Un sourire blindé
de Sergio Kokis

critiqué par Libris québécis, le 7 janvier 2015
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Enfants confiés aux familles d'accueil
Dans le créneau des Enfants en souffrance de Bernard Laine et Alexandra Riguet, on retrouve au Québec les romans de Bruno Roy, un auteur qui a partagé les affres de son enfance dans une institution devant soi-disant le protéger. Sergio Kokis, ancien psychologue à l’hôpital Sainte-Justine pour enfants à Montréal, s’est attaqué lui aussi au sujet afin de démontrer comment le système mis sur pied pour veiller au bien-être des enfants délaissés est inopérant.

Un sourire blindé raconte l’histoire d’une famille sud-américaine qui s’est installée à Montréal. Comme pour tout immigrant, l’adaptation à la terre d’accueil représente un défi de taille. La barrière linguistique, la méconnaissance des us et coutumes et la difficulté de se dénicher un emploi enveniment la situation. Ceux qui en souffrent davantage, ce sont les enfants, en l’occurrence le petit Conrado qui, rapidement, voit son père quitter le toit familial. Soumis à la précarité d’une mère inapte à survenir à ses besoins pécuniaires et affectifs, il est confié à la DPJ (département de la protection de la jeunesse). S'enclenche alors la tournée des familles d’accueil où les enfants ne sont pas à l'abri de mauvais traitements. C’est une expérience traumatisante quand, par surcroît, on les agresse sexuellement. Pour se venger d’un comportement inacceptable à cet égard, Conrado commet le geste qui lui assure une cellule en prison psychiatrique. La condamnation dépasse l’entendement de l’enfant. Ce dernier réagit par un mutisme psychologique qui laisse croire qu’il est vraiment privé de la parole. L’intégration sociale n’est pas pour demain sous la voûte de cet enfer.

Sergio Kokis décrit justement cet univers infernal de façon percutante. Son roman oscille entre l’art romanesque et le documentaire. Mais il reste qu’il attire adroitement l’attention sur un sujet trop souvent banalisé par la population. Les gouvernants s’occupent-ils vraiment des jeunes dépendants de leurs décisions pour s’épanouir ?