Si c'est un homme
de Primo Levi

critiqué par Jules, le 3 février 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un monde absurde !
Primo Lévi a été fait prisonnier en 1943 et a été déporté à Auschwitz. Il était Italien et ingénieur chimiste de formation. Né en 1919 il s'est suicidé en 1987. Il a écrit plusieurs livres. Je ne vais pas ici vous décrire ce qu'étaient les horreurs de la vie quotidienne dans les camps de concentrations allemands et à Auschwitz en particulier. Il y fallait une solide volonté de vivre pour surmonter les épreuves que l'on y subissait. La moindre défaillance et les coups pleuvaient. Primo Levy y participera à des travaux de force, comme de construire des voies de chemins de fer, puis travaillera dans une usine à côté du camp. Un minimum d’entraide existait parfois entre prisonniers, mais la faim et le dénuement transformaient aussi bien des hommes en bêtes. Dans ce livre, l’auteur ne juge pas, il observe. C’est d’ailleurs à se demander comment il était possible de ne pas juger !.Mais juger aurait pu faire que l’on se révolte et cela c’était la mort immédiate. Il ne me reste qu'à me taire et à laisser Primo Levy raconter ce qu'il a vécu. A titre de renseignement, je vous conseille de regarder sur ce site la critique du livre écrit par des historiens et qui s'appelle « Le siècle des camps ». Ce livre est des plus édifiant !.
Dans l'antre de la déshumanisation nazie ! 10 étoiles

Primo Levi, Juif Italien, déporté à Auschwitz en 1944, décrit l’ignoble processus de DESHUMANISATION perpétré par les Nazis dans les camps de concentration et les centres d’extermination Allemands du Troisième Reich.
L’auteur témoigne des horreurs qu’il a subies avec ses codétenus dans cet « enfer terrestre »…

Par chance, il fut libéré en janvier 1945, et en plus de son métier de Chimiste, Primo Levi devint un grand écrivain, dont ce formidable ouvrage publié dès 1947, puis d’autres par la suite.
Mais tristement, il se suicida en 1987…

Pour cette réédition, Primo Levi rajouta en 1976 à la fin de ce livre, un appendice d’une profonde réflexion, dans le but de répondre aux multiples questions essentielles que lui posèrent les lycéens lors de ses interventions en classes, ainsi que ses lecteurs, sur le fondamental sujet de : la NATURE HUMAINE.

Un livre-témoignage primordial pour notre Mémoire Universelle.

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
– Alexandre Soljénitsyne (L’archipel du Goulag) ;
– Alexandre Soljénitsyne (Une journée d’Ivan Denissovitch) ;
– Jacques Rossi (Qu’elle était belle cette utopie !) ;
– Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
– Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et Le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
– Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
– Iouri Tchirkov (C’était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
– Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
– Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
– Sergueï Melgounov (La Terreur rouge en Russie : 1918 – 1924) ;
– Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
– Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
– Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
– Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
– Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
– Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
– Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
– Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
– Gustaw Herling (Un monde à part) ;
– David Rousset (L’Univers concentrationnaire) ;
– Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
– Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
– Claire Ly (Revenue de l’enfer) ;
– Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
– Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
– Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz) ;
– Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d’une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
– François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
– Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L’île de l’enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
– François Bizot (Le Portail) ;
– Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil) ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
– Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
– Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).

Anonyme11 - - - ans - 19 août 2020


"Porter au monde (...) la sinistre nouvelle de ce que l'homme, à Auschwitz, a pu faire d'un autre homme" 7 étoiles

C'est dans cette intention, que Lévi, libéré par les russes en janvier 1945,entreprend en décembre de la même année de raconter son calvaire. "Si c'est un homme" se veut, non une œuvre littéraire (comme "Etre sans destin" de Kertész par exemple), mais avant tout témoignage d'un rescapé, sur lequel les générations suivantes pourront asseoir leur devoir de mémoire.

On sent chez l'auteur, une préoccupation didactique constante qui lui fait volontiers, assez souvent, casser la linéarité du récit pour le structurer par thèmes afin de mieux expliciter tel ou tel aspect de la réalité des camps s'inscrivant dans la durée. Ainsi le passage sur les trafics et combines plus ou moins complexes pour aboutir à l'obtention d'une ration supplémentaire de pain pourra paraître fastidieux, mais ce n'est qu'un des multiples aspects de ce terrible combat pour la survie entre phases du désespoir le plus profond et éclairs d'espérance.
Mais bien au-delà de ces aspects informatifs, c'est à une véritable plongée dans l'âme humaine que nous sommes confrontés. Levi parvient à nous faire comprendre ce processus de déshumanisation élaboré par la froide machine nazie et qui aboutit à "un homme vide réduit à la souffrance et au besoin, dénué de tout discernement, oublieux de toute dignité (...) ce sera un homme dont on pourra décider de la vie ou de la mort le cœur léger, sans aucune considération d'ordre humain." Parallèlement, il nous livre une fine analyse des mécanismes psychologiques de défense mis en œuvre chez l'individu projeté au cœur d'un tel système concentrationnaire, éclairant notamment "la nature complexe de l'état de malheur."

Et pourtant, cet enfer vécu (Levi fait ouvertement référence à l'Enfer de Dante), il nous le raconte sans pathos, au prix sans doute d'un effort sur lui-même, un choix délibéré à la lumière de l'objectif qu'il s'est fixé et justifie dans son appendice: "J'ai délibérément recouru au langage sobre et posé du témoin plutôt qu'au pathétique de la victime ou à la véhémence du vengeur: c'est dans ces conditions seulement qu'un témoin appelé à déposer en justice remplit sa mission, qui est de préparer le terrain aux juges. Et les juges, c'est vous." On ne peut être plus clair.

A lire et surtout à faire lire aux jeunes (ou moins jeunes) d'aujourd'hui afin que l'on ait toujours à l'esprit ce dont "l'humanité" est capable, que ce soit du côté des bourreaux ou de celui des victimes.

Myrco - village de l'Orne - 75 ans - 26 novembre 2016


Essentiel 10 étoiles

Bien mal venu serait celui qui oserait critiquer le contenu de ce bouleversant témoignage. C'est un livre dur, qui saura réveiller la colère et l'indignation des plus difficiles à toucher. Il serait réducteur que de résumer ce récit à son témoignage de faits véridiques; mes cinq étoiles vont à l'auteur, pour toutes ses réflexions sur la vie, sur la condition humaine, sur l'Homme réduit à l'état de bête. Cinq étoiles pour la résilience, cinq étoiles pour l'analyse de son expérience, cinq étoiles pour le courage de trouver un sens à ce qu'il a dû traverser. À lire absolument, ne serait-ce que pour accorder à Primo Levi ce qu'il a si viscéralement souhaité en rédigeant ses mémoires; que nous n'oubliions pas.

Gabri - - 38 ans - 21 mai 2016


Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons..." 10 étoiles

Seuls les mots de Primo Levi me semblent essentiels et plutôt qu'un commentaire, ce passage de la préface est, pour moi et de nos jours, dans notre monde actuel, si sauvage, si empli de haines envers "l'Autre", primordial:

"Beaucoup d'entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente, que "l'étranger, c'est l'ennemi". Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d'un syllogisme, alors, au bout de la chaîne, il y a le Lager; c'est-à-dire le produit d'une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse; tant que la conception a cours, les conséquences nous menacent. Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme."

Dois-je ajouter que ce témoignage est bouleversant et plus encore, lorsque l'on vit, au jour le jour et au plus près, cette haine nourrie de l'Autre, "l'étranger"?

Provisette1 - - 12 ans - 8 octobre 2015


ô faites que jamais ne revienne le temps du sang et de la haine... 10 étoiles

Je ne vais pas résumer cette histoire de la désespérance. Dans Si c'est un homme, Primo Lévi raconte les mois qu'il a passé dans le Lager, le camp d'extermination d'Auschwitz. La misère, les humiliations, les coups, la faim omniprésente, le travail incessant, les sabots, le froid et les pieds qui enflent, les maladies, l'annihilation de la personnalité humaine... Il en est ressorti, pas des milliers d'autres. Alors il témoigne, pour que plus jamais ça ne recommence.
C'est horrible, terrible. Si c'est un homme est un témoignage raconté factuellement, de façon presque clinique. Primo Lévi donne la voix à toutes ces victimes de la folie humaine, comme pour s'en libérer, décharger son âme, peut-être comprendre ce qui est au-delà de toute compréhension, pour alerter, et pour apprendre : "Puisse l'histoire des camps d'extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d'alarme". Ce récit commencé dans le Lager est un choc, devrait passer entre les mains de tout le monde, et être dans les programmes d'histoire des collèges et lycées.
Au-delà du récit lui-même, qui m'a, comme on dit, chamboulée, retournée, je ressors de cette lecture pessimiste sur le devenir humain. Parce que, si encore l'horreur des camps de torture et de mort, choquant l'humanité, avait servi de leçon aux générations futures, si l'homme apprenait de ses folies, on pourrait peut-être trouver un sens à tous ces morts, toutes ces souffrances. Mais ce n'est pas si simple, bien sûr. Il n'y a qu'à regarder les informations, ça recommence, sous une forme ou une autre, pour une histoire de religion, de lopin de terre ou d'origine.

Ce témoignage est à lire, à relire, à distribuer autour de nous, pour qu'on ne puisse plus avoir la lâcheté de dire : "je ne savais pas"...

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 48 ans - 8 septembre 2015


Témoignage essentiel, et surprenant par sa froideur objective 9 étoiles

En 1943, Lévi, qui est italien juif et ingénieur chimiste, rejoint les rangs des partisans. Son groupe est arrêté par surprise par les milices. Après un long internement en camp de transit où se mêle une foule cosmopolite, il est ensuite, à la demande des Allemands qui ont demandé aux Italiens de trier les juifs, déporté dans un convoi de wagons à bestiaux, où sont entassés des hommes et des familles juives de toutes les nationalités. Après un voyage atroce, ils sont débarqués, faibles et hagards, sur le quai d’une gare polonaise en rase campagne puis, privés de leurs bagages, rassemblés et divisés : les hommes (force de travail) d'un côté ; vieillards, femmes et enfants de l’autre. Les deux groupes prennent des directions opposées : ils ne se reverront plus jamais…

Ce récit d’une année d’internement au camp d’Auschwitz est écrit de manière neutre et factuelle, comme si Primo Lévi cherchait à se mettre à distance de son passé pour le raconter avec une froideur objective. Il n’exprime pas, sauf occasionnellement, de ressenti émotionnel envers les souffrances infligées ou subies, comme si son empathie avait été partiellement anesthésiée. A ce titre, ce récit m’a moins « remué » que celui de Heinz Heger, jeune autrichien « triangle rose » qui fut déporté en 1939 (j'ai vu qu'il en existait un commentaire de lecture sur CL). Il reste pourtant extrêmement intéressant et porte un éclairage essentiel à la compréhension à la machine de mort de l’Allemagne nazie. Néanmoins, ce livre n'épuise pas le sujet et sa lecture mérite d'être complétée d'œuvres d'historiens. Je regrette également un peu le ton du « poème » liminaire, mélange de prières et d’imprécations qui n’apporte rien et, au contraire, trouble la limpidité du message (on a le sentiment d’un texte rajouté après coup, comme si l’éditeur avait reproché à Primo Lévi une trop grande froideur et lui avait demandé d’épicer le livre d’un peu de haine, à titre de passion « bon marché »).

