L’erreur de calcul
de Régis Debray

critiqué par Radetsky, le 3 décembre 2014
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Une voix dans le désert...
Régis Debray récidive… il parcourt notre obscur désert politique en imprécateur, déposant ici et là ses petites lueurs en forme de jalons, au fur et à mesure que se vérifient ses déjà anciennes intuitions.
A un délabrement il faut un constat, puisque le temps est là qui aggrave les symptômes désignant une maladie contre laquelle on n’est pas sûr de trouver un vaccin : la « vacuite blanche » (c’est moi qui la nomme), sorte d’anémie, d’aboulie, de transparence appliquée aux esprits, aux institutions, aux corps bientôt dématérialisés par la grâce du « Net », ce faux substitut de la fraternité, de la cohérence, de la cohésion d’une nation. Le responsable, le bacille pesteux responsable en est, ce qui n’est pas une surprise, l’argent.
L'argent pour le salut duquel nous sommes voués à assumer et approuver une société au rabais : écoles anémiques, armée squelettique sacrifiée dans des taches désespérées, institutions au rabais destinées à légitimer un ordre injuste au profit des riches, évanouissement de toute espérance, surtout si elle fait mine de se proclamer collective, et bientôt, le pain du travail sacrifié aux mirages des jeux stupides et décervelants des média.
L’argent et ses valets formés à toutes les écoles, puisque celles-ci ont troqué les vieilles lunes de la conviction, de l'histoire et de la culture pour les portefeuilles ou les stock-options.
Plus d’idéal, de vision héroïque ou sanctifiée, de rêve émancipateur, de fédération des cœurs et des espérances : notre belle France, clonée sur le modèle des mâcheurs de gomme, est tombée aux mains de petits Rastignac dont l’ignorance le dispute au cynisme.

Cinquante pages seulement, mais elles valent autrement plus que les confidences d’alcôves putréfiées que la République devenue catin a pour coutume désormais de nous servir.