Un crime
de Georges Bernanos

critiqué par Darius, le 1 janvier 2015
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Un polar diabolique et diablement bien écrit
En flânant au marché aux puces de Bruxelles, j'ai ramassé ce petit livre inconnu rédigé par Georges Bernanos, publié à l'origine chez Arthème Fayard en 1938.

Tous les ingrédients chers à Bernanos dans "journal d'un curé de campagne" ou "Sous le soleil de Satan" sont concentrés dans ce petit livre de 187 pages d'une densité remarquable. Considéré comme un art mineur, ce polar n'a pas eu le succès qu'il méritait. Et pourtant, quel thriller !

Ce roman n’est pas un polar comme un autre. Pas d’enquêteur malin, juste une bonne de curé qui attend le nouveau curé dans le presbytère, « un jeune curé, au masque tragique, au regard pénétrant, au sourire funèbre.".

Bernanos nous manipule d’un bout à l’autre, nous fait prendre des chemins sans issue, nous trompe, nous perd dans un récit d’une construction extrêmement habile toute en ambiguïté et d’une intelligence diabolique.

Le récit commence par le meurtre d’une châtelaine, puis se poursuit par un deuxième, un inconnu agonisant dans son jardin... Dans cette histoire, on a l’impression que tout le monde cache quelque chose, et ce n’est pas qu’une impression !

Ensuite, la gouvernante de la première victime, une nonne défroquée, avale une dose mortelle de morphine. Suicide ou nouveau meurtre ?

Qui est réellement le nouveau curé de Mégère qui disparait alors que l’enquête est en cours ?
Qui est ce petit enfant de chœur dont le corps est retrouvé flottant dans la rivière ?

Même après avoir lu la fin, je ne connais pas l’identité du coupable… J’ai dû aller chercher sur le net pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer. Honnêtement, le polar le plus inhabituel que j’ai jamais lu, d’une ingéniosité hors du commun.

Les personnages sont tous décrits par leurs particularités et les lieux, par des images, des sons et des odeurs. C’est toute la vie intime d’un petit village des Alpes qui défile devant nous.

Bizarre que ce livre soit resté inconnu pendant aussi longtemps, qu’il ait fallu une réédition pour que quelques lecteurs se penchent sur cette histoire.