L’installation au camp est cauchemardesque. Les prisonniers, dénudés, mis à l’attente dans le froid puis rhabillés de haillons après une douche désinfectante, découvrent l’invraisemblable mélange d’arbitraire et de méticulosité bureaucratique des Allemands, dont Lévi se moque à plusieurs reprises comme s’il s’agissait d’une tare psychopathologie. Privés de tous les biens de leur vie antérieure et de leur nom, remplacé par un numéro tatoué sur leur poignet, les prisonniers n’ont plus que leurs souvenirs, qui les assaillent la nuit ou leur donnent une raison de se battre pour survivre…

Le camp est divisé en baraquements, où la pénurie est sciemment organisée par l’organisation du camp (les prisonniers sont deux par lit, etc.), et en équipes de travail. Les responsabilités sont réparties entre les prisonniers, selon leur origine. Elles sont recherchées car elles permettent d’obtenir quelques avantages. Les prisonniers d’origine germaniques sont privilégiés et assument le rôle de « Kapo », ie petit chef. Chaque matin, tous partent, en marchant au pas au son de la fanfare et reviennent le soir harassés. D’après ce que suggère Lévi, les Allemands faisaient travailler les prisonniers à la construction d’une usine de production de caoutchouc synthétique et de ses servitudes (voies de chemin de fer, etc.). L’obsession commune est de travailler en économisant ses forces pour tenir jusqu’à la soupe du midi et du soir (en espérant avoir une louche du fond et non une louche d’eau chaude vaguement parfumée…). Il existe un commerce parallèle florissant (pour obtenir des menus services, des lacets, une cuillère, etc.) dont la monnaie est la louche de soupe et le quart de pain. La vie au camp est un curieux mélange d’individualisme forcené d’hommes luttant pour leur survie et d’alliances, plus ou moins intéressées. En effet, un homme seul s’épuise, ne parvient pas à obtenir de nourriture supplémentaire et n’a aucun secours contre les vols, notamment lorsqu’il doit aller à l’infirmerie (le prisonnier n’a pas le droit d’y amener ses affaires). Les rapprochements sont souvent fondés sur la nationalité et la langue. Primo Lévi, qui souligne la grande cohésion du groupe des Grecs, parviendra à lier connaissance avec des Italiens (à l’intérieur et à l’extérieur du camp), qui lui seront d’un grand réconfort matériel et psychologique, et lui donneront les clefs de sa survie en tant qu’être vivant et en tant qu’homme (cf l'épisode où il récite de mémoire des passages de La divine Comédie).

A intervalles réguliers, les Allemands visitent les baraquements pour procéder à une sélection des individus malades. Le test est sommaire : on fait défiler les prisonniers nus devant un médecin qui statue en quelques secondes et sépare ceux qui peuvent continuer à travailler de ceux qui seront éliminés… Malgré le côté abject de la situation, les mots les plus durs de Lévi sont pour un prisonnier qui, à l’issue des sélections, remercie Dieu dans l’avoir épargné alors que son voisin de lit est absent…

La pression sur les prisonniers s'intensifie tandis que l’Allemagne et la Pologne sont soumises aux bombardements alliés. Le camp est finalement évacué en urgence : tous les prisonniers sont rassemblés pour une marche forcée dans la neige à laquelle très peu survivront. Lévi y perdra notamment son meilleur ami, avec qui il avait pu former un binôme connu dans tout le camp. Outre le soutien dont il a pu bénéficier de la part de quelques Italiens, Primo Lévi a en fait survécu grâce à un double concours de circonstances :
• En tant qu’ingénieur chimiste, il est recruté, après un entretien d’embauche surréaliste, avec une demi-douzaine d’autres prisonniers pour travailler en laboratoire ; les conditions de travail restent pénibles mais il a la chance d’échapper partiellement à la rigueur de l’hiver ; en outre, les produits qu’il parvient à subtiliser sont une précieuse monnaie d’échange. En revanche, il est davantage humilié par la fréquentation quotidienne des Allemand(e)s qui le méprisent avec ostentation.
• Il est interné à l’infirmerie juste avant l’évacuation du camp. Les Allemands décident de ne pas s’occuper des malades et des blessés et de les abandonner à leur sort. Certains, terrifiés à l’idée d’agoniser au milieu des baraquements vides, quittent l’infirmerie pour tenter de rejoindre la colonne, ce que Lévi considère comme une grave erreur (les Allemands élimineront ceux qui ne suivent pas). Lévi va donc rester dans l’infirmerie et parvenir à organiser, jusqu’à l’arrivée des Soviétiques, la survie de sa chambrée qu’il a la chance inouïe de partager avec des malades à peu près sains (un néanmoins périra de dysenterie) et avec deux français, récemment arrivés et encore plein de force. Cet épisode est dantesque : en visitant les baraquements abandonnés, ils parviennent à se procurer un poêle et à trouver de la nourriture ainsi que de la chaux pour purifier leur chambre. Dans un camp déserté, jonché de cadavres et d’ombres errantes grelottantes, ils se protègent sans pitié contre les autres prisonniers attirés par la chaleur, qui les supplient de les laisser entrer. Lévi et ses camarades monnayent leur aide : ils échangeront ainsi de la nourriture contre des vêtements chauds confectionnés par un tailleur parisien déporté, qui utilise des couvertures récupérés dans les baraquements !

L’édition est complétée de quelques annexes dans lesquelles Lévi, qui a présenté son livre à de nombreux collégiens et lycéens en Italie, répond aux questions qui lui sont le plus fréquemment posées. Dans ses réponses, qui sont longues et détaillées, il insiste sur le devoir de mémoire des générations pour éviter la résurgence du fascisme, qui n’a pas été totalement éradiqué par la 2ème GM. Pour Primo Lévi, il faut impérativement se défier des idéologies et des idéologues au fort charisme, car leur pouvoir d’aveuglement des masses est tel qu’il est impossible d’y distinguer le bien et le mal. L’intolérance, qui peut aller jusqu’à la haine envers l’étranger, est un trait commun à tous les peuples, qu’on retrouve également chez tous les animaux sociaux, et le fascisme était en germe dans la civilisation occidentale, où l’antisémitisme existe depuis des siècles. Le nazisme est né du fascisme mais le peuple allemand a, par désir de revanche et idéologie nationaliste, versé dans un fanatisme que leur esprit méthodique a décuplé avec une puissance inouïe et que ne peut à lui seul expliquer l’ascendant d’Hitler sur le peuple allemand. Avec le recul, l’adhésion du peuple allemand au nazisme présente un caractère irrationnel et incompréhensible. Primo Lévi insiste sur le caractère ordinaire et la médiocrité des hommes qui ont inventé et mis en place la solution finale : sa préface à la réédition des mémoires de Rudolf Höss, commandant du camp d’Auschwitz (qui fut condamné à mort et exécuté), est éloquente. Höss, qui a eu une enfance difficile et aspirait à une reconnaissance sociale, ne fut qu’un fonctionnaire zélé, qui s’est acquitté au mieux des responsabilités qu’on lui a confiées sans se poser aucune question morale. La discipline et l’obéissance furent ses vertus cardinales, comme à l’ensemble de la population allemande, qui a peu résisté et, surtout, a cherché à ne pas savoir pour ne pas être en devoir de résister…

Eric Eliès - - 50 ans - 1 février 2015


Bouleversant. 8 étoiles

Un récit extraordinaire, bouleversant... et oui des hommes ont survécu à ces souffrances.
Quel a été le moteur de leur force ? C'est tout simplement ahurissant.
Ce texte est "brut", comme le disent les critiques. Primo Levi a sans doute voulu livrer un texte "non poli" qui laisse au lecteur des interrogations béantes.

Monocle - tournai - 64 ans - 12 décembre 2014


Un texte fondateur trop distancié 6 étoiles

Primo Levi a voulu produire un témoignage brut, une description de la vie du lager quasiment factuelle, clinique, froide. Il s'en suit un récit étonnamment détaché par rapport aux horreurs décrites.

Ces éléments sont dorénavant bien connus du grand public. Si ce texte fut un témoignage fondamental sur la prise de conscience de la réalité des camps nazis au lendemain de l'après-guerre, il manque aujourd'hui pour moi de sensibilité pour poursuivre le devoir mémoriel.

Il n'en reste pas moins des réflexions sur la nature humaine d'une grande profondeur et une réelle admiration pour un homme qui a su traverser l'enfer.

Elko - Niort - 48 ans - 19 novembre 2014


A lire, à relire, et à faire lire 10 étoiles

Que dire , après avoir lu toutes ces critiques?
Qu'il ne faudrait jamais que ces témoignages tombent dans l'oubli?

Elie Wiesel a dit je ne sais plus où, ni quand, que Primo Levi était mort à Auschwitz 40 ans plus tôt.
Je ne crois pas..
En relisant ses réponses aux questions posées dans la postface, je ne crois pas. Bien au contraire. C'est un homme qui s'est battu pour pouvoir témoigner ( même si bien sûr les mots ne peuvent pas retranscrire ce qu'il a vécu) et il n'a jamais arrêté. Il fait partie des 5% des déportés italiens qui sont revenus et il dit:
" Le fait que je sois encore vivant et que je sois revenu indemne tient, selon moi, à la chance. Les facteurs préexistants,comme mon entrainement à la vie de montagne et mon métier de chimiste qui m'a valu quelques privilèges dans les derniers mois de détention, n'ont joué que dans une faible mesure. Peut-être aussi ai-je trouvé un soutien dans mon intérêt jamais démenti pour l'âme humaine, et dans la volonté non seulement de survivre ( c'était là l'objectif de beaucoup d'entre nous) mais de survivre dans le but précis de raconter les choses auxquelles nous avions assisté et que nous avions subies. Enfin, ce qui a peut-être également joué, c'est la volonté que j'ai tenacement conservée, même aux heures les plus sombres, de toujours voir, en mes camarades et moi-même, des hommes et non des choses, et d'éviter ainsi cette humiliation, cette démoralisation totales qui pour beaucoup aboutissaient au naufrage spirituel.".

Un extrait?

Quand il pleut, on voudrait pouvoir pleurer. C'est novembre, il pleut depuis dix jours et la terre ressemble au fond d'un étang. Tout ce qui est en bois a une odeur de champignon.
Si je pouvais faire dix pas sur la gauche, là, sous le hangar, je serais à l'abri; je me contenterais bien d'un sac pour me couvrir les épaules, ou même de l'espoir d'un feu où me sécher; ou à la rigueur d'un bout de chiffon sec à glisser entre mon dos et ma chemise. J'y pense , entre deux coups de pelle, et je me persuade qu'un morceau de tissu sec serait un pur bonheur.
Au point où nous en sommes, il est impossible d'être plus trempés; il ne reste plus qu'à bouger le moins possible, et surtout à ne pas faire de mouvements nouveaux, pour éviter qu'une portion de peau restée sèche n'entre inutilement en contact avec nos habits ruisselants et glacés.

