Des nouvelles de la ville
de Patrick Bouvier

critiqué par Libris québécis, le 17 novembre 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Messie se cache à Montréal
Plusieurs jeunes quittent les régions pour tenter leur chance dans les centres urbains. Patrick Bouvier fait vivre sous nos yeux les affres d'un Gaspésien de Sainte-Jeanne-de-l'Espérance, un village fictif, qui, comme tant d'autres, se vide de ses forces vives. On préfère respirer l'air pestilentiel des villes plutôt que d'assister, impuissants, à la longue agonie des petites agglomérations maritimes.

Antoine, le héros, quitte donc sa Gaspésie natale et sa copine Sophie pour se lancer dans la vie en poursuivant d'abord ses études. Il s'installe dans un petit appartement de Montréal qu'il partage avec un colocataire. La trame répond au cheminement suivi par les nouveaux Montréalais. Ils fréquentent l'université quelque temps avant de s'adonner misérablement à la vie de terrasse. Pour survivre, ils décrochent des petits boulots mal rémunérés. Antoine devient messager à vélo. Ça galbe ses mollets au détriment de ses aspirations. Pour se donner l'impression de vivre, il ne lui reste plus qu'à devenir un accro de la sexualité. Rien de plus facile que de satisfaire ce besoin avec la serveuse qu'il voit de son balcon alors qu'elle apporte des bières à une clientèle attablée le long de la rue Saint-Denis. Cette Marie-Lou devient rapidement la béquille qui supporte son inertie dans une ville dont l'âme lui échappe.

C'est le destin qui attend tous ces jeunes qui misent sur la grande ville pour se donner des ailes. Montréal ne les fournit pas. Pour y réussir, il faut apporter les siennes. Antoine l'apprend à ses dépens comme tous les locataires que sont les habitants de la métropole. Le héros épie ceux qui l'entourent. Ce qu'il découvre n'a rien à voir avec la vie de rêve qu'il imaginait. Les paumés errent sans buts, les amitiés sont superficielles. Bref, tout tourne au vinaigre.

L'ailleurs ne guérