L'âme de la France : Tome 2, de 1799 à nos jours
de Max Gallo

critiqué par Clubber14, le 13 janvier 2015
(Paris - 43 ans)


La note:  étoiles
Une France qui se cherche.....
Présentation de l'éditeur :

Reprenant la célèbre phrase du général de Gaulle, Max Gallo continue son exploration de l'âme française à travers les événements, glorieux ou sanglants, de son histoire, pour mieux expliquer nos temps contemporains. Les XIXe et XXe siècles comptent de bien sombres épisodes : la débâcle de Russie, les conflits franco-allemands, deux guerres mondiales, l'Occupation... Et pourtant, malgré les crises politiques à répétition, la France conserve sa grandeur. Si les gouvernements et les époques s'éteignent, balayés par le souffle de l'histoire, l'âme de la France, elle, perdure dans le coeur de ses habitants.

Mon avis :

Second volet de l'Histoire de France vue par l'Académicien Max Gallo, magnifique plume française, nous parcourons désormais la période 1799 (début du règne napoléonien) jusqu'à nos jours et la fin de la présidence Chirac.

La première chose marquante dans ce volet est l'intensité de l'Histoire, la manière dont les choses s'accélèrent en deux siècles. En effet, quand on imagine qu'il y a eu plus d'un millénaire de royauté (1300 ans) ponctué de quelques changements politiques et sociaux et qu'en à peine 200 ans la France est passée par tellement de guerres (Gallo retrace les deux guerres mondiales, l'Indochine, la guerre d'Algérie, les guerres d'indépendance), de changements politiques (Consulat, empire, Restauration, Front populaire, 5 Républiques !!!!!) et sociaux (congés payés, 35 heures, avortement, PACS, droit de vote des femmes...), force est de constater qu'il y a une vraie condensation de l'Histoire.

Ce second opus est extrêmement intéressant, il nous plonge dans l'Histoire moderne de notre beau pays et nous fait comprendre les différences de trajectoire de la France qui ont permis d'avoir aujourd'hui une "âme" française. Par "âme" Gallo nous fait comprendre que ce qui représente un Français c'est tout le poids de son Histoire, de ses guerres, de ses combats politiques, de ses succès, de ses résistances. Gallo nous explique, dates-clés et faits historiques à l'appui, que la France d'aujourd'hui a perdu ses repères, ses racines, qu'elle recherche un homme providentiel comme ont pu l'être Louis XIV, Napoléon ou De Gaulle mais que cet homme ne vient pas...Viendra-t-il seulement un jour?

Gallo (et pourtant on ne pourra pas dire qu'il s'agisse d'un raciste ni d'un xénophobe), bien avant Zemmour, anticipe les thèmes du très polémiqué journaliste (j'ai tout d'un coup un énorme doute non pas de plagiat de la part de Zemmour mais de reprise très nette des idées de Gallo) pour s'interroger sur les valeurs française d'aujourd'hui, sur la montée des communautarismes en France et, selon lui, dès la rédaction de ce livre en 2005-2006, la guerre opposant monde occidental et islamisation sera le grand thème du XXIe siècle. On peut être d'accord ou opposé à sa thèse, en tout cas cela m'a glacé le sang de lire les derniers chapitres de ce livre quelques jours après les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo et contre la communauté juive de Paris.

De la même manière que pour le premier volet qui parlait des origines de la France, la royauté etc..., j'ai adoré lire ce livre de Gallo qui synthétise à merveille l'Histoire de France et qui, via cette Histoire, nous fait comprendre comment l'âme de France, cette abstraction incroyable, meurt et renaît de ses cendres tel un phénix pour faire de notre nation une des plus grandes puissances mondiales et de notre peuple un incroyable vivier d'idées et de valeurs. La question de notre philosophie de vie pour ce XXIe siècle est ouverte...
De quelle manière s'est structuré notre "modèle Républicain" Français ? ! 9 étoiles

Dans ce tome 2 de « l’âme de la France », Max Gallo nous fait faire un extraordinaire voyage à travers les 19ème et 20ème siècles jusqu’à nos jours.
En commençant par cette immanquable question :
Mais qui étaient donc ces Napoléon 1er et Napoléon III, ces « mythes » inclassables bons ou mauvais de la légende Napoléonienne ?