Encore faut-il s'estimer heureux qu'il n'y ait pas de vent. C'est curieux comme, d'une manière ou d'une autre, on a toujours l'impression qu'on a de la chance, qu'une circonstance quelconque, un petit rien parfois, nous empêche de nous laisser aller au désespoir et nous permet de vivre. Il pleut, mais il n'y a pas de vent. Ou bien: il pleut et il vente, mais on sait que ce soir on aura droit à une ration supplémentaire de soupe, et alors on se dit que pour un jour on tiendra bien encore jusqu'au soir. Ou encore, c'est la pluie, le vent, la faim de tous les jours et alors on pense que si vraiment ce n'était plus possible, si vraiment on n'avait plus rien dans le coeur que souffrance et dégoût, parfois dans ces moments où on croit vraiment avoir touché le fond, et bien, même alors, on pense que si l'on veut, quand on veut, on peut toujours aller toucher la clôture électrifiée, ou se jeter sous un train en manoeuvre. Et alors, il ne pleuvrait plus.

Paofaia - Moorea - - ans - 17 octobre 2013


Émotion 8 étoiles

Primo Levi a vécu l'horreur absolue d'Auschwitz. Il nous raconte cette « vie », qui n'en a même plus le nom : la faim, le froid, la peur, la saleté, le travail harassant, les maladies, les sanctions, l'humiliation permanente. Tout est fait pour que l'Homme ne soit plus qu'un numéro, une bête immonde.
Et pourtant, dans cet univers d'horreur, un semblant d'organisation se met en place entre les détenus, avec de la solidarité parfois, de la haine et de la violence souvent.
Les ouvrages décrivant ces conditions où des individus ont osé se transformer en montres sont nombreux. Et ils sont indispensables pour que s'exerce le devoir de Mémoire. Mais celui-ci apporte une dimension supplémentaire. L'auteur a réussi malgré ces souffrances à réfléchir, analyser, et conserver une part de philosophie. Ceci est rendu avec beaucoup d'intensité dans l'appendice du livre. Sans pardonner - c'est impossible - il a cherché à comprendre l'incompréhensible. Il y a là une force et un courage qui forcent l'admiration et le respect.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 9 octobre 2013


D'utilité publique 10 étoiles

C'est à la lecture d’œuvres telles que celle-ci qu'on comprend toute l'envergure de l'expression "faire ses humanités" signifiant faire des études de lettres. La littérature nous raconter l'homme dans tout ce qu'il a de splendide et de monstrueux.
Primo Levi adopte un ton somme toute neutre pour ce faire reporter des horreurs qu'il a vécu. On ne sombre donc jamais dans la peur ou l'apitoiement mais on ressent sans conteste l'atmosphère d'oppression et d’abattement du camp nazi. Avec des nazis totalement dépersonnalisés on a l'impression que le Mal n'a pas de visage et peut prendre celui de chacun. J'ai trouvé le chapitre consacré aux dix jours passés seuls par les prisonniers au camp avant la libération particulièrement prenant; la solidarité qui renaît peu à peu tranche avec l'atmosphère morne et individualiste de la vie quotidienne des victimes. Bref une réflexion sur la vie et la nature de l'homme capable du pire comme du meilleur. On ne peut qu'admirer le courage et le mental de ces hommes qui s'accrochent à la vie.
Ma première lecture de l'oeuvre m'avait énormément marquée et je dois avouer que la seconde a été en dessous de mes espérances même si cela reste un chef-d'oeuvre. J'ai particulièrement aimé l'entretien de Primo Levi à la fin de l'ouvrage qui nous donne une belle leçon de vie. Un regard neutre qui ne tente ni d'expliquer, ni d’accuser, ni de pardonner et qui a des résonances à faire froid dans le dos lorsque l'on voit toutes les inepties sur la Shoah et la constante peur de l'étranger de notre époque. Un texte que chaque homme devrait avoir lu et qui en ferait réfléchir plus d'un sur la haine et le mal. Une leçon d'humanité, un passé à ne pas oublier.

Junos2005 - - 34 ans - 11 juin 2013


intéressant 7 étoiles

Un témoignage poignant sur la vie dans le camp de concentration d'Auschwitz, Primo Levi raconte son quotidien dans le camp, l'organisation, la lutte pour la survie, les conditions de vie atroces, le manque de l'humanité et la transformation des hommes en bêtes.
J'avoue que dans le début je ne me suis pas accroché, peut être parce que le style est bien différent que celui d'un roman, mais plus que j'avance dans la lecture et plus que je me retrouve à l'aise avec la lecture. Les derniers chapitres du livre je les ai trouvés d'une intensité très forte, et j'ai bien aimé l'appendice écrit en 1976 par Primo Levi dans lequel il répond aux questions les plus posées à propos de l'expérience qu'il a vécu.

Jaafar Romanista - Rabat - 36 ans - 27 février 2013


A lire évidemment 10 étoiles

Si on m'a donné à lire un livre qui m'a marqué à l'école c'est bien celui-ci! Facile à lire, intéressant, bouleversant, révoltant, ce livre auto-biographique fait aussi froid dans le dos et met à nu l'effroyable horreur des camps de concentration. C'est un témoignage important des ravages du nazisme sur les tortures corporelles et mentales exercées sur les prisonniers. L'auteur décrit très bien la déshumanisation orchestrée par l'intermédiaire d'hommes sans pitié, et la micro-société mise en place par les prisonniers pour survivre. R.I.P Primo.

FrèreGallagher - - 36 ans - 20 janvier 2013


Se souvenir... 8 étoiles

Ce livre, une fois refermé, m'a trouvé différent ce celui que j'étais en le commençant.

Et pourtant je ne le conseillerais pas ; chacun doit faire son chemin vers ce témoignage afin qu'il prenne tout son sens. Indispensable.

Stanhb - Paris - 40 ans - 11 mai 2012


Dommage 5 étoiles

Bien que j'adore les livres qui parlent de la shoah et de la deuxième guerre mondiale en général, je n'ai pas accroché à ce livre.
Je trouve que le style n'était pas très bon, qu'il y avait certaines longueurs, que certains aspects traités étaient trop techniques et je n'ai pas réussi à me plonger dans l'histoire, à accrocher aux personnages.
Par contre la fin (quand le camp est abandonné) m'a plus plu. Peut-être parce que la fin était un peu plus humaine ?
Cependant je ne donne pas plus que 2.5 étoiles pour un livre qui m'a par moment ennuyé.

Lomegas - - 34 ans - 24 mars 2012


Nous sommes tous impliqués. 9 étoiles

Que dire de " si c'est un homme " après tout ce qui a été écrit par tous ceux qui me précèdent sur cette critique éclair ?
J'ai ressenti un profond chagrin et un malaise poignant durant ce récit " vécu " , écrit d'une manière quasi dépassionnée , presque sans parti pris ni jugement , malgré l'horreur .
Je pense que cette attitude de l'auteur accentue l'impact des images effrayantes , de ce que l'humain peut faire subir à son semblable pour des idées .
En tant que soignant , je côtoie depuis de longues années la souffrance sous toutes ses formes , avec le combat quotidien pour la soulager ; ma révolte est d'autant plus forte en lisant Primo Levi .
La lutte contre la barbarie est une nécessité de tous les instants pour nous tous : nous sommes tous impliqués .

Boris52 - nice - 72 ans - 4 mars 2012


J'ai bien aimé ce livre car dans le roman de Primo Levi "Si c'est un homme" l'auteur raconte sa vie dans un camp de concentration à Auschwitz. A l'intérieur de ce récit , l'auteur nous fait part de sa vision des "êtres humain" au camp et de leur moyen d 4 étoiles

Dans un des chapitre du livre l'auteur écrit : "Les personnages de ce récit ne sont pas des hommes. Leur humanité est morte, ou eux même l'ont ensevelie sous l'offense subie ou infligée à autrui."Dans son livre il nous dit que au lager il n'y a plus de notion de temps , les hommes ne pensent plus et dans les premiers mois quand ils se faisaient taper à coup de matraques la douleur était présente et ils réagissaient aux coups donnés mais au bout d'un moment ils ne sentaient même plus les coups et ne réagissaient pas. Il n'y avait même plus la notion d'humanité ou il ne savait plus ce que cela voulait dire , l'homme ne pensait plus à rien et était complètement décalé du reste du monde. Cela peut paraître choquant mais une partie des hommes attendaient la mort ou bien tant que mal essayaient de survivre à cette horreur

Marvine35 - - 35 ans - 31 janvier 2012


Savoir et ne pas oublier 10 étoiles

Il est difficile de parler d'un tel livre. L'émotion est d'autant plus grande que l'auteur ne fait pas dans le larmoyant, dans un pathos malvenu mais dans la sobriété, la pudeur, la dignité, le récit brut, sans ornements inutile. Un témoignage sec et humaniste sur l'horreur absolue qui touche en plein coeur...

Scruggs - - 36 ans - 10 décembre 2011


Si c'est pas chiant... 1 étoiles

ATTENTION ! à ceux qui n'ont pas apprécié ce livre, attendez-vous à recevoir des mails de contestation...


alors voilà, Primo Levi, "si c'est un homme"...

Ce n'est pas un roman, ce n'est pas une biographie romancée, c'est ici un pur témoignage du calvaire qu'a dû être la vie dans le "Lager" et la perception "objective" (?) d'un prisonnier/esclave sur les camps de concentration et de travail durant la seconde guerre mondiale.

