Wayne Shelton - tome 12 - No return
de Jean Van Hamme (Scénario), Christian Denayer (Dessin)

critiqué par Shelton, le 14 décembre 2014
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Comment ne pas succomber au charme de Shelton ?
Dès le premier album des aventures de Wayne Shelton, j’ai été séduit par le personnage. Certes, tout est à relativiser, mais reconnaissons que j’ai été sensible à son charme, à son esprit, à sa sensibilité, à son efficacité… En plus, que voulez-vous, on ne se refait pas, un homme d’âge mûr, qui aime le bon vin, la gastronomie, les belles femmes, qui est intelligent, qui est classe… tout moi !

Restons sérieux ! Ce personnage est un espion brillantissime un peu sur le retour, une sorte de James Bond qui aurait bien vieilli et dont la CIA aurait encore besoin, de temps en temps, à titre exceptionnel… Un agent vacataire qu’elle souhaiterait manipuler pour se sortir de certaines ornières, un homme d’action qu’elle serait heureuse d’utiliser sans l’avoir en continu sur les bras…

Wayne Shelton est sorti tout droit de l’imagination d’un certain scénariste à succès, Jean Van Hamme, et, reconnaissons que les premiers albums furent d’une grande qualité tant par la solidité des scénarios que par la narration graphique efficace de Christian Denayer. A partir du quatrième album, le créateur Van Hamme se met en retrait – probablement trop d’histoires sur le feu – et c’est Thierry Cailleteau qui écrit les histoires. De mon point de vue, c’est une catastrophe et progressivement la série perd en qualité par des scénarios trop légers, mal construits… heureusement, Jean Van Hamme revient et, progressivement, on sent une reprise en mains… Avec No return, le dernier sorti, on est de nouveau en face d’une bonne bande dessinée !

Et c’est du bonheur que de retrouver un Wayne Shelton cohérent qui n’a aucune envie de partir à l’aventure, qui souhaite seulement passer du bon temps avec une magnifique jeune femme… Pourtant, on a besoin de lui, pour une mission improbable, impossible, presque suicide… Heureusement, quand un homme veut profiter de la vie, on trouve toujours un moyen pour lui forcer la main et dans ce domaine, l’IRS, le service fiscal des Etats-Unis, est prêt à tout…

Voilà notre héros parti en direction de l’Iran pour sortir une femme des griffes du pouvoir dictatorial et religieux que l’on sait… mais les embûches seront bien nombreuses sur son chemin, les manipulations nombreuses, les faux-semblants en grand nombre et il aura bien du mal, le pauvre Shelton, à trouver le chemin qui le conduira à l’issue favorable, je veux dire, bien sûr, au bon temps avec sa chère Honesty !

Il serait exagéré de vous faire croire que cet album est parfait, que Jean Van Hamme a retrouvé là sa perfection d’antan, que la série est définitivement sauvée, et bla-bla-bla… En fait, on retrouve enfin le personnage que l’on avait aimé au départ, on lit une histoire qui a indiscutablement de la consistance, on se réjouit, sincèrement, que le scénariste Van Hamme existe toujours, qu’il ait retrouvé cette imagination fertile qui le caractérise depuis ses débuts…

Ce qui retiendra mes mots, qui m’empêchera de chanter trop les louanges de cet album sur le ton Wayne Shelton est de retour c’est que, pour le coup, le héros est quand même un peu trop fort, un peu trop invincible… certes, il l’est, OK, c’est le principe de ce type de série, mais il faut quand même faire attention. Arriver comme il le fait, en montgolfière, en Iran, et repartir, en fin de mission, en avion puis à cheval… Oui, bon, allez, pour un retour parmi les grands, je suis prêt à accepter, mais il ne faudra pas en abuser, monsieur Jean Van Hamme !

Même si ma réflexion sur le scénario pourrait faire oublier que nous sommes en bande dessinée, il est important de signaler que le dessinateur, Christian Denayer, a été bon sur la série dès le départ et qu’il est resté constant, lui, tout au long du travail malgré les baisses de régime des scénarios. C’est un plaisir de retrouver sa narration graphique au service d’une bonne histoire et on peut saluer sa patience. Il n’a pas baissé les bras, il est resté fidèle au poste et c’est donc probablement lui qui a sauvé Wayne Shelton. Merci du fond du cœur !

Je suis très heureux de voir que ce que j’avais trouvé de mieux dans l’album précédent, Cent millions de pesos, se confirme : oui, la série Wayne Shelton n’est pas morte et c’est très bien ainsi !
Retour presque gagant . 7 étoiles

Après un album assez décevant "(cent millions de pesos"), j'ai eu plaisir à relire une aventure enfin digne de Wayne Shelton.
Van Hamme, ici, ne commet certes pas le scénario du siècle mais nous entraine dans une aventure assez rythmée, avec des rebondissements dignes de bons films d'espionnage.

En outre, les dialogues sont riches et cet album ne se lit pas en 10 minutes. Ancrée dans l'actualité, cette aventure de Wayne Shelton me réconcilierait presque avec cette série, dont j'ai cessé l'achat depuis quelques années déjà.

Hervé28 - Chartres - 55 ans - 16 septembre 2015


Wayne de retour sur les rails... 7 étoiles

Que No return soit un meilleur album de bande dessinée que les sept ou huit derniers albums de la série, cela ne fait aucun doute... on est cependant encore loin de l'apothéose scénaristique.

Wayne Shelton est une série qui ne "se prend pas la tête", une sorte de récit d'aventure à la limite du réel et du burlesque... c'est le style Van Hamme qu'on retrouve notamment avec Largo Winch: tout en prenant pour appui des situations plausibles (ici, la problématique de la bombe iranienne), le scénario prend, dans ses détails, systématiquement des libertés avec cette réalité... les personnages sont parfois caricaturaux, l'enchaînement des actions toujours incroyable, les retournements de situations sont spectaculaires, les méchants sont vraiment méchants, le héros a toujours un ami bien placé et le Deus ex machina fonctionne à plein. On est à mille lieues des séries réalistes qui se développent aujourd'hui.

Ceci étant posé, la série répond à un genre très spécial dans lequel on pourrait ranger Largo Winch, Buck Danny, Michel Vaillant et tous ces héros cristallisant toutes les qualités en plus de la chance.

Plus gênant pour moi cependant, la série a un peu vieilli... à moins que je me lasse progressivement de ce genre que je décrivais un peu plus haut... le style de la narration même elle dessin sont datés. Comme si les auteurs étaient restés dans les années 90...

Mais ne boudons pas notre plaisir... et après cette bordée de critiques négatives, force est de constater que Van Hamme a fait un vrai effort de cohérence, le sujet est assez original et actuel, les dessins sont soignés. C'est tout ce qu'on demande au genre... passer une heure de lecture divertissante en parvenant à nous faire suivre une aventure bien ficelée.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 1 mai 2015