Après son coup d’Etat du 18 Brumaire (le 9 novembre 1799), de 1799 à 1814 Napoléon Bonaparte réforme la France en profondeur. On peut donc mettre à son actif, entre autres :
* Sur le plan Législatif avec la promulgation, le 21 mars 1804 : le Code Civil ;
* L’Education Nationale avec ses lycées et ses Universités ;
* L’Economie avec la Banque de France ;
* Les divisions Administratives ;
* Les Chambres de commerce ;
* La Préfecture de Police de Paris ;
* Les pensions de retraite des fonctionnaires ;
* Le Catholicisme considéré comme principale religion, mais tout en laissant la place aux autres religions ;
* Egalement, le recours régulier au plébiscite du Peuple, au vote, au suffrage populaire ;
* Etc..

En revanche, est beaucoup plus critiquable voire complètement intolérable, la manière brutale d’imposer ces indispensables réformes, comme :
* Les insoutenables rétablissements : le 20 mai 1802 de l’esclavage (aboli par la Convention), des déportations avec des massacres de Noirs à Saint-Domingue ;
* Les guerres permanentes qui déciment régulièrement la population française et qui sont également extrêmement coûteuses en capitaux ;
* La censure de la presse ;
* La surveillance policière de la population laborieuse des villes ;
* Etc..

Max Gallo, présente une formule qui résume assez bien ce que fut Napoléon 1er, page 14 :

« Comme le dira une citoyenne interrogée après le sacre : « Autrefois nous avions le roi des aristocrates ; aujourd’hui nous avons le roi du peuple ». »

On peut considérer que le règne de Napoléon 1er a oscillé, entre : Monarchie absolue, Empereur des Français, Dictature militaire…, mais aussi homme des « Lumières ».

– D’ailleurs, Napoléon 1er est sacré Empereur des Français, le 2 décembre 1804.

– Après son abdication forcée le 6 avril 1814 à Fontainebleau, il reçoit la Souveraineté de l’île d’Elbe en 1814. Puis, Napoléon 1er est déporté sur l’île de Sainte-Hélène le 16 octobre 1815. Il y meurt le 5 mai 1821.

Les articulations politiques de ce 19ème siècle se déroulent de la manière suivante :

– Sous Napoléon 1er, il y a le premier consul de 1799 à 1804.

– Le 2 décembre 1804 Napoléon Bonaparte est donc sacré Empereur des Français.

– Napoléon II (surnommé l’aiglon à titre posthume) ne régna que quelques jours en 1815 en tant qu’Empereur, en remplacement de son père Napoléon 1er, lors de son abdication.

– De 1815 à 1825, il s’agit de la Monarchie légitimiste de Louis XVIII.

– En 1825, c’est le sacre de Charles X (frère de Louis XVIII), toujours un régime de type Monarchie légitimiste.

– Ensuite, c’est le règne de Louis-Philippe 1er d’Orléans de 1830 à 1848 : Monarchie Orléaniste ou constitutionnelle.

– Le 25 février 1848, c’est la proclamation de la République et le 10 décembre 1848 Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l’Empereur Napoléon 1er Bonaparte, est élu Président de la République. Mais une République très éphémère (seulement 3 ans), car le 2 décembre 1851, ce même Louis Napoléon Bonaparte provoque un coup d’État sanglant.
Le Second Empire autoritaire est proclamé le 1er décembre 1852. Louis Napoléon Bonaparte devient alors Napoléon III jusqu’en 1870.

Malgré tout, existe-t-il un bilan positif sous le règne de Napoléon III ?
* Le développement du réseau ferré : 6 000 kms dans tout le pays ;
* L’accroissement des Houillères et de la Sidérurgie ;
* L’expansion et la modernisation du secteur Industriel ;
* Haussmann forme l’architecture des quartiers de Paris avec ses grands boulevards ;
* 1864 : le Droit de grève restreint.

