La faillite morale de la politique occidentale en Orient
de Ahmed Riza Bey

critiqué par Bolcho, le 12 février 2015
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
1922, c'est aujourd'hui ?
Ces temps derniers, il n'est pas rare de lire ou d'entendre des gens qui ont un avis sur l'islam...
Et si, au lieu de se laisser aller à des réactions simplettes sous le coup de l'émotion, on s'intéressait de plus près aux relations troubles que l'Occident a mises en place avec l'Orient tout au long de l'Histoire ?
C'est le moment ou jamais de lire ce texte de 1922, récemment réédité, qui est d'une « étonnante pertinence pour expliquer l'état actuel de notre monde et la dramatique situation dans laquelle est plongé le Moyen Orient d'aujourd'hui » (4e de couverture).
Son auteur, Ahmed Riza Bey, est un intellectuel et homme politique turc né en 1858 à Constantinople. Il émigre à Paris en 1884, y suit des études d'agronomie et y adopte le positivisme d'Auguste Comte avant de rejoindre le mouvement « Jeunes Turcs » et, plus tard, devenir président du sénat ottoman.

Ce qu'il dit des relations entre l'Occident et l'Orient (en 1922 et donc après la Première Guerre mondiale et le catastrophique Traité de Versailles) fait irrésistiblement penser à ce qu'on serait tenté d'en dire aujourd'hui.
Quelques exemples au passager :
- « Lorsqu'on ne trouve aucun prétexte pour occuper militairement certains pays et dépouiller les habitants de leurs biens, on proclame que ces peuples sont de race inférieure, qu'ils sont un danger pour l'Humanité, et l'on s'arroge le droit, quasi divin, de leur faire goûter les bienfaits de la civilisation. »
- « (...) partout, une ploutocratie qui dicte, régit et exploite grâce à l'apathie, à l'ignorance ou à l'indifférence des masses. »
- « Les Croisades n'étaient qu'un épisode de l'invasion du Nord vers le Midi ; elles se poursuivent de nos jours sous les noms de colonisation, civilisation, pénétration pacifique, zone d'influence et mandats. Ce sont toujours les mêmes invasions, guidées par des sentiments et des intérêts plus ou moins identiques. »

Il nous rappelle aussi quelques vérités sur notre propre passé chrétien comme ceci : « le clergé garantissait à tous ceux qui partaient pour délivrer le tombeau du Christ, la conservation de leurs biens, la rémission de leurs péchés et la gloire éternelle dans le royaume des cieux ».
Zut, il n'y avait pas de vierges qui attendaient...

Toute (très mauvaise) plaisanterie mise à part, c'est un livre à recommander à toute personne désireuse de mieux apprécier la situation actuelle à la lumière de l'Histoire. Et je termine par cette citation de Riza Bey donnée en 4e de couverture : « Je signale précisément comme exemple les méfaits de ce fanatisme dans le passé, afin d'éviter le danger que les haines subsistantes peuvent engendrer dans l'avenir ».

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