D'abord le style :

c'est mou, c'est lent, c'est fade et inintéressant ( je parle bien du style là !!); je n'ai pas été pris aux tripes et Primo Levi n'a pas réussi à me faire "vivre" la misère qu'il a vu et vécu (si tel était son but).

ensuite "l'histoire" :

et bien là pas véritablement "d'histoire"; c'est un document "technique" sur les différents mécanismes des différents niveaux hiérarchiques du microcosme d'un camps; pour ma part, j'ai vu ressortir le cliché du "juif avare" et "sournois", celui-là même que je trouvais stupide et infondé (le cliché bien-sûr !!!) mais ouf! comme c'est Primo Levi qui l'écrit inutile de polémiquer...

mais finalement :

déjà je commence le livre et voici ce que je lis :

"Vous qui vivez en toute quiétude,
bien au chaud dans vos maisons,
vous qui trouvez le soir en rentrant,
le table mise et les visages amis,
Considérez si c'est un homme,
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connait point de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non,
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que ce fut,
Non, ne l'oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez y chez vous, dans la rue,
En vous couchant ,en vous levant;
Répétez le à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous."

les trois dernières phrases me perturbent quelque-peu (à noter, comme on me l'a notifié dans un mail que ce "poème" faisait référence à un poème/texte juif; si l'on en croit wikipédia, se ne sont que les trois vers qui précèdent les trois dernières phrases du "poème" qui seraient tirés du "Shema Israël", la fin provenant bien de la plume et de l'invective de Primo Levi...mais contester la référence wikipédia sera facile donc bon, passons.)

ensuite il y a toutes ces maladresses textuelles comme l'emploi du terme "musulman" pour définir, je cite l'éditeur : "c'est ainsi que les ANCIENS DU CAMP surnommaient, j'ignore pourquoi, les faibles, les inadaptés, ceux qui étaient voués à la sélection" (j'ai mis en majuscule les "ANCIENS DU CAMP" car aucune précision vient conforter l'idée que ce serait un "surnom" généré par les nazis, mais bien par les "anciens du camp"...comprend qui veut...).

et que dire de ce passage :

"Celui qui tue est un homme, celui qui commet ou subit une injustice est un homme. Mais celui qui se laisse aller au point de partager son lit avec un cadavre, celui-là n'est pas un homme. Celui qui a attendu que son voisin finisse de mourir pour lui prendre un quart de pain, est, même s'il n'est pas fautif, plus éloigné du modèle de l'homme pensant que le plus FRUSTE DES PYGMEES et le plus abominable des sadiques."

alors quoi ? un homme soumis à une "hiérarchie" débile, trainé dans la boue, considéré comme moins que rien, poussé à devenir un animal et plus un homme ne retire aucune "sagesse" de tout ça ? lui même considérant qu'un "pygmée" est un animal en soit, avant d'être un homme ?

on en revient à la question de départ "si c'est un homme"...oui monsieur Levi, mais...qu'est-ce donc pour vous..un homme ?

Arold kiery - - 42 ans - 31 octobre 2011


Un devoir de présent 9 étoiles

Dépassant la littérature purement concentrationnaire, Levi a eu le génie ici et le malheur d’écrire un livre de la sorte. Génie car, sa parole est d’autant plus renforcée par une objectivité qu’il garde constamment, ainsi nul doute n'est permis sur la barbarie nazie et malheur également , d’avoir vécu ce qu’il a écrit.

Le larmoyant n’est donc jamais là, mais c’est bien plus que vos yeux qui sont pris à partie, ce sont vos tripes, racontée de la sorte, la captivité dans les camps met en relief la valeur du véritable homme, celui qui n’est plus alors rattaché à sa condition mais qui retourne à l’état d’animal. Cet état originel de non-culture dont chacun pensait qu'il n'existerait plus jamais s'est mis à refaire surface, les accidents sur l'homme lui ont volé son essence, sa véritable nature. L’auteur dresse bien plus qu’un témoignage, mais une mise en garde. Un avertissement qu’il veut à jamais fixer en chacun de nous.

C’est donc cela, on ressort de ce livre avec un sentiment étrange teinté d’horreur, de mépris et de lâcheté concernant l’Homme. Beaucoup disent sortir de ce livre changés, j’en fais évidemment partie, mais contrairement à la majorité je pense juger ce changement d’un découlement de ce que le monde représente réellement pour nous, sans son éducation, son respect et ses codes. Au-delà de la question historique on arrive à une question bien plus massive, celle de la vie, du comment et du pourquoi de celle-ci. Je n’ai pas changé en ce qui concerne l’Histoire, je la savais horrible, mais j’ai changé mon regard sur les gens, observé telle ou telle personne retrouvant en lui soit Ziegler, soit Alex soit le Pikolo. Comment nous hommes civilisés réagirions-nous face à ce que ces gens ont vécu ? Et si le devoir de mémoire résidait dans le fait de transposer cette expérience dans notre quotidien, nous faisant dépasser bien plus l’idée originelle du livre alors , sans doute, l’humanité se porterait mieux.

Tim - Limas - 30 ans - 3 septembre 2011


Plus qu'un homme 9 étoiles

Cela fait des années que j'hésitais à lire ce livre pour différentes raisons : j'avais déjà beaucoup lu sur cette période de l'histoire, j'avais tellement entendu parler de ce livre que j'avais presque l'impression de l'avoir lu et c'est une lecture que l'on recommande beaucoup aux collégiens.
Mais j'ai fini par tomber dessus par hasard, alors je me suis dit pourquoi pas. Et j'ai bien fait.

"Nous voudrions dès lors inviter le lecteur à s'interroger : que pouvaient bien justifier au Lager des mots comme "bien", "mal", "juste" et "injuste" ? A chacun de se prononcer d'après le tableau que vous avons tracé et les exemples fournis ; à chacun de nous de dire ce qui pouvait bien subsister de notre monde moral en deçà des barbelés."
Primo Levi a visé juste. Plus que le récit du quotidien affreux qu'il a subi comme des millions d'hommes, c'est les réflexions que soulève ce roman qui marquent. La réalité vécue est trop abjecte pour y penser, et l'on préfère se concentrer sur les capacités de défenses de l'homme : des capacités morales, intellectuelles, physiques ? Non, c'est autre chose de beaucoup plus fort, d'inconcevable qui a permis à ces hommes de survivre ou de mourir.

"Mais ici, au Lager, il n'y a pas plus de criminels qu'il n'y a de fous : pas de criminels puisqu'il n'y a pas de loi morale à enfreindre ; pas de fous puisque toutes nos actions sont déterminées et que chacune d'elles, en son temps et lieu, est sensiblement la seule."
"Les personnages de ce récit ne sont pas des hommes. Leur humanité est morte, ou eux-même l'ont ensevelie sous l'offense subie ou infligée à autrui. Les SS féroces et stupides, les Kapos, les politiques, les criminels, les prominents grands et petits, et jusqu'aux Häftlinge, masse asservie et indifférenciée, tous les échelons de la hiérarchie dénaturée instaurée par les Allemands sont paradoxalement unis par une même désolation intérieure."

C'est si bien dit. C'est exactement ce que l'on ressent à la lecture du livre et plus généralement lorsque l'on pense à cette période : ces hommes, ces nations ont été pris dans un engrenage terrible, et finalement, plus personne n'était directement maître de rien. Mais ce n'est pas pour autant une excuse, loin de là.

Un livre vraiment très fort et qui raconte si bien l'homme dans un territoire pourtant si déshumanisé.

Elya - Savoie - 34 ans - 27 mars 2011


Effrayant et à la fois touchant! 9 étoiles

Après un début plutôt long de ma part pour cette lecture, je me suis totalement rendu compte que ce livre était un témoignage dur, mais fidèlement retracé sous la plume de Primo Levi! Une preuve de ce que la cruauté de l'Homme peut faire à ses égaux! A lire!

Woody94 - - 30 ans - 17 mars 2011


A lire... 7 étoiles

Et à conseiller !

Gael do rozario

Gaeldorozario - - 44 ans - 14 décembre 2010


Une oeuvre d'une grande humanité dans un univers déshumanisé 10 étoiles

On entre dans ce livre pensant connaitre les horreurs de la Shoah, car, oui, nous l'avons étudié au collège, nous pensons être informé... Ce récit, vécu de l'intérieur, nous plonge dans ce que l'Homme peut avoir de plus cruel. On le lit "comme une fiction" ne pouvant à peine prendre conscience de toute cette barbarie, puis on lève la tête et on se dit: "Mais c'est vrai, c'est arrivé...". C'est une lente descente aux enfers... Ecrit avec beaucoup de pudeur, ce livre reste pour moi une oeuvre majeure et incontournable dans notre devoir de mémoire.

Nina2010 - Bordeaux - 47 ans - 12 septembre 2010


Un autre regard sur l'horreur 9 étoiles

Grâce à un talent fait de naturel et de douleur, Primo Levi témoigne de l'horreur avec génie et originalité. On découvre une autre image d'Auschwitz, tout aussi intolérable mais beaucoup plus déshumanisante par ses logiques honteuses et sa barbarie silencieuse. L'essence même de l'Homme, une analyse sociale et biologique entre 4 murs de barbelés traduits par le regard intelligent de Primo Levi. On en a lu, vu, entendu beaucoup sur Auschwitz, mais après "Si c'est un homme", on se sent de nouveau ignorant et bouleversé. Sublime!

Antalarion - Thuillies - 33 ans - 28 août 2010


Poignant 9 étoiles

Un témoignage poignant même si le style n’est pas larmoyant.Très bien écrit et très dérangeant aussi ! Un livre dont la lecture ne peut laisser indifférent.

Nb23 - Bruxelles - 57 ans - 26 août 2010


Temoignage et littérature 10 étoiles

Je ne vais pas répéter l'importance de ce texte en tant que témoignage mais je souhaiterais appuyer sur la grande qualité littéraire. Primo Levi a commencé à écrire pour raconter les camps mais il est également l’auteur d'une dizaine de livres autobiographiques et d'un recueil de poésie.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 28 juillet 2010


si c'est un homme 8 étoiles

Ce que Levi a bien mis en relief dans ce témoignage, et que l'on ne retrouve pas toujours dans d'autres, c'est les sensations de faim et de froid omniprésentes tout au long du livre. Il dépeint très bien le "marché noir" et les relations entre déportés et rappelle que dans les camps il y avait aussi des communistes, des homosexuels, des opposants politiques, des résistants, des tziganes,...

Clyne - - 39 ans - 3 juillet 2010


L'horreur racontée 8 étoiles

Tout a été dit dans les critiques précédentes. Je tenais juste à dire que je trouve toujours ces témoignages bouleversants. Impossible de rester insensible aux souffrances que ces personnes ont endurées. Quelle horreur! C'est bien qu'il y ait de tels livres pour ne jamais oublier.

Lalie2548 - - 39 ans - 6 mai 2010


SE QUESTO E UN UOMO 8 étoiles

Encore une histoire sur les camps.
Tant mieux, car il n'y en aura jamais assez.
Une pierre de plus pour construire le monument de l'histoire, pour nous souvenir de ce que l'homme est capable de faire à un autre homme.

Pat - PARIS - 60 ans - 25 avril 2010


Bouleversant 9 étoiles

Primo levi nous parle de son vécu dans les camps de concentration. C'est un livre très émouvant et il reste assez objectif ce qui est incroyable.J'ai eu du mal à le lire mais j'ai finalement réussi.

Mazal - - 29 ans - 17 avril 2010


Un témoignage précieux 8 étoiles

Un livre qui atteste de l'horreur des camps de concentration et qui a comme particularité de ne pas présenter les événements trop chronologiquement, mais par thème : le travail, la sélection, la nuit etc.
Quel que soit le chapitre, on s'enfonce toujours plus dans l'horreur et la désolation. On a peine à croire que l'humanité ait pu tomber si bas.
Ce qui m'a également surpris à la lecture de ce libre, c'est la pudeur dont l'auteur fait part...la haine ne semble venir que d'un côté...

Boitahel - Paris - 40 ans - 27 janvier 2010


Poignant ! 9 étoiles

Un livre poignant .