– A Sedan le 2 septembre 1870, Napoléon III se constitue prisonnier dans la guerre contre la Prusse. La France perd par la même occasion : l’Alsace et la Lorraine.

– Le 4 septembre 1870, la République est proclamée, il s’agit de la IIIème République.

– Le 18 janvier 1871, c’est la proclamation de l’Empire Allemand dans la galerie des Glaces à Versailles.

– Vient se rajouter à la guerre contre la Prusse, une guerre civile, entre : les Révolutionnaires, les Républicains patriotes et l’Armée. Le 21 mai 1871, l’armée fusille les insurgés et les Communards. Le bilan de cette intervention de l’armée est terrible : 30 000 morts et des milliers de déportés en Guyane ou en Nouvelle-Calédonie.

– Toujours au printemps 1871, Les Communards exécutent des otages, incendient les Tuileries ainsi que l’Hôtel de Ville. Il s’ensuit une répression sauvage par les troupes.
Cela fait au total : 80 000 morts à Paris.

– Après le traité de paix signé à Francfort le 10 mai 1871, en échange de cinq milliards de francs-or, les troupes Prussiennes évacuent le pays à partir du 15 mars 1873.

En résumé, ce 19ème siècle, après plus de 2 000 ans d’Histoire de France, a parachevé la structuration de notre modèle actuel et a alterné, entre : Empires, Dictatures, Monarchies absolues ou Constitutionnelles et Républiques.
Mais après 100 ans (de 1789 à 1880) : de Révolutions, d’émeutes, de coups d’Etat, de violences, de terreurs, c’est enfin la République (avec son parlement, ses chambres des députés et du Sénat), accompagnée du suffrage universel, qui s’installe définitivement (enfin on l’espère !).

Ce nouveau modèle Républicain modéré réussit à résister aux « tentations » Totalitaires de la première moitié du 20ème siècle : le Communisme Soviétique, le Fascisme Italien et le Nazisme Allemand et à la dictature Franquiste Espagnole.

Jules Ferry est l’un des grands initiateurs du « modèle Républicain » Français, à travers ses lois scolaires (1882 – 1886) avec : l’obligation et la gratuité de l’école et l’instruction publique. Afin de se distancier définitivement de la Monarchie cléricale, Jules Ferry est également à l’origine de notre modèle unique Français de Laïcité, séparant les Eglises et l’Etat grâce à la célèbre loi de 1905.

– En 1895, c’est la création des syndicats par branches professionnelles, dont la C.G.T..

– Puis en 1905, est fondée la S.F.I.O. : Section française de l’Internationale ouvrière.

– En 1898, c’est l’affaire Dreyfus puis sa réhabilitation en 1906.

– Le 28 juin 1914, l’Archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo par des nationalistes Serbes. C’est le début de la 1ère Guerre Mondiale.

– Le 11 novembre 1918, suite à la victoire de la France, mais avec coût humain incommensurable, celle-ci signe l’Armistice et récupère au passage : l’Alsace et la Lorraine.

– Le 28 juin 1919, c’est la signature du traité de Versailles dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l’endroit même où avait été proclamé l’Empire Allemand le 18 janvier 1871.

– En 1919, certains socialistes Révolutionnaires Léninistes, font :
* D’une part, le parallèle entre la Révolution Française de 1789 et la Révolution populaire de février 1917 ; mais plus particulièrement, avec la période Jacobine de 1793 écrasée dans le 9 Thermidor de juillet 1794 et le coup d’Etat militaire Bolchevique de Lénine le 7 novembre 1917, qui lui a tragiquement pour l’Humanité : « réussi » ;
* D’autre part, le parallèle entre la Commune de Paris de 1871 qui a échoué et le Communisme qui, à cette époque en Russie, perdure par le mensonge, la propagande et la Terreur dans l’illusion et l’utopie d’un « avenir radieux ».
Donc en décembre 1920, lors du Congrès de Tours, la S.F.I.O. se sépare en deux, avec la création d’un Parti Communiste Français (P.C.F.), nommé dans un premier temps : Section Française de l’Internationale Communiste (S.F.I.C.). Ce P.C.F. (avec comme principal dirigeant Maurice Thorez) se lance à corps perdu dans la terrifiante machine Totalitaire, directement sous les ordres des terroristes : Lénine et Staline.

