Carnets d'Asie
de Gabrielle Wittkop

critiqué par Lectio, le 11 février 2015
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Un grand voyage.
Gabrielle Wittkop fait partie de ces talentueux écrivains voyageurs capables de nous embarquer dans leurs périples sans bouger de notre fauteuil. Ces notes personnelles "griffonnées sur mes genoux, au bord d'une rizière ou dans un bus de fer blanc" contrastent avec les ouvrages souvent étranges, macabres et affranchis de toute morale de l'auteur. Nous sillonnons l'Indonésie, Bornéo, la Malaisie, Brunéi, Macassar, Komodo, Bali, Jakarta, Sumatra, retour vers Singapour, puis la Thaïlande. Rien de comparable avec un quelconque guide touristique. Dans ces années 1970-1980, si le développement touristique s'impose déjà dans ces contrées, notre voyageuse en connait les pièges et les arnaques. Elle sait trouver l'autochtone pour la conduire dans les lieux les plus secrets, inconnus dans un quasi abandon, au travers des forêts si denses et si humides qu'il est impossible d'y voir quoi que ce soit. Une balade de santé au milieu des cafards, des araignées, de scorpions géants, bourrés de leur mortel venin. Des voyages sur des motos pétaradantes, des bus cahotant sur des pistes défoncées au milieu de nulle part ou, unique moyen de transport, une navigation sur un "machin" flottant ballotté par les flots furieux. Aubes diaphanes, couchers de soleil flamboyant... pluies diluviennes, orages tonitruants. Insérée dans ces peuples démunis et oubliés, elle saisit les traditions , les rituels et les contes. Des notes et récits d'une grande beauté et sensibilité, de véritables aquarelles, sur le vif. Le périple d'une femme libre et curieuse, ouverte et respectueuse de ses semblables. Un vrai beau voyage.