Le bestaire de Rotterdam
de Xavier Deutsch

critiqué par Bluewitch, le 2 janvier 2004
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Ils n’en ont plus besoin…
« Les bateaux qui brûlent ne sombrent pas, les bateaux qui sombrent ne brûlent pas, il faut bien mourir de quelque chose. »

1920. Paul Corneille, bonhomme affable et sympathique, est détective privé. Il vit avec ses trois fils, sa sœur Adélaïde et les quatre garçons de celle-ci. Contacté par le secrétaire de l’évêque d’Arras, il est chargé d’une étrange mission : découvrir la raison pour laquelle plusieurs bateaux ont brûlé dans différents ports de France.
Même si cette affaire ne lui inspire guère de passion professionnelle, il décide de s’en acquitter avec sérieux et, très vite, assemble des éléments plus qu’étranges. Outre que ces bateaux furent incendiés à l’approche d’une fête religieuse, des témoins signalèrent la présence de huit camions dans les parages de chaque port, ainsi que celle de personnages inhabituels, tels que Cosaques, Turkmènes, Américains, et même d’un ours gris…
Au fil de ses recherches et pérégrinations dans les rues de Boulogne où il suppose qu’un bateau sera également incendié, Paul Corneille rencontre enfin une partie de ce mystérieux groupe, peu soucieux, semble-t-il, de la discrétion, dont Agathe, une dame âgée qui consentira à lui raconter leur histoire… enfin presque. Quatre histoires…

Poétique et songeur, ce roman qui nous glisse sur une piste à la fois morale et insolite, est empreint de la chaleur d’un conte en même temps que de la finesse d’un récit contemporain. On vogue sur des notions religieuses, de foi et d’appartenance. Du récit initiatique au mythe d’un nouveau peuple, sorte d’arche de Noé moderne, ce roman reste néanmoins suffisamment secret pour garder encore certaines de ses réponses.
Avec une fin relativement énigmatique, Xavier Deutsch nous laisserait-il espérer une suite de ce livre qui succède déjà à un autre roman « Le grand jeu des courages de l’ours en Alaska » ? (même si « Le bestiaire de Rotterdam » peut, d’après l’auteur, être lu indépendamment de ce dernier)

Doté d’un personnage principal attachant, futé, ordinaire à souhait avec une touche d’espièglerie, ce livre, doux et pétillant, souriant à travers ses lignes et écrit d’une fine plume, offre une heureuse lecture.