Primo Levi prend soin de montrer l'étonnement des personnages enfermés et de (re)tracer l'impeccable organisation des nazis dans le camps . Une cruauté planifiée , construite et très bien élaborée.

"Si c'est un homme " est un témoignage hors pair . Très bien écrit et très bien raconté. Un des plus complets témoignages du génocide organisé lors de cette Seconde Guerre Mondiale. Un livre poignant et sans aucun doute très courageux . Il n'a pas dut être facile de se remémorer de tels évènements pendant l'écriture de cet ouvrage.

Bouiboui - - 34 ans - 14 décembre 2009


Un livre pour ne pas oublier 8 étoiles

Un énième roman sur les camps de concentration, pourrait-on croire au premier coup d'oeil. Mais ce livre n'est justement pas comme les autres. Il nous apporte quelque chose de plus. Comme il le dit lui-même, P.Levi ne juge pas, il constate. Son point de vue est on ne peut plus objectif et jamais il ne laisse la haine gouverner son roman. Chaque détail est retranscrit filèlement. P.Lévi brosse des portraits psychologiques poussés et essaie de comprendre en même temps que nous. C'est justement là que réside toute la force du récit. A travers les camps de concentrations, P.Lévi pose une réflexion sur le bien et le mal, mais il laisse au lecteur le soin d'interpréter et de juger par lui-même. Il raconte son histoire comme témoin et non comme accusateur, sans haine envers ses bourreaux.
L'écriture n'est pas spécialement belle, mais elle colle bien au récit. Tout le temps neutre, parfois teintée de philosophie, elle n'envoûte pas, mais informe. Pour ce genre de roman, cela suffit.

Primo Lévi rend un bel hommage aux victimes de l'holocauste. Un livre pour ne pas oublier l'un des événements les plus tragique de l'histoire.

Alexis92 - - 32 ans - 7 août 2009


un chef d'oeuvre 10 étoiles

S'il n'y avait qu'un.
Un seul livre à lire sur la période de la deuxième guerre mondiale, je dirais que c'est celui-ci.
Pourquoi?
Tout a été dit dans les nombreux commentaires.
Ma raison principale est que jamais un livre ne m'a autant permis de comprendre la chance que l'on a de ne pas avoir vécu ce qu'a vécu Primo Levi et des millions de juifs exterminés ou survivants (les naufragés).
Sur le style de l'écriture, je voulais juste ajouter qu'il est merveilleux de simplicité.
Je ne l'ai lu qu'en français mais la traduction est vraiment formidable.

Lebowskijeff - paris - 50 ans - 22 mai 2009


Genre : Drame réel et autobiographique 8 étoiles

Primo Levi était un homme, et une fois rentré à Auschwitz, n'est plus qu'un nombre. Primo Levi écrit un livre qui est un témoignage, pour que ce qui a été réel et nous paraît bien loin reste dans les mémoires. Un témoignage sobre, qui ne laisse paraître aucune rancune, aucun ressentiment face aux responsables de cet endroit. Nous retrouvons l'aspect du doute. Les détenus des camps hitlériens ne savaient pas forcément ce qui se passait sous leurs yeux. La solidarité n'existait pas forcément. Et la révolte n'était pas évidente, tant matériellement que moralement.

Un témoignage instructif, qui a sa place dans tout homme. Une sincérité offerte en même temps que le déchirement moral face à cette réalité historique et abominable.

Elouan.A - - 32 ans - 3 janvier 2009


Une leçon 10 étoiles

Un témoignage bouleversant et une souffrance morale presque insoutenable font de ce livre un chef d'oeuvre.

Kenzy Malone - - 44 ans - 28 décembre 2008


Témoignage d’un passé pas si lointain 10 étoiles

C’est un de ces livres qui marquent profondément. Sa force réside bien entendu dans le fait que c’est une histoire vraie qui est ici relatée. J’ai apprécié le style de l’auteur qui reste assez factuel et rend ainsi ce témoignage horrifiant accessible à tous.
Je le recommande à tous.

Ketchupy - Bourges - 44 ans - 27 décembre 2008


Oui mais 7 étoiles

Oui c'est un incontournable de la littérature concentrationnaire.
Mais ( et oui il y a toujours un "mais"), ce n'est pas le plus véridique, le plus représentatif des camps de concentration.
Pourquoi? Et bien Levi était avant tout un humaniste, son récit sent l'humanisme à plein nez! Loin de moi l'idée de juger les protagonistes de l'histoire, mais il arrive souvent qu'on en veuille à ceux qui nous ont fait souffrir. L'auteur a trop de recul par rapport à ce qui c'est passé, il analyse trop, ce qui rend le récit moins vivant.

Cependant,on ne peut pas nier que c'est un des témoignage les plus important sur les camps (car probablement le plus souvent lu) et incontournable.

Smokey - Zone 51, Lille - 38 ans - 5 septembre 2008


Choqué par les propos de Gooner et Vitalic 10 étoiles

Ce livre est une bombre émotionnelle intense et remarquable.
Par contre, les critiques des deux internautes cités dans le titre de ma critique-éclair sont ahurissantes de stupidité.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 30 mai 2008


Me laisse un goût âcre dans la bouche... 2 étoiles

Entièrement d'accord avec Vitalic. La référence aux pygmées est d'une confondante sottise, l'ensemble du couplet résonnant inéluctablement comme très, très maladroit. Difficile de mettre 0 à un témoignage par ailleurs assez instructif sur ce qu'a pu être la vie des camps ; mais ce dérapage saborde quand même beaucoup l'ensemble.

Gooneur - TOULOUSE - 40 ans - 10 avril 2008


Il faut faire entendre Primo Levi ! 10 étoiles

Les Nazis auront eu finalement la peau de Primo Levi qui n'admettra jamais d'avoir pu échapper à ce qui fut fatal à des millions d'autres internés comme lui dans des camps de concentration en se suicidant après avoir longuement témoigné et n'avoir pas forcément toujours été cru.

Le témoignage fait la force de ce livre mais ce qui lui donne toute sa dimension c'est la froideur avec laquelle les faits sont rapportés. Primo a tu toutes ses émotions, a voilé sa haine, a masqué son désir de vangeance - s'il en avait un - il a décrit sans passion, sans émotion pour être simplement entendu et peut-être écouté. Et tous n'ont pas écouté et certains n'ont même pas entendu !

Un livre qu'il faut faire lire !

Débézed - Besançon - 77 ans - 4 mars 2008


rien à rajouter 10 étoiles

Je suis comme tous les lecteurs bouleversés par ce témoignage, simple mais très efficace sur la vie des déportés. A transmettre à nos générations pour éviter que l'horreur ne se renouvelle, pourtant bien des génocides depuis !

Dudule - Orléans - - ans - 12 février 2008


Entrée dans les camps 8 étoiles

En entrant dans ce livre il m'a semblé entrer dans les camps avec l'auteur et ses "camarades" de misére. On ressent l'enfer de ce lieu et les démons qui le gouvernent.Lors de ma lecture, je ressentais l'envie de vite refermer ce livre afin de fuire ces atrocites, insupportable à lire mais surtout à vivre....
Il y'a peut être mieux à lire sur les camps de concentrations, des livres plus choquants et plus violents...Mais dans ces lieux la violence et la haine étaient sans bornes.

Soleada - - 35 ans - 6 novembre 2007


Bémol 5 étoiles

Ayant entendu beaucoup d'éloges à propos de ce livre, je l'ai lu , il y a de cela quelques mois. J'ai plutot été déçu. Certains passages sont d'un ennui! Et le style de l'auteur n'est pas agréable. Certes on ne demande pas que ce soit un chef-d'oeuvre mais plutôt un témoignage mais même dans ce rôle ce livre est peu convaincant face à d'autres oeuvres tel qu' "une vie bouleversée" d'Etty Hillessum...

Witchboy - - 37 ans - 2 août 2007


Ne pas oublier 10 étoiles

Primo Lévi nous raconte son vécu par des mots simples, et sans aucune critique à l'égard des nazis. Il est très bien arrivé à faire le travail de l'historien, qui doit analyser les faits et rester objectif. Et je pense que c'est un exploit d'être si objectif, malgrè que ce soit lui la victime. Tout le monde devrait lire ce livre, pour ne pas oublier, pour ne pas reproduire cette horreur.

PA57 - - 41 ans - 16 juillet 2007


et cependant 10 étoiles

pour faire TRES GROS, Levi écrit "il faut tout de même vivre..."...... puis, il finit par se suicider, à cause de cela, de la déshumanisation qu'il a vue, parce qu'il a compris que les bourreaux ignobles étaient des gens ordinaires, et que ça lui était devenu insupportable.
Sans doute, intellectuellement, il faut vivre, mais le fait d'avoir vécu cette horreur indicible rend cette "survie" impossible... comme s'il n'y avait, peut-être, aucun espoir

Attentif - - 92 ans - 28 novembre 2006


une claque en pleine figure! 10 étoiles

Peu de choses à rajouter... livre exceptionnel, des détails impensables, une ignominie, un scandale.... Bref il faut le lire, il faut le relire, il faut absoluement en prendre connaissance! Un témoignage boulversant!

Bibou379 - - 40 ans - 30 octobre 2006


témoignage majeur 9 étoiles

Que dire de plus sur ce livre témoignage,plus puissant pour moi que Jorge Semprun, plus sombre qu'Imre Kertesz, Primo Levi a retranscrit une partie de l'horreur des camps par son style épuré.

Voici un extrait de "la trêve" du même Primo Levi qui pour moi est très puissante : " Ici, ce n'est pas un hôpital. C'est un camp allemand, il s'appelle Auschwitz et on n'en sort que par la cheminée. C'est comme ça; si ça ne te plaît pas, tu n'as qu'à aller toucher les fils électriques"

Soili - - 51 ans - 8 septembre 2006


Autopsie du génocide 10 étoiles

Comment survivre le moins mal possible à l'internement dans un camp de concentration et d'extermination ? Primo Levi s'y prend remarquablement par une description quasi-clinique truffée d'anecdotes, qui permet tout autant de prendre la mesure de ce qu'on n'ose même pas imaginer et d'adopter la distance que l'on désire quand cela devient trop dur.
Ce qui m'a frappé a été la répartition des détenus par "type" d'internement, par origine géographique et pour les raisons, les entr'aides au quotidien, bien sûr la dévitalisation des prisonniers et la manière de se raccrocher au moindre détail pour résister.
Primo Levi a eu la "chance" de pouvoir travailler au laboratoire de chimie du camp, ce qui lui a permis de se réchauffer un peu.
L'écrit en lui-même est suivi des réponses aux questions qu'on lui a le plus posées, épilogue que j'ai trouvé passionnant.

Indispensable pour son devoir de mémoire.

Veneziano - Paris - 46 ans - 19 août 2006


Déresponsables 10 étoiles

Dès les premières pages ce livre nous plonge dans un océan de réflexions. Je l’ai lu comme l’auteur l’a écrit, c’est-à-dire comme le compte-rendu d’une expérience de laboratoire sur l’âme humaine. La description méthodique des conditions extrêmes de vie à Auschwitz, l'énumération patiente des souffrances endurées par le narrateur ainsi que le fil de ses réflexions, la poignante froideur de son récit qui s'adresse directement à notre intelligence, tout cela force à s’interroger sur la notion même des conditions initiales de l'humanité, ce que le titre résume parfaitement : un homme, qu’est-ce que c’est ?

