Ses parents l’ont quittée, involontairement, brutalement….Ils sont morts mais ils ont laissé leur trace et ont participé à la construction de l’adulte qu’elle est devenue….C’est le fil qu’elle a tissé qui l’a aidée.

Jean-François Chalot