Une aventure de Carol Evans : L'inconnu de Las Vegas
de Jacques Sadoul

critiqué par Shelton, le 4 janvier 2015
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
L'univers du jeu d'argent...
Depuis des années je suis un lecteur boulimique de romans policiers. Cette longue histoire personnelle a commencé avec un roman d’Agatha Christie, Un meurtre sera commis le…, et, depuis, les titres, les auteurs, les genres se sont succédé. Je dis genres car il y a les policiers, les polars, les noirs, les rouges, les espionnages et toutes les combinaisons possibles. Il faut reconnaître que certains romans sont tout simplement inclassables comme ce roman de Jacques Sadoul, L’inconnue de Las Vegas, écrit en 1982.

Jacques Sadoul est un auteur multiforme que je soupçonne de beaucoup s’amuser avec les canons du genre policier. En effet, avec son héroïne Carol Evans et ses aventures, il joue à perdre son lecteur en lui donnant un grand nombre d’illusions. On part, au départ dans un genre, et, l’air de rien, on bascule soudainement sans s’en rendre compte, dans un autre, parfois très éloigné de l’initial… Il faut accepter cela ou refuser de lire ce roman et tous ceux du cycle Carol Evans…

Moi, je l’avoue, j’accepte volontiers cette lecture depuis le jour où j’ai lu L’héritage de Greenwood, premier roman du cycle, celui où on découvre Amanda Greenwood, personnage que l’on va retrouver dans ce roman… mais pas pour le plus grand plaisir de Carol qui hait profondément Amanda…

Tout commence par une entrevue tendue à la centrale de la CIA où Carol Evans va tout d’abord être réintégrée dans le service, puis va faire connaissance de son nouveau chef avant de recevoir une mission capitale : retrouver l’assassin de Kevin Matthews, retrouvé assassiné au Flamingo, à Las Vegas. Kevin Matthews était un agent de la CIA et la Centrale ne tolère pas de perdre ses agents sans comprendre, dans un premier temps, sans se venger, dans un second temps… Ainsi Carol prend la direction de Las Vegas pour mener son enquête…

L’enquête s’avère délicate et il se pourrait bien que Matthews ait été assassiné pour des raisons fort éloignées des objectifs de la CIA d’autant plus que l’agent était en congé… A Las Vegas, Carol retrouve Amanda entourée d’un certain nombre de riches oisifs qui pourraient bien tous avoir de bonnes raisons de se débarrasser de Matthews… Il faut dire que Vegas est l’enfer du jeu, milieu qui peut faire naître vengeance, convoitise, règlements de compte… En plus, cerise sur le gâteau pour une espionne comme Carol, il y a là un couple de Russes qui pourraient bien travailler pour l’URSS (car elle existe encore à cette période lointaine…).

Et c’est là que tout va basculer du roman d’espionnage au roman policier classique… et il m’est interdit de vous en dire trop pour que vous puissiez prendre, vous aussi, beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman très bien construit…

Définitivement, je dois avouer que j’aime bien les romans de Jacques Sadoul. L’écriture est solide, efficace et de qualité ce qui ne gâche rien. Tout en privilégiant l’action, il n’hésite pas à décrire la région de Las Vegas, à donner de la profondeur à certains de ses personnages, à distiller, ici ou là, des petites pincées de sexe, de violence, d’humour, de tendresse…

Beaucoup plus que des romans de gare – comme on dit – cette série est à découvrir pour ceux qui aiment ce genre de romans et je comprends que l’on ait pu donner à Jacques Sadoul le Grand prix de la littérature policière, pour son roman Trois morts au soleil, en 1988.