Un passage au début du livre m’a particulièrement frappé. La scène décrit l’arrivée à Auschwitz.

"Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l'air indifférent. A un moment donné ils s'approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d'entre nous en les prenant à part, rapidement : " Quel âge? En bonne santé ou malade ? " et selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes. "
Tout baignait dans un silence d'aquarium, de scène vue en rêve. Là où nous nous attendions à quelque chose de terrible, d'apocalyptique, nous trouvions, apparemment, de simples agents de police. C'était à la fois déconcertant et désarmant. Quelqu'un osa s'inquiéter des bagages. Ils lui dirent " bagages, après "; un autre ne voulait pas quitter sa femme ils lui dirent " après, de nouveau ensemble " ; beaucoup de mères refusaient de se séparer de leurs enfants : ils leur dirent " bon, bon, rester avec enfants ".
Sans jamais se départir de la tranquille assurance de qui ne fait qu'accomplir son travail de tous les jours; mais comme Renzo s'attardait un peu trop à dire adieu à Francesca, sa fiancée, d'un seul coup en pleine figure ils l'envoyèrent rouler à terre : c'était leur travail de tous les jours."

On ne peut pas mieux parler et plus sobrement de la déresponsabilisation. Aujourd’hui encore, sur un mode certes moins tragique, nous souffrons des maux qui nous sont infligés par nos frères déresponsables. Tous les jours nous croisons des individus, qui à l’instar de ces SS, se réfugient derrière un devoir, une mission (ou une démission), une règle du jeu ou que sais-je et s’abandonnent en toute innocence à l’opium de la déresponsabilisation.

Pablito - - 70 ans - 5 juillet 2006


comment dire et lire l'indicible 9 étoiles

Je ne suis pas certaine qu'Elyria et moi ayons lu le même livre, ou plutôt, j'en suis certaine, mais nous n'avons pas la même capacité d'empathie (en a-t-elle ?)
Comment Primo Levi aurait-il pu écrire un livre dans lequel il nous impliquerait ? cela aurait signifié pour lui revivre ce qu'a été cet épisode de sa vie, comment aurait-il pu survivre à cette plongée dans un cauchemar si réel pour lui, il en serait mort. D'ailleurs, il en est mort !

Un peu d'empathie, Elyria, moins de sécheresse de coeur, les camps de concentration sont une réalité, ils ne sont pas là pour qu'on s'y "implique" (quel terme odieux!)
Si tu as besoin de spectacle, de scénarisation pour être émue, il reste La liste de Schindler.

Ce n'est pas un roman mais un témoignage, Primo Levi ne cherche pas à distraire un lecteur, mais couche sur le papier ce qu'il a vécu, et cette atonalité est non seulement glaçante, mais selon moi, elle était le seul moyen pour lui de raconter son expérience des camps.

Vda - - 49 ans - 22 juin 2006


un style qui n'est pas assez personnel 6 étoiles

alors oui, bien sûr on n'en ressort pas comme quand on y est rentré mais le style empêche de s'impliquer dans l'histoire: c'est comme si l'auteur, tout en nous racontant son histoire nous laissait à part. Peut être est-ce un réflexe, je ne sais pas, mais j'ai vraiment pas réussi à rentrer dedans, je sais que c'est tragique ce qui s'est passé à Auschwitz mais ce livre a pour moi été bien moins choquant que de voir et de parler aux déportés. Peut-être est-ce une expérience que je comprend mieux à l'oral mais le style de Primo Levi est bien trop impersonnel à mon gout: en voulant se faire simple témoin de son passage au Lager, Primo Levi ne nous fait pas vivre cela correctement, à mon avis.

Elyria - - 33 ans - 22 juin 2006


se questo è un uomo 10 étoiles

J'ai du lire ce livre en Terminale, et jamais je ne remercierai assez M.Tourrel (big dédicace mdr) de nous l'avoir imposé! En plus je suis tombée dessus au bac et j'ai tout déchiré! lol

C'est un livre tellement poignant, tellement réel et tellement tragique!!! Voilà enfin un livre qui parle des camps sans en faire trop, avec des mots simples, des gens vrais et qui relate pourtant une situation tellement atroce!

J'ai lu, j'ai pleuré, j'ai ri, j'ai repleuré...et je l'ai relu en italien cette fois, suivi de La Tregua, bien plus poignant encore en italien selon moi!

Merci Primo!!!

Prouprette - Lyon - 40 ans - 8 mai 2006


mode d'emploi pour déshumaniser un homme... 8 étoiles

Cette autobiographie de Primo Lévi se rapproche plus du témoignage que de la vraie autobiographie. Il raconte de loin ce qu'il a vu en essayant de ne pas faire transparaître ses sentiments... mais nous comprenons que cela est impossible. Être un homme, être au dessus de tous les animaux, est un bien grand mot... Dans ce récit, Primo Lévi nous apprend à quel point il est facile de rabattre un être humain à l'état animal tout simplement en le traitant comme un animal...
L'instinct de survie devient alors indispensable dans le camp et je n'ai rien d'autre à rajouter à part que ce récit est terriblement bouleversant et qu'il donne une description des camps de concentration aussi précise que possible grace au fait que l'auteur fait un témoignage sur les camps et la souffrance et non pas sur lui même...
Un témoignage terrible, une histoire bouleversante et une marque indélébile, cette autobiographie de Lévi est une véritable source d'informations et nous pourrions le considérer comme un chef-d'oeuvre révélant la véritable nature humaine et comment la détruire simplement par la haine envers une "race" autre que la sienne...

Estel - Briançon - 36 ans - 17 mars 2006


...... 10 étoiles

Surement un des plus beaux livres que j'ai lu car c'était vraiment comme ça ... je pense qu'en tant qu'être humain c'est notre devoir de savoir. Il est important d'avoir lu ce livre si important à mes yeux ...

Valentina - - 33 ans - 10 février 2006


Récit historique 8 étoiles

voici un livre qui m'a tenu en haleine du début à la fin. Comment a t-il fait? pourquoi ? Mais l'auteur ne juge pas. Comment ne pas porter un jugement sur cette période!!
Un livre à lire à conseiller pour ne pas oublier

Francois jean - ROUBAIX - 71 ans - 3 février 2006


L'espoir 10 étoiles

Oui, vous avez tous raison, ce livre est un sommet de la littérature mondiale, il n'y a rien à ajouter à vos propos, si ce n'est que je suis émerveillé de voir le nombre de jeunes critiqueurs de 16, 17 ou 20 ans qui ont été marqués par sa lecture, et qui le disent. Là, il y a de quoi espérer en un monde meilleur malgré les néo-nazis qui osent relever la tête. Bravo à vous, Vitalic, Teardrop, Lileene, Vanco, Banzaille, ABsolution, etc. Vous êtes l'espoir de ce monde.

Le rat des champs - - 74 ans - 27 novembre 2005


N'oubliez pas que cela fut... 10 étoiles

Voici une énième critique du témoignage de Primo Levi. Pourquoi me direz vous ? Parce qu'on ne parlera jamais assez des atrocités faites dans les camps par les nazis. Parce qu'on doit lutter contre l'oubli. Parce qu'il est s'agit d'un devoir de mémoire.
Levi a écrit un témoignage bouleversant, poignant qui raconte l'indicible avec des mots si justes.
A lire.

Manon - Paris - 35 ans - 26 novembre 2005


Dur mais nécessaire 8 étoiles

D'habitude je lis un livre plutôt rapidement. Ca n'a pas été le cas pour celui-ci. Tout d'abord parce que l'on entre dans l'intimité de l'horreur et ensuite parce qu'il faut, je pense, le lire lentement pour mieux comprendre ce qu'ont subit toutes ces personnes qui ont été forcés de regarder l'enfer dans les yeux et de vivre avec cette vision dégradante de l'Homme toute leur vie... s'ils survivaient.

Lileene - - 40 ans - 19 octobre 2005


Emotion 10 étoiles

Ce livre m'a vraiment beaucoup ému car ce qu'il raconte, peu de personnes ont pu le faire en l'ayant vécu de l'intérieur.
Pour répondre à certains commentaires, je pense que s'il s'est suicidé après tout cela, c'est qu'il ne devait pas être facile de vivre en se souvenant de tout cela. Il a essayé, il y est arrivé, mais ce genre d'expérience marque à vie! (ce n'est que mon opinion)
Enfin, Vitalic trouve Primo Lévi arrogant.... je ne crois pas, qui n'a pas pensé que les nazis ont essayé de transformer les hommes en animaux?? N'oublions pas que certains nazis prenaient des hommes pour des chiens et eux étaient heureux car cela leur assurait un repas et un place au chaud pour dormir!!!
Et je ne pense absolument pas que le passage cité soit raciste... Pour pygmées, aller voir dans un dictionnaire!!

Clairesrc - - 39 ans - 7 septembre 2005


chef d'oeuvre 10 étoiles

C'est en lisant des chef d'oeuvres tels que "si c'est un homme" qu'on ressent le besoin d'étudier l'histoire, à défaut de pouvoir la comprendre. Primo Lévi nous sauve, en racontant si bien son douloureux passé il peut, qui sait? , nous éviter des erreurs...

Azerty61 - normandie - 36 ans - 5 août 2005


UN LIVRE QUI VOUS PREND AUX TRIPES 10 étoiles

Que dire encore sur ce livre, qui n'ait déjà été dit dans les critiques précédentes... une seule chose peut-être il s'agit d'un livre qui vous prend aux tripes, un livre dont on ne ressort pas pareil après l'avoir lu... et que je conseille à tout le monde de lire...

Quand à VITALIC, cité plus bas, je suis scandalisé par ta critique...il est évident que tu N'A PAS lu lce livre... sinon comment oserais tu traiter LEVI de raciste, alors qu'après tout le mal (et le mot est faible) que les nazis lui ont fait, tu ne trouvera nulle part dans ce livre une remarque déplacée, un juron, un mot raciste, un reproche quelconque contre non seulement les nazis, mais même contre le peuple Allemand...

Tous ceux qui ONT LU ce livre peuvent te le dire...

Nous sommes en train de parler là d'un des plus grands livres jamais écrits sur l'holocauste, crois tu vraiment ne fut-ce-que qu'un instant que ce livre aurait une telle renommée, une telle réputation, plus de 50 ans après sa parution, s'il contenait des propos racistes...

LIS LE LIVRE et tu feras une idée par toi-même, ne juge pas le livre sur une simple citation sortie de son contexte...

