Revoir Paris Tome 1
de Benoît Peeters (Scénario), François Schuiten (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 2 janvier 2015
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Revoir Paris, une BD + une expo
2155. Un vaisseau spatial se dirige vers la Terre avec à son bord une jeune femme, Kârinh, chargé de veiller sur des corps en hibernation. Celle-ci a réussi à convaincre les Sages de l’autoriser à quitter l’Arche, refuge spatial de ceux qui ont fui l’apocalypse terrienne au siècle dernier. Nommée chef de bord, son rêve ultime est de découvrir Paris, qu’elle ne connaît qu’à travers des images, des livres, et ses voyages en immersion. Le Paris réel aura-t-il le visage de ses fantasmes lorsqu’elle débarquera pour de bon sur cette Terre que certains décrivent comme une abomination ?

Un album événement qui marque pour notre plus grand plaisir le retour du duo Schuiten/Peeters, cinq ans après « Souvenirs de l’éternel présent », délaissant temporairement leurs « Cités obscures » pour un futur au conditionnel. Comme toujours, l’architecture tient une place centrale dans des histoires fantastiques caractérisées par des distorsions spatio-temporelles où passé et futur ne font qu’un. Pour cet album, Schuiten a opté pour la couleur dans des tonalités sobres qui viennent revêtir le trait réaliste et élégant qu’on lui connaît. Une fois encore, l’histoire met en scène une héroïne féminine, Kâhrin, en rébellion par rapport à l’ordre établi, le tout dans un univers onirique à la fois familier et inquiétant, où le gigantisme de l’architecture relègue l’humain au second plan.

Le Paris évoqué dans cette première partie n’est que survolé, à l’instar de l’héroïne qui effectue des sortes de voyages astraux très brefs dans un Paris rétro-futuriste, mais on entrevoit vers la fin que la ville a bien changé. Si la plupart des monuments emblématiques sont restés debout, surplombés par des constructions vertigineuses, d’autres semblent avoir fait l’objet de transformations radicales. La jeune Kârinh semble déboussolée par la découverte de ce Paris qui n’est pas exactement celui qu’elle avait imaginé, s’accrochant à la réalité d’un « vrai Paris ». Pas franchement passionnant dans ce tome 1, le scénario parvient toutefois à intriguer le lecteur tout en posant pas mal de questions sur l’identité d’une ville. C’est donc avec une certaine impatience que l’on attend la conclusion de ce diptyque.

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A noter que parallèlement à la BD, a été publié le très beau catalogue de l’exposition qui se tient actuellement à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine (à Paris évidemment). Encore une belle reconnaissance pour les auteurs belges qui sont devenus des références incontournables dans le monde du neuvième art, des passionnés d’architecture qui ont même conçu le design de la station de métro "Arts et Métiers". Une exposition à voir non seulement pour ceux qui apprécient ces auteurs, mais aussi pour ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’architecture et aux enjeux du Grand Paris. Les planches de Schuiten dialoguent ainsi avec les projets d’architectes réalisés depuis deux siècles. L’occasion de rêver librement l’avenir de la capitale. Jusqu'au 9 mars 2015.
Retour vers le futur 8 étoiles

Nous sommes en 2155 Kârinh est désignée comme chef de bord pour une mission sur la Terre.
Son objectif : voir Paris. Son père était terrien, elle ne l'a pas connu. Elle est née par césarienne sur l'Arche une colonie loin de la terre. Sa mère Fumiko quittait ce monde à son retour de sept mois de mission sur terre 40 ans plus tôt.

Kârinh a toujours été solitaire, les autres se méfiant d'elle et de ses origines. C'est sa quête personnelle voir Paris à tout prix.

Elle fait souvent des immersions dans un Paris ancien, difficile au départ de comprendre mais petit à petit les choses se mettent en place et je me suis laissée emporter dans ce récit de science fiction.

Le scénario tient la route, les dessins sont magnifiques en bleu et orangé. C'est l'expo au musée des Arts et Métiers qui m'a donné l'envie de lire les deux volumes. Le graphisme magnifique des machines volantes, on survole une ville d'un autre temps.


Ma note : 8.5/10

Une jolie phrase

Les animaux ne dévorent pas leur propre espèce, comme l'auraient fait les derniers humains.

Nathavh - - 60 ans - 27 avril 2017


Une oeuvre qui interpelle 8 étoiles

Je ne reviens pas sur le résumé très clair dans la critique de Blue Boy. Cette bande dessinée est belle, intrigante et bien écrite. Les dessins sont beaux, les couleurs estompées et l'univers qui est dépeint, quasiment onirique, rappelle à la fois certains paysages de science-fiction et des univers imaginaires. Le Paris décrit ici semble post-apocalyptique. La notion de temps semble importante dans cette bande dessinée : il est question d'une époque révolue de Paris, le personnage féminin principal pense à sa mère qui n'appartient qu'au passé désormais, certains personnages hibernent et sautent par ce biais-là des jours sans en avoir conscience ... On a le sentiment d'arriver dans un univers familier et pourtant si différent.

Certains dessins possèdent une grande poésie et cette transformation de la ville de Paris fait froid dans le dos tout en fascinant.

Comme écrit dans la précédente critique, cette bande dessinée ne repose pas sur de multiples rebondissements. On sent que les auteurs veulent planter le décor et leurs personnages et que le deuxième tome accélérera peut-être l'histoire. Il y a quelque chose d'envoûtant dans cette oeuvre, on se laisse porter par l'histoire, on se retrouve transporté dans une atmosphère où l'on ne décrypte pas forcément tout et l'on ne sait pas vraiment où l'on va, mais l'on accepte de voyager dans l'univers de ces deux artistes.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 28 mai 2015