Traité de balistique
de Alexandre Bourbaki

critiqué par Libris québécis, le 23 janvier 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Caractère chimérique de la science
Alexandre Bourbaki est un pseudonyme qui cache trois personnes : Nicolas Dickner, Bernard Wright-Laflamme et le dessinateur Sébastien Trahan. Leur recueil de nouvelles tente de prouver le caractère chimérique de la science. Pour y arriver, ils transmuent les doctes découvertes en situations loufoques irrésistibles, en particulier la nouvelle intitulée Le Récepteur commentée par CC.Rider. Il s’agit de l’histoire d’un homme revenu de guerre avec un acouphène. Au lieu de s’émouvoir de sa maladie, on en profite pour se divertir puisque les oreilles du malheureux émettent des polkas. En somme, leur démonstration sert une activité ludique qui veut prouver que nous ne sommes pas autant astreints aux lois de la physique que nous le croyons. Ce parti pris est original. Par contre, les connaissances priment sur les sentiments qu’elles peuvent engendrer, transformant ainsi les personnages en robots insensibles aux affects.

Ce recueil est séduisant, mais il sent l’esbroufe. On croirait à une recherche d’étudiants émerveillés par leurs trouvailles sur le Web. Heureusement, l’écriture est bien tournée, et la facture des premières nouvelles est impeccable. Elles proviennent probablement du plus talentueux des deux auteurs. La suite se gâte comme un soufflé qui s’affaisse à la sortie du four. Les amorces sont réussies, mais les dénouements tombent à plat. Nous nous attendons alors à ce que les nouvelles soient liées les unes aux autres, mais on ne parvient pas à créer une unité même si le revolver, objet signifiant de notre culture, doit assurer le chapeautage de l’exercice. Cette transition n’est aucunement convaincante. Et le bédéphile sera aussi déçu par les dessins surchargés qui appuient le propos, convenant bien aux jeunes désireux de défier les lois de la physique par des activités ludiques extrêmes.