Les joyeuses
de Michel Quint

critiqué par Sundernono, le 27 novembre 2014
(Nice - 41 ans)


La note:  étoiles
Roman dionysiaque
Rico est un jeune homme plutôt séduisant mais timide, son bégaiement étant un frein à toute approche amoureuse ou toute activité théâtrale ce qui ne l’empêche pas de suivre le quotidien d’une troupe de théâtre pour le moins délurée. Menée par un metteur en scène épicurien, Jean-Pierre Bernier, personnage rabelaisien, haut en couleur, Michel Quint nous narre l’histoire de cette troupe, de ces comédiens, mélange de professionnels et d’habitants du cru se préparant à jouer Les joyeuses commères de Windsor, pièce de William Shakespeare.

Roman terriblement vivant, sorte d’éloge à la vie de bohème, d’artistes, Les joyeuses est un roman qui fait la part belle aux plaisirs de la bonne chaire, aux ripailles et surtout aux délices du vin qui tient une place essentielle dans le récit. Les joyeuses, nomination affectueuse que l’on donne également aux bouteilles du délicieux nectar sont ainsi à l'origine du nom du roman . Elles sont le moteur d’un Rico désinhibé, le moteur de sa parole retrouvée, d’un jeune homme libéré.

Le roman est court et se lit facilement, le style est chaleureux, à l’image de ses personnages tel ce Bernier pantagruélique (Depardieu serait parfait dans le rôle) :
«Les enfants, le destin est une vaste plaisanterie, une histoire pleine de bruit et de fureur racontée par un idiot… Ce soir, nous avons la réponse à la vieille question, to be or not be : nous sommes, nous vivons, nom de Zeus ! Nous venons de perdre Fenton, et nos commères de Windsor sont orphelines du jeune premier. En gros, je suis dans la merde pour mes représentations ! Alors que notre concours du meilleur Falstaff serve au moins à désigner le successeur de Bruno au bras d’Emma ! Je déclare solennellement Rico gagnant d’une nuit d’amour et désormais titulaire du rôle de Fenton ! Apprends le texte dès aujourd’hui, petit et viens dans mes bras !"

Cependant sous la bonne humeur apparente se cachent secrets et confidences, ce qui apporte un peu de liant à un roman qui m’a parfois donné l’impression de tourner un peu en rond. Rico est un personnage attachant mais pour une raison qui m’est difficile à expliquer ne m’a pas touché plus que cela, à l’image des personnages féminins, telles Emma, Béatrice, Edwige que l’on effleure seulement, dommage.

Pour résumer, les Joyeuses est un petit roman sympathique, facile à lire, qui fait éloge au théâtre, aux bacchanales mais qui manque un peu de profondeur