Attachante figure du XIXe siècle au Québec, Honoré Beaugrand, pionner de la presse écrite, 22e maire de Montréal, nous a laissé un héritage des plus précieux sous la forme de récits basés sur la culture populaire de l’époque.
Quelque soit l’édition, cinq textes sont toujours présents et constituent le noyau de l’œuvre de Beaugrand : "La chasse-galerie", "Le loup-garou", "La bête à grand'queue", "Macloune", "Le père Louison"
Le plus connu et le plus revisité en chanson, en image et en publicité… est le texte de "La chasse-galerie" racontant la fabuleuse aventure de bûcherons qui demandent l’aide du diable pour voyager par-dessus les montagnes, dans un canot d’écorce, et rejoindre leurs bien-aimées.
Inspiré des légendes et du folklore le conte se veut avant tout « naïf » en illustrant à grands traits les leçons d’une histoire. De plus, il est souvent basé sur une intention morale ou didactique. Ce n’est pas vraiment le cas pour les courts récits de Beaugrand, qui sont plutôt fabriqués à partir des éléments de l’imaginaire fantastique et qui souvent échappent carrément à l’appellation « conte »
Loin d’être une lecture assommante, ces petits récits sont d’autant plus fascinants que l’on peut les placer dans un contexte historique. Ils parlent des mœurs, du cœur, et de l’histoire des Québécois. Malheureusement, ils semblent destinés à l’oubli (si ce n’est déjà fait) car voilà le malaise de notre société moderne, nous sommes à l’heure où une majorité de québécois revendiquent un pays au nom d’une culture distincte, pourtant cette même majorité est totalement ignorante de la richesse qui compose cette culture…
* Si vous pouvez mettre la main sur l’édition étendue des Presses de l’Université de Montréal commentée par François Ricard, faites, car il s’agit d’un ouvrage exceptionnel.
Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 juin 2005 |