Septularisen - - - ans - 23 juin 2005


ferme les yeux 10 étoiles

Ce qui frappe aussi, c'est qu'on puisse écrire ça après une telle épreuve :

"Pour rentrer à la Buda, il faut traverser un terrain vague encombré de poutres et de treillis métalliques empilés les uns sur les autres. Le câble d'acier d'un treuil nous barre le passage ; Alex l'empoigne pour l'enjamber, mais, Donnerwetter, le voilà qui jure en regardant sa main pleine de cambouis. Entre-temps je suis arrivé à sa hauteur : sans haine et sans sarcasme, Alex s'essuie la paume et le dos de la main sur mon épaule pour se nettoyer ; et il serait tout surpris, Alex, la brute innocente, si quelqu'un venait lui dire que c'est sur un tel acte qu'aujourd'hui je le juge, lui et Pannwitz, et tous ses nombreux semblables, grands et petits, à Auschwitz et partout ailleurs."

Julius - - 51 ans - 17 juin 2005


Sous-traitance à Auschwitz 10 étoiles

Ce qui frappe à cette lecture, quand on ne la connaissait que par ouï-dire, ce ne sont pas tant les brutalités nazies, mille fois répertoriés depuis. Peu d'Allemands dans le camp. Passé l'accueil aboyant du kommandant (sur fond de romance à la mode jouée par l'orchestre!), ils ont passé le relais aux prisonniers eux-mêmes, Polonais, Italiens, Français, pour se détruire à petit feu les uns les autres en échange d'un peu de pain, de soupe, d'un peu de survie.
Ce qui frappe, c'est l'organisation souterraine du camp, avec son marché noir vaguement toléré, les ruses pour échapper aux sélections, à la fatigue quand elle devient mortelle; le fait que les catégories qui ont survécu aient eu leur utilité : le cordonnier, l'homosexuel, le cuisinier, le fou marrant... (Primo Lévi était chimiste - d'où, peut-être, cette écriture efficace et concise, pas larmoyante)
Comme dans "Shoah" de Lanzmann, le plus éprouvant à soutenir, c'est ce quotidien plein de petits détails qui banalisent l'épouvantable. Pire qu'un carnage.

Julie D - Paris - 63 ans - 17 juin 2005


N'oublions pas ! 10 étoiles

un livre terrifiant, bouleversant sur l'univers concentrationnaire . Les hommes avilis à l'état d'animalité, il ne sont plus que des "häflings"( numéro). Primo nous décrit l'univers des déportés, avec une telle objectivité en aucun cas il ne dit de méchanceté . Il a un tel recul lorsqu'il l'a écrit ! En revanche il nous met en garde dans le poème en exergue "shèma" ,"vous qui vivez en toute quiétude" "souvenez vous" Tel le livre de Dante il nous plonge en enfer ! Lentement dans chaque cercle le lecteur descend. C'est un livre qui nous laisse sans voix , et qui vous met face à l'horreur et à la bêtise humaine. pas de mots pour décrire cela!

Ice-like-eyes - nantes - 40 ans - 3 juin 2005


Quel témoignage!! 10 étoiles

A lire absolument pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, il fait partie des livres les plus émouvants que j'ai lu jusqu'à présent. C'est inexplicable

Nousikamibo - Bruxelles - 50 ans - 31 mai 2005


Un témoignage captivant... 8 étoiles

... et bouleversant.
Comment expliquer tant d'horreur, tant de souffrance dans un seul livre ?
Primo Levi s'y attelle quand même, et son témoignage est à ne pas manquer.
Pour celui ou celle qui a posé la question "pourquoi s'est-il suicidé", certaines horreurs ne s'oublient pas. Et je pense qu'il a été hanté par les horreurs de la guerre tout le reste de sa vie.

Teardrop - - 36 ans - 25 mai 2005


Qui peut m' aider...SVP 10 étoiles

Qui a une idée du pourquoi Primo Levy a mis fin a ses jours? Je me suis toujours dit qu' après tant de souffrances (et le mot est bien faible...)un homme comme lui n' aurait pas pu se faire mourir....Alors maladie? chagrin d' amour ou d' amitié ?...( j' en douterais encore...)...Désespoir? Isolement?...
Martin Grey avait lui aussi été tenté par l' idée de se donner la mort....Mais on peut comprendre pourquoi...
Mais pour Primo LEVY...qelqu' un sait il???
MERCI!!!

Thierrychayo - - 66 ans - 7 mai 2005


oui, mais... 1 étoiles

"Celui qui tue est un homme, celui qui commet ou subit une injustice est un homme. Mais celui qui se laisse aller au point de partager son lit avec un cadavre, celui-là n'est pas un homme. Celui qui a attendu que son voisin finisse de mourir pour lui prendre un quart de pain, est, même s'il n'est pas fautif, plus éloigné du modèle de l'homme pensant que le plus fruste des Pygmées et le plus abominable des sadiques."

Kreen78 - Massy - 26 ans - 10 avril 2005

Je pense que pour une victime du Nazisme, Primo Levy est bien arrogant.

C'est quoi des "Pygmées" ?.

Faut que quelqu'un m'explique, je ne comprends le sens de sa citation.

La communauté noire peut se prononcer, moi çà me choque que Kreen78 cite ce passage qui sent le racisme à plein nez.

Un blanc.

Vitalic - - 44 ans - 5 mai 2005


Quel témoignage ! 8 étoiles

En cette année commémorative, voilà un livre à relire. Ce qui est incroyable dans ce bouquin, c'est que Primo Levi n'a aucune haine envers ses bourreaux. Il raconte ce qu'il a subi avec une pudeur exceptionnelle et ne semble même pas avoir de rancune et c'est ce qui fait la force de ce livre et montre à quel point le sentiment d'aliénation dans les Lager ôtait aux hommes toute forme de révolte. Poignant.

Oxymore - Nantes - 52 ans - 1 mai 2005


Petit poème d'Aragon qui illustre bien le livre (enfin il s'agit de Dachau) 10 étoiles

CHANSON POUR OUBLIER DACHAU

Nul ne réveillera cette nuit les dormeurs

Il n’y aura pas courir les pieds nus dans la neige

Il ne faudra pas se tenir les poings sur les hanches jusqu’au matin

Ni marquer le pas le genou plié devant un gymnasiarque dément

Les femmes de quatre-vingt-trois ans les cardiaques ceux qui justement

Ont la fièvre ou des douleurs articulaires ou

Je ne sais pas moi les tuberculeux

N’écouteront pas les pas dans l’ambre qui s’approchent

Regardant leurs doigts déjà qui s’en vont en fumée

Nul ne réveillera cette nuit les dormeurs

Ton corps n’est plus le chien qui rôde et qui ramasse

Dans l’ordure ce qui peut lui faire un repas

Ton corps n’est plus le chien qui saute sous le fouet

Ton corps n’est plus cette dérive aux eaux d’Europe

Ton corps n’est plus cette stagnation cette rancœur

Ton corps n’est plus la promiscuité des autres

N’est plus sa propre puanteur

Homme ou femme tu dors dans des linges lavés

Ton corps

Quand tes yeux sont fermés quelles sont les images qui repassent au fond de leur obscur écrin

Quelle chasse est ouverte et quel monstre marin

Fuit devant les harpons d’un souvenir sauvage

Quand tes yeux sont fermés revois-tu revoit-on

Mourir aurait été si doux à l’instant même

Dans l’épouvante où l’équilibre est stratagème

Le cadavre debout dans l’ombre du wagon

Quand tes yeux sont fermés quel charançon les ronge

Quand tes yeux sont fermés les loups font-ils le beau

Quand tes yeux sont fermés ainsi que les tombeaux

Tes yeux

Homme ou femme retour d’enfer familiers d’autres crépuscules

Le goût de souffre gâtant le pain frais

Les réflexes démeusurés à la quiétude villageoise de la vie

Comparant tout sans le vouloir à la torture

Déshabillés de tout

Hommes et femmes inhabiles à ce semblant de bonheur revenu

Les mains timides aux têtes d’enfants

Le cœur étonné de battre

Leurs yeux

Derrière leurs yeux pourtant cette histoire

Cette conscience de l’abîme

Et l’abîme

Ou c’est trop d’une fois pour l’homme d’être tombé

Il y a dans ce monde nouveau tant de gens

Pour qui plus jamais ne sera naturel la douceur

Il y a dans ce monde ancien tant et tant de gens

Pour qui douceur est désormais étrange

Il y a dans ce monde ancien et nouveau tant de gens

Que leur propre enfants ne pourront pas comprendre

Oh vous qui passez

Ne réveillez pas cette nuit les dormeurs

Louis Aragon

Absolution - Quiévy - 35 ans - 11 avril 2005


Traumatisante réalité 10 étoiles

Ce témoignage fait vraiment parti des bouquins à lire pour comprendre ce passage que nous n'avons pas vécu, et qui, finalement, n'est pas si lointain que ça. C'est déchirant, j'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux, je me suis juste imaginé Primo Levi, imaginé la souffrance et les atrocités qu'il a vues et vécues. Il a écrit, lors d'une question ("A quels facteurs attribuez-vous le fait d'être encore en vie?) : "... ce qui a peut-être également joué, c'est la volonté que j'ai tenacement conservée, même aux heures les plus sombres, de toujours voir, en mes camarades et en moi-même, des hommes et non des choses, et d'éviter ainsi cette humiliation, cette démoralisation, totales qui pour beaucoup aboutissaient au naufrage spirituel." Rappelons que Primo Levi s'est donné la mort en 1987...

Je terminerai par ceci : "Celui qui tue est un homme, celui qui commet ou subit une injustice est un homme. Mais celui qui se laisse aller au point de partager son lit avec un cadavre, celui-là n'est pas un homme. Celui qui a attendu que son voisin finisse de mourir pour lui prendre un quart de pain, est, même s'il n'est pas fautif, plus éloigné du modèle de l'homme pensant que le plus fruste des Pygmées et le plus abominable des sadiques."

Kreen78 - Limours - 46 ans - 10 avril 2005


Respect. 10 étoiles

Ce n'est pas possible de commenter un témoignage comme celui-là, les mots sont impuissants à transcrire tout ce qu'on peut ressentir, la multitude d'émotions mais aussi l'abîme de réflexions qu'il entraîne, le profond changement qui s'impose après sa lecture, en soi, dans ses actes, tout ce qu'on voudrait pouvoir faire et changer de sa propre attitude....

Ou alors on emprunte ses mots à lui, on dit :

"Mais dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel : c'est une haine qui n'est pas en nous, qui est étrangère à l'homme, c'est un fruit vénéneux issu de la funeste souche du fascisme, et qui est en même temps au-dehors et au-delà du fascisme même. Nous ne pouvons pas la comprendre; mais nous pouvons et nous devons comprendre d'où elle est issue, et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi."

L'univers concentrationnaire, au jour le jour, avec une analyse très poussée des comportements, avec des faits bruts et dépassionnés, tout, absolument tout est dans ce livre.

Il y a une vie avant et après avoir lu Primo Levi, il FAUT le lire.
Mais vous ne dormirez pas très bien pendant quelques temps, des phrases au fer rouge passeront sous vos pensées à tout moment de la journée, c'est le prix à payer.

