Le meunier hurlant
de Arto Paasilinna

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 22 décembre 2003
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Haro sur le meunier!
Lorsque Gunnar Huttunen déménage dans le Nord de la Finlande, il y achète un vieux moulin délabré sur la rive du Kemijoki. Après l’avoir remis en état, il le fait fonctionner à nouveau, pour la plus grande joie des villageois qui ne doivent plus entreprendre de longs déplacements pour faire moudre leur grain. C’est aussi la raison pour laquelle les villageois tolèrent ses bizarreries. En effet, lorsque le meunier est en proie à de fortes émotions, bonnes ou mauvaises, il se met à hurler. De préférence au milieu de la nuit.

Voilà que la conseillère horticole vient lui rendre visite. Elle lui laisse trois choses : des conseils pour créer son potager, des petites graines à planter, et un cœur tourneboulé. Quelques jours plus tard, Gunnar (Nanar pour les intimes) n’y tient plus, il va rendre visite à la conseillère qui loue une chambre dans le grenier de Siponen. La femme de Siponen colle son oreille à la porte de la chambre, en haut de l’escalier, pour ne rien perdre de leur conversation. Elle n’a pas le temps de réaliser que Nanar et Sanelma en ont terminé que la porte s’ouvre d’un coup, la faisant basculer dans les escaliers. Grosse comme une outre, son poids l’entraîne et elle atterrit un étage plus bas. Paresseuse de nature (cette femme a vraiment toutes les qualités), elle tirera profit de cet accident en prétendant qu’elle ne peut plus quitter le lit et que Gunnar doit la dédommager !

Deux ou trois événements du même acabit, pas très graves mais malencontreux, se succèdent et c’est bientôt tout le village qui en veut à Nanar. Le médecin du village finira par le déclarer fou et par le faire interner. Gunnar s’échappe de l’asile et, toujours amoureux de Sanelma, revient rôder dans les bois autour du village où d’autres mésaventures l’attendent.

J’ai retrouvé avec plaisir les aventures cocasses qu’Arto Paasilinna ne manque pas de faire vivre à ses personnages. Mais j’ai été frappée par des côtés plus graves, dont je n’ai pas souvenir dans ses autres livres. Entre autres, la description des aliénés est assez poignante. Certains sont parfaitement sains d’esprit mais n’ont aucun recours contre la volonté du médecin de l’asile. La fin est un peu déconcertante, mais elle fait la part belle à l’amitié.
Conte finlandais 7 étoiles

Arto Paasilinna sait mettre en scène des personnages aux caractères simples. Les traits qu'ils soient positifs ou négatifs sont proches de la caricature des contes. Il nous livre ainsi un récit accessible, prenant et agréable, où chacun y tire les leçons qu'il comprend.
L'épilogue, qui tient du fabuleux, ne gâche rien à l'ensemble.

Elko - Niort - 48 ans - 26 octobre 2014


Hymne à la différence 10 étoiles

Brassens a chanté « Mais les brav's gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux…. »

Ce roman d’Arto Pasilinna nous illustre une fois de plus cet adage.

Gunnar Huttunen rachète un moulin dans un petit village au Nord de la Finlande.
Son arrivée est vue d’un bon œil par la communauté, il est bon que ce moulin tourne et qu’il rende service à la communauté.
Très vite cependant, tout le monde le trouve un peu singulier, il hurle à la lune.
A de rares exceptions amicales ou amoureuses, il se met à dos tout le village qui cherche à le faire enfermer dans un asile.
S’en suit alors une longue lutte du bonhomme pour sa liberté, sa survie, c’est la lutte de l’intelligence, de l’amour, de la sensibilité contre la bêtise ordinaire qui s’avère parfois d’une férocité inhumaine.
Caustique et déjanté, ce roman est également une fable, un plaidoyer en faveur de la différence et on ne saurait trop remercier son auteur pour cette leçon d’humanité.

Bafie - - 62 ans - 14 septembre 2011


La folie peut être si belle 7 étoiles

Le livre a déjà été résumé, de jolie manière, inutile de revenir dessus.
Dans ce roman de Paasilinna, j'ai retrouvé avec plaisir le côté décalé de l'humour cher à l'auteur, assez typique d'une certaine forme de cynisme à la scandinave (voir par exemple le beau film "Adam's Apple" qui illustre bien ce courant). Un humour grave, dramatique, qui aborde le côté attachant de la folie d'un homme tout en n'excusant rien. Je reconnais à Paasilinna le mérite d'avoir laissé le lecteur choisir son camp, pour autant qu'un choix devait être fait, bien sûr. Il n'y a pas ici de prise de position flagrante, même si dès le départ, le personnage de Gunnar Huttunen séduit les uns et les autres. L'auteur décrit avec minutie un processus d'alinéation sociale qui révolte et fait froid dans le dos. On a envie que Huttunen s'en sorte et en même temps, il ne fait rien pour arranger son cas, force nous est d'admettre que sa situation ne peut guère s'améliorer.
La fin me laisse par contre un peu plus perplexe, je la trouve simple, un brin guimauve. Comme si il fallait conclure en forme de happy end et que voilà, Paasilinna avait évité le trop facile au profit d'un pas trop compliqué. Mis à part ce petit bémol, j'ai apprécié ce livre pour la belle leçon de tolérance et d'acceptation de l'autre qu'il propose.

Sahkti - Genève - 50 ans - 30 octobre 2006


TOUJOURS AUSSI BON! 10 étoiles

Rien à redire, PAASILINNA est toujours un aussi bon et très grand écrivain, et ses histoires nous passionnent toujours autant!

Ici celle du meunier Huttunen, sorte de loup-garou du XXème S. est vraiment poignante.

Comme toujours avec PAASILINNA, l'écriture est fluide et lisse et le livre se laisse lire très facilement. Dans ce roman ci en plus on a droit à des splendides descriptions de la nature (voir les passages où Huttunen campe dans les bois et vit de la pêche, pour se cacher des gens qui le recherchent) et de la vie sauvage.

Le passage du héros à l'asile de fous, dont certains pensionnaires "s'échappent" d'ailleurs tous les soirs pour aller faire leur business, et d'autres ne sont pas fous du tout, vaut également la peine d'être lu!

En définitive, et comme toujours avec PAASILINNA, on en a pour son argent et on passe un très bon moment, avec en prime dans ce livre ci, une fin sans "happy end" tout à fait inhabituelle de la part de l'auteur!

Septularisen - - - ans - 16 avril 2006


Vive PAASILINNA 8 étoiles

Fraîcheur du ton et surtout grande originalité du contenu. Est-ce du fait du pays d'origine, et toujours mis en scène dans ses ... fables (j'allais écrire romans!), la FINLANDE, il y a toujours un grand sentiment d'étrangeté et de vies qui ne peuvent se dérouler comme ailleurs. Peut être est-ce parce que ces contrées nous sont fondamentalement étrangères, sûrement aussi le talent de PAASILINNA y est pour beaucoup.

Tistou - - 68 ans - 20 mai 2004


Comme d'habitude ! 8 étoiles

Je m'essoufle un peu dans mes critiques de Paasilinna, mais je me devais de le faire ! Quand un auteur me plait, j'ai tendance à dévorer toute sa production.
Ce livre, je le place dans le haut de mon classement paasilinnesque.
Il est attachant ce meunier, elle est attachante la conseillère horticole. Les autres personnages le sont beaucoup moins...

Manu55 - João Pessoa - 51 ans - 19 mai 2004