Ca s'est fait comme ça
de Gérard Depardieu

critiqué par Veneziano, le 22 novembre 2014
(Paris - 46 ans)


La note: étoiles
Un sauvage instinctif
Gérard Depardieu est né de rien, d'un milieu très modeste, et faisait des conneries dans sa jeunesse, pour tuer le temps et survivre. Il rêvait de voyages à l'aéroport, aux côtés de sa grand-mère, qui y était dame-pipi. C'est son sens artistique et son instinct, qu'ont repéré ses sortes de mécènes qu'il a passé les étapes de la sélection des écoles de théâtre, en sautant la case de la culture générale à acquérir préalablement, qu'il a apprise sur le tas, pour se familiariser avec ses rôles, en raison de son don de l'intuition, une forme innée de génie artistique.
Ce sauvage se civilise quelque peu pour devenir l'un des plus grands acteurs de son époque ; mais sa vie privée reste à l'image de ce personnage perdu, qui continue en permanence à se chercher. Il se sépare de son épouse bourgeoise qu'il ne voit jamais, il n'a pas le temps d'élever ses enfants, qui poussent sans père près d'eux, ce qui ne l'effleure qu'à peine. Il n'a jamais su totalement vivre, et l'avoue. Dans son parcours sentimental, il confesse que les femmes ne l'ont jamais trahi, et qu'il est toujours tombé dans ses propres pièges. Il reste que ses enfants en ont plutôt souffert, surtout Guillaume.
Il est déçu de l'absence de joie de vivre en France, qu'il a pourtant connue chez ses parents, bien qu'ils fussent fort pauvres. Il la retrouve en Russie, ou en jouant Mammouth, film qui le rapproche de ses origines.

Ce livre me met foncièrement mal à l'aise. Je suis certes touché par l'émotion qui émane de cet homme qui s'est forgé, en apprenant à domestiquer son don personnel ; mais ce personnage reste foncièrement instable, attiré par le folklore factice, quitte à s'aveugler des mauvais circuits qui l'alimentent, comme à Cuba ou en Russie. Cet homme est comme un monument bâti sur de mauvaises fondations, pour le pire et le meilleur.
Cet ouvrage confirme l'intuition qu'on peut avoir de lui.