Cuné - - 57 ans - 1 mars 2005


L'Holocauste est toujours d'actualité 10 étoiles

Comme tous les participants, je me souviens d'avoir été très touché par ce témoignage de Lévi Primo. Et ma lecture m'a amené à la conclusion de ce participant qui a écrit : "On doit réactiver cette mémoire du passé car on peut de nouveau être endormi par ces discours dithyrambiques et utopiques de ces thuriféraires philanthropes."

Hitler s'est présenté comme le sauveur de l'Allemagne à la suite du marasme économique de 1930. Le romancier Pierre Tourangeau complète très bien ma pensée : "Il faut toujours se méfier de ceux qui veulent vous sauver malgré vous, parce que la foi ne déplace pas que les montagnes, elle peut aussi vous crucifier dessus, ça s´est déjà vu. Elle peut même vous transformer en saint guerrier et vous lancer à l´assaut des mécréants jusqu´à leur extermination totale. C´est ce qui permettait de porter aux nues des ordures et des assassins de la trempe des Lénine, Staline, Mao et Pol Pot. Sur l´autel où ils rêvaient de convoler en justes noces avec l´histoire, qu´importaient donc quelques millions de morts si au bout de l´exercice l´homme et sa société s´en trouvaient transformés pour le mieux?"

Le sauveur moustachu s'appuyant sur une utopie heideggerienne continue encore aujourd'hui à faire des victimes. Des juifs se suicident encore à travers le monde comme le prouve le roman d'Alain Gagnon, Jakob fils de Jakob, commenté sur le site. Il s'agit de la vie romancé d'un rescapé de la Shoah qui s'est refugié au Canada et qui s'est enlevé la vie en se brûlant comme un bonze à Montréal.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 8 février 2005


Auschwitz, commémoration douloureuse ! 10 étoiles

On ne peut pas passer actuellement, en cette période de commémoration de la libération d’Auschwitz, à côté de livres ou magazines nouveaux et anciens sur la déportation et les camps de concentration.
Si c’est un homme de Primo Levi est un ouvrage important sur le génocide juif. Il est un des premiers à avoir témoigné sur ces atrocités. Aussi, il est très intéressant de lire une édition qui parle de la vie de ce livre. De voir qu’il fut tiré à peu d’exemplaire et est vite passé dans l’oubli pour ne reparaître que beaucoup d’années plus tard.
Pour ma part j’ai lu l’édition Pocket qui comporte un appendice, fait en 1976, d’une quarantaine de page ou Primo Levi parle de ce qu’il est depuis Auschwitz. Il mentionne aussi les nombreuses questions qui lui sont continuellement posées. Il parle de ces anciens compagnons qui ont tout comme lui pu échapper à cette extermination. Comment ils se sont reconstruits.
Sans haine ni vengeance, il rend responsable tous ces exécuteurs zélés d’ordre inhumain, qui étaient des hommes quelconques. Ce n’étaient pas des bourreaux-nés dit Primo Levi : « Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter, comme Eichmann, comme Höss, le commandant d’Auschwitz, comme Stangl, le commandant de Treblinka, … »
Nous avons aussi eu en France nos zélés comme Papon et autres.
Hitler n’est pas le seul responsable. Il faut méditer sur ce qui c’est produit. Hitler et Mussolini étaient crus, applaudis, admirés, adorés comme des dieux.
On doit réactiver cette mémoire du passer car on peut de nouveau être endormi par ces discours dithyrambiques et utopiques de ces thuriféraires philanthropes.

C’est un livre sur le souvenir, une sorte de panthéon pour toutes ces victimes de l’extermination.

THYSBE - - 67 ans - 8 février 2005


pour ne pas oublier.... 10 étoiles

j'ai trouvé ce livre......bouleversant!je l'ai lu il y a maintenant 2ans et j'en garde un souvenir aussi frais que si c'était hier!son témoignage était pour moi en quelque sorte la porte d'entrée à la lecture des récits de la shoah.Il reste le livre le plus précis et le plus dur que j'ai lu sur la vie dans les camps nazis!un véritable chef-d'oeuvre!

Lalaith - - 38 ans - 18 juillet 2004


que rajouter ? indispensable 9 étoiles

juste un commentaire; une page de Levi est plus efficace pour le devoir de mémoire qu'une année de brouhaha médiatique.....

Karl glogauer - - 50 ans - 5 juin 2004


4/5 mais c'est un chef-d'oeuvre ! 5/5 c'est un minimum 10 étoiles

Un livre sur l'homme à travers la vie des camps.
Sociologues, psychologues et historiens seront ravis.

C'est plus qu'un témoignage, c'est une étude, un livre sur l'homme et son instinct.

Drclic - Paris - 48 ans - 13 avril 2004


Témoignage à Charge 9 étoiles

C'est la première fois que je lis sur le sujet de l'holocauste, et j'éprouvais avant de commencer une sourde appréhension, comme celle que je ressens avant de regarder un film qui , je le sais , sera extrêment violent, ou avant tout autre chose qui risque de me heurter profondément. J'y suis entré un peu à reculons, en craignant d'y rencontrer le plus infâme des infâmes, et le plus profond voyage dans l'horreur. Et finalement , au fil des pages , on rencontre autre chose.....le témoignage d'un jeune italien juif de 24 ans , chimiste, qui explique avec une étonnante distance la (sur)vie au "Lager", les reglements contraires et complexes, la vie quotiodienne, le travail. Toujours , c'est l'homme de science qui explique, analysant l'âme humaine dans les conditions d'Auscwitz, tel un ethnologue , tel un sociologue, il décortique ,et dissèque la déshumanisation organisée de l'appareil concentrationnaire Nazi. Car , c'est la l'un des pires et plus grand enseignement du livre, les camps étaient bien entendu des immondes machines de mort(près de 20000 morts dans les pires journées!!), mais les hommes qu'on envoyait aux chambres à gaz, n'avaient plus grands choses des hommes qu'ils avaient été seulement quelques mois auparavant, en effet , tant toutes les structures de la vie en société, toute leurs écucations avaient été broyées. Ce livre est un témoignage, un témoignage à charge, devant le plus grand tribunal qui soit , celui de l'humanité. Voila pourquoi nous devons tous livre ce livre!

"Vous qui vivez en toute quiétude,
bien au chaud dans vos maisons,
vous qui trouvez le soir en rentrant,
le table mise et les visages amis,
Considérez si c'est un homme,
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connait point de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui ou pour un non,
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que ce fut,
Non, ne l'oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre coeur.
Pensez y chez vous, dans la rue,
En vous couchant ,en vous levant;
Répétez le à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous."

Primo Levi

V4nco - Mouscron - 44 ans - 17 mars 2004


Absurdité de l'homme 9 étoiles

Jusqu'où l'homme peut-il aller dans l'art de l'annihilation de son prochain ? Chaque phrase est un électrochoc. On en a la nausée, mais c'est arrivé. Tout cela est arrivé, et on ne peut que s'en sentir encore plus mal.
Je n'arrive pas à comprendre...

Manu55 - João Pessoa - 51 ans - 21 janvier 2004


Est-ce un homme?? 8 étoiles

Au bac blanc, il y a 2ans,j'avais comme sujet d'expliquer la forme particulière du titre et ce que cela pouvait signifier à travers l'étude du livre et du poème de Levi...Le titre montre clairement l'interrogation de l'auteur et sa crainte de ne plus être un homme après son expérience du camp de concentration. Et l'on sent que l'écriture même est vécue comme un voyage initiatique afin de se prouver à lui-même son humanité: par exemple, avec le militaire qui continue à répéter les gestes de la vie quotidienne comme sa toilette, marque de sa vie d'homme! Mais Levi a aussi un réveil douloureux lorsqu'à la fin, il partage sa couchette avec un cadavre, perdant ainsi son humanité d'après lui!! Sans apitoiement, Levi a le courage de nous livrer sa souffrance à l'état pur: et si c'était cela, être un homme?...

Banzaille - Rennes - 40 ans - 21 janvier 2004


Petite rectification de la rectification... 8 étoiles

Pour autant que cela soit utile... Je ne conteste en rien, bien sûr, la première phrase de "Si c'est un homme" citée par Zoom. Il est vrai que Primo Lévy est arrivé à Auschwitz en 44. Il est cependant tout à fait vrai aussi qu'il a été fait prisonnier avec d'autres maquisards en Piemont en 1943. Peut-être ce petit délai lui a-t-il été salutaire ? En effet, la phrase de ma critique peut faire croire qu'il a été arrêté et immédiatement envoyé à Auschwitz, mais telle n'était pas mon intention. Comme quoi, à parfois vouloir faire trop court...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 3 septembre 2002


l'homme sans l'humain 9 étoiles

Petite rectification de la critique de Jules
car la première phrase du livre commence par " j'ai eu la chance de n’être déporté à Auschwitz qu’en 1944, alors que etc... " Découvrant cet été, dans une librairie française, un présentoir des " livres au programme des lycéens français ", j'ai été attirée par ce nom , connu, " Primo Levi ", dont j'ignorais l’histoire, entre Stendhal et autres Barjavel, Perrec, etc. Je comprends qu’il soit au programme de la mémoire des lycéens. C’est un livre fort, choc, bouleversant. On aimerait que ce soit de la science fiction. Mais c'est la vie d’une année d’un homme, qui perd son âme. Comme tous les autres à ses côtés.
Et cet homme qui perd sa dimension humaine est surhumain, sous-humain, inhumain : que dire. C’est décrit comme un rapport scientifique, sans plainte, sans sensiblerie aucune.
La seule force qui fait mouvoir ces hommes est " ne pas mourir ", rien d'autre ne compte. Même pas l'espoir. Rien. La solidarité n'y est pas de mise, car elle peut entraîner la mort. Mais ne plus être solidaire c'est mourir aussi, à la vie d’homme. Il y a une partie intéressante à la fin du livre, résumant les principales questions -et réponses-, qu’au fil des années
et suite à ce qu’il a vécu, on a posées à l'auteur.

Zoom - Bruxelles - 70 ans - 2 septembre 2002


Un témoignage bouleversant! 10 étoiles

Un témoignage qui va bien au delà de la description de la vie quotidienne dans un camp de concentration, description présente tout de même. Primo Levi nous montre que l'objectif premier des Nazis était de déshumaniser les prisonniers, ce à quoi ils parvenaient très bien. Les déportés n'avaient en effet pas le temps de penser en homme : leur objectif premier était de satisfaire des besoins primaires :lutter contre le froid et la faim. Tout sentiment humain de générosité et de désintéressement disparaissait. Paradoxalement, la lutte pour la survie les empêchait de trop penser en hommes (privilège d'hommes bien nourris). Ainsi, malgré la situation désespérée, les suicides, actes humains par excellence, étaient rares dans les camps. L'auteur a dû lutter pour continuer à voir en lui et en ses camarades des hommes et c'est peut-être à cela qu'il doit sa survie.

Zazabir - La Garenne-Colombes - 55 ans - 9 août 2001