Le fils
de Philipp Meyer

critiqué par Tanneguy, le 4 décembre 2014
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
La saga d'une famille du Texas
Elle démarre au moment de l'arrivée des premiers "colons" dans ces terres immenses, appâtés par les perspectives d'une réussite brillante à la condition de ne pas ménager ses efforts. Ils vont se heurter aux Indiens divers ainsi qu'aux Mexicains, qui occupaient le terrain avant eux (l'Ouest américain a été conquis sur le Mexique au prix de guerres cruelles). L'auteur s'efforce d'expliquer tout cela, généralement peu connu du public européen, et c'est passionnant. Il donne quelques pistes de réflexion sur la quasi disparition des peuples indiens en l'espace de quelques dizaines d'années : combattus sauvagement par les nouveaux colons, mais la réciproque fut également cruelle, par les Mexicains également, par les guerres tribales incessantes, et surtout par les épidémies terribles (rougeole par exemple, mais les colons avaient été vaccinés...).

Un récit brillant et passionnant auquel je ferai personnellement deux reproches : les incessants allers et retours chronologiques qui font souvent perdre le fil du récit (heureusement un arbre généalogique figure au début du roman) et une certaine complaisance pour les horreurs de la guerre, qui intéressera peut-être les amateurs de sensationnel.

Une épopée exceptionnelle !
Exceptionnel. 10 étoiles

Rien à rajouter aux excellentes critiques précédemment émises.
Il s'agit bien d'un récit passionnant (et passionné) qui donne une autre vision de cette Amérique. Les tribus indiennes, le Texas, les Mexicains, la manne du pétrole.
L'auteur a choisi une méthode de narration compliquée plutôt qu'un texte linéaire (toujours avoir recours au tableau de la famille McCullough). Cette technique d'écriture a un charme certain quand c'est bien maîtrisé, et c'est le cas ici.
je sors groggy de ce livre, sonné comme un boxeur.

Une mesure de blé pour une pièce d'argent mais ne touche pas ni à l'huile, ni au vin.

Monocle - tournai - 64 ans - 31 mai 2016


Magnifique! 10 étoiles

Le monde des lecteurs et la presse semblaient unanimes quant à la qualité du roman « Le fils ». Faute de temps, j’avais loupé sa sortie. Je n’ai pas réitérer l’erreur et je me suis jeté sur le format poche.

800 pages… ça peut faire peur, c’est même intimidant ! 800 pages retraçant le destin d’une famille texane sur un siècle et demie… je redoutais quand même de longs passages ennuyeux de descriptions de grands espaces comme savent si bien le faire les auteurs de ce type de fresque. Mais passé les premiers chapitres confus, qui m’ont un peu perturbé, je me suis vite rendu compte que j’avais affaire à toute autre chose. La mayonnaise a tout de suite pris et j’ai été emballé par ce récit, qui alterne entre trois membres de la famille répartis sur cinq générations.

Chaque personnage fait face aux problématiques et aux coutumes de son époque avec son caractère propre. Malgré leur lien de parenté, ils ne sont pas tous faits du même bois et n’ont pas tous les mêmes idéologies. Cependant la destinée de toute la famille va être dictée par leurs différents choix, les décisions de l’un entraînant le destin de la génération suivante. Philipp Meyer nous démontre alors que l’histoire se répète sans cesse et que les forts d’aujourd’hui créent les faibles de demain et réciproquement.
Parallèlement le récit permet d’assister à l’évolution d’un pays et des mentalités à travers les siècles. On découvre alors les dérives raciales d’un peuple américain pourtant multiculturel. Ces dérives qui font aussi son Histoire ! Sans abuser de descriptions, l’auteur a su recréer l’atmosphère de l’époque, me transporter dans ces contrées sauvages, afin d’y revivre ces moments historiques.

Mais ce qui fait de ce livre un grand roman, c’est la grande humanité qu’il dégage avec ses personnages travaillés et approfondis. On est en empathie avec eux tous, dans les moments tendres et romantiques comme dans les moments difficiles et violents. Avec des ambitions pourtant antinomiques, ils ont su chacun m’émouvoir de leur sort. L’écriture de Philipp Meyer est agréable et les aventures sont racontées avec une force romanesque impressionnante. Il a dû déployer un travail titanesque pour donner naissance à ce petit bijou, historiquement et humainement magnifique !

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 27 avril 2016


Quand l'histoire d'une famille se mêle à celle d'un pays 9 étoiles

Trois personnages d'une même lignée nous racontent leur histoire familiale, en commençant par le patriarche fondateur, Eli McCullough. En 1848, à l'âge de douze ans, des Indiens le kidnappent après avoir massacré sa mère et ses frère et sœur. Ils le gardent trois ans. Son retour à la civilisation texane ne se fera pas sans difficultés, mais il va se construire un empire, quel qu'en soit le prix.
Le deuxième personnage est son fils Peter, qui n'a pas du tout le même caractère que son père, mais se sent obligé de rester sur sa terre. Il est profondément bouleversé puis hanté par le massacre de ses voisins d'origine mexicaine.
Vient ensuite sa petite-fille, Jeannie, qui se sent également différente des membres de sa famille. Femme, elle se bat dans un monde macho pour se faire respecter. Grâce à son flair, elle réussit à développer les activités et la fortune de sa famille, mais finit sa vie dans la solitude et elle s'interroge sur sa vie et le sens ou la valeur des richesses et de la famille en contemplant ses enfants et petits-enfants ("Peut-être qu'il [Eli] avait semé les graines de la destruction. Il avait fait en sorte qu'ils ne manquent de rien et du coup, ils s'étaient affaiblis, devenant des gens que lui-même n'aurait jamais respectés. Certes, on voulait toujours pour ses enfants une vie meilleure que la sienne. Mais à partir de quand le mieux devenait-il l'ennemi du bien ? Sans incertitude matérielle, les êtres humains s'autodétruisaient.") La fin du roman fait penser qu'une certaine malédiction a pu se transmettre de génération en génération car peu de membres ont été réellement heureux.
Cette saga familiale offre une fresque des origines de l'Amérique et de sa fondation. L'auteur nous fait sentir le lien étroit qui existait entre les hommes et la nature il y a un siècle et demi. Il explique que la terre et les bêtes appartenaient à ceux qui les prenaient, ainsi que les rivalités et relations entre peuples.
J'ai trouvé le découpage entre les récits alternés des différents personnages parfois difficile à suivre. Personnellement, j'aurais préféré qu'ils se succèdent chronologiquement (même si le style en aurait peut-être été plus plat). Pour le reste, ce livre est passionnant, fouillé (par ex. : Philipp Meyer explique les coutumes et pratiques de certains Indiens dans les détails) et les personnages sont très bien étudiés.

Pascale Ew. - - 57 ans - 14 juin 2015