Un quart en moins
de Rachel Silvera

critiqué par Alouette, le 9 décembre 2014
(Seine Saint Denis - 39 ans)


La note:  étoiles
Un quart en moins que les hommes
Dans la préface du livre de l’économiste Rachel Silvera, Un quart en moins, Michèle Perrot, historienne et féministe, rappelle que les femmes n'ont pu percevoir directement leur salaire qu'à partir d'une loi promulguée en 1907. Considérées comme des mineures, des criminelles et même des « débiles mentaux » dans le Code Napoléon de 1804, les femmes n'avaient alors aucun droit juridique. Il faudra attendre les lois successives pour que leur situation s'améliore mais l'égalité est un combat encore loin d'être achevé. Les préjudices salariaux causés aux femmes lors des jugements prud’homaux se comptent en milliers d'euros et toutes les années ne sont même pas prises en compte. Le travail, bien qu'incontestablement émancipateur, est donc aussi le vecteur de nombreuses inégalités. Elles peuvent d'être d'ordre racial, syndical (des carrières de syndiquées se retrouvent bloquées) mais donc aussi de genre ou de sexe. Il est intéressant de comprendre que les discriminations liées à cette dernière catégorie sont souvent les plus difficiles à détecter : une femme syndiquée peut par exemple penser à une discrimination lié à son organisme d'appartenance et non à son sexe. Michèle Perrot nous rappelle aussi que les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes. Les hommes produiraient-ils donc sur le marché du travail plus de valeur que les femmes ? Celles-ci ne remettent pas toujours en cause cette vision sexiste des choses mais petit à petit, et grâce à certains facteurs comme l’action de certaines organisations collectives comme les associations, les partis politiques et les syndicats, elles prennent conscience de leurs droits, se mettent en lutte contre les injustices en (re)devenant par la même occasion des sujets de droits.


Dans son introduction, Rachel Silvera affirme que l'égalité salariale femmes/hommes est actuellement un consensus, qu’il soit politique ou syndical. Pourtant, malgré les nombreuses lois promulguées au cours du dernier siècle, les écarts ne diminuent que faiblement du fait de leur très faible mise en pratique. Par exemple, plus de 80% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes ne bénéficiant donc qu'un salaire partiel et qu'une carrière du même ordre. Il faut comprendre que loin d'être une demande de la part de celles-ci, c'est la résultante d'une offre dans les emplois dits « féminisés » qui regroupent notamment les services d'aide à la personne (le care). Le machisme a longtemps dominé le monde du travail et continue à être dominant, même si quelques améliorations sont à constater. Les femmes ont toujours travaillé mais ne devaient pas percevoir de salaire (pour les femmes d'agriculteurs ou de commerçants travaillant avec leur mari) ou alors sous la forme d’un minimum dit « d'appoint ». En effet, les hommes (le patriarche, puis le mari) sont les seules personnes autorisées à percevoir un salaire complet pour subvenir d'une part aux besoins de la famille mais aussi pour contribuer d’autre part à leurs propres dépenses. C'est bien connu, une femme aurait moins de besoins (nutritifs) ou alors ils seraient facultatifs contrairement à l'alcool ou le tabac prisés par les hommes. Les femmes mariées (seul statut reconnu) doivent s’occuper dans un premier temps de leurs enfants et à la rigueur (mais en dernier recours) trouver un travail pour pouvoir « mettre du beurre dans les épinards » en participant seulement à améliorer le quotidien. Cet état des choses était bien entendu confirmé par les juristes et économistes de l'époque : c'est au mari d'assurer financièrement la viabilité de l’économie domestique et non à son épouse.

Ce livre, très riche et abordable, est une bonne synthèse sur les inégalités femmes/hommes notamment devant les retraites.