– Pendant ce temps, persistant dans l’infamie, L’Etat Français glorifie l’Empire Colonial lors de l’exposition coloniale de 1931.

– Hitler devient, démocratiquement, Chancelier de L’Allemagne le 30 janvier 1933.

– La France se retrouve alors coincée entre les trois systèmes Totalitaires : le Communisme d’U.R.S.S. (Russie), le Fascisme de Mussolini (Italie) et le Nazisme ou National-Socialisme d’Hitler (Allemagne).

– 1936 : Formation du Gouvernement du Front Populaire et montée de la popularité du Communisme, alors que dans le même temps en U.R.S.S. commencent les horribles « Procès de Moscou » truqués, qui débouchent en 1937 – 1938 sur la monstrueuse « Grande Terreur » ou « Grande Purge » Stalinienne.

– Janvier 1937 : création d’un « axe » Italo-Allemand entre Mussolini et Hitler.

– La situation se complexifie encore pour la France, lors du Pacte Germano-Soviétique du 23 août 1939. La France se déchire.

– Suite à ce Pacte, le 1er septembre 1939, l’U.R.S.S. et l’Allemagne se partagent la Pologne pour l’anéantir. Suite à ces deux invasions quasiment simultanées, l’Angleterre puis la France, le 3 septembre 1939, déclarent la guerre à l’Allemagne.

– Le 17 juin 1940 : Pétain se résigne à ce que la France ait perdu la guerre.

– Mais dès le 18 juin 1940 : c’est le très célèbre « Appel » du Général de Gaulle, exilé en Angleterre appelant à la résistance du Peuple Français.

– Le 10 juillet 1940, le Maréchal Pétain devient Chef de l’Etat, dont la nouvelle Capitale se situe à Vichy.
Dès octobre 1940, il promulgue de son propre chef, les premières lois antisémites.

– Les 16 et 17 juillet 1942, la Police Française devient ouvertement complice des Nazis, lors de l’immense rafle d’environ 13 000 Juifs au Vel’ d’Hiv à Paris.
Au total, la Police Française collabore ignominieusement à la déportation puis à l’extermination dans les camps Nazis, de : 80 000 Juifs !

– Le 6 juin 1944, c’est le Débarquement des Alliés en Normandie conduisant à la Libération de la France et à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le 8 mai 1945.

– La IVème République a couvert la période allant de 1946 à 1958.

– Le 7 mai 1954, c’est la défaite de Dien Biên Phu en Indochine.

– Du 1er novembre 1954 à 1962, c’est la « tragédie algérienne » ou Guerre d’Algérie.

– Le 28 septembre 1958 se met en place la Vème République.

– Enfin, la France doit faire face à la révolte estudiantine de Mai 1968 qui gagne rapidement le monde du Travail, engendrant une grève quasi générale de 10 000 000 de grévistes. Mais l’apothéose en un « Grand Soir » Révolutionnaire tant désiré par tous les Marxisto-Lénino-Trotskisto-Maoïsto-Staliniens du moment, n’aura…, heureusement pas lieu…

Ce double ouvrage de « L’âme de la France » par Max Gallo est un résumé vivant et passionnant de notre Histoire de France. On ressent réellement que l’auteur possède une culture historique extrêmement vaste…

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants de Max Gallo :
– Révolution française, Tome 1 : Le Peuple et le Roi (1774-1793) ;
– Révolution française, Tome 2 : Aux armes, citoyens !.

Je dédicace ce très humble commentaire à la mémoire de mon père, autodidacte mais féru d’Histoire et qui a composé un bel ouvrage, de renommée…, familiale : « l’Histoire de la France ».

Anonyme11 - - - ans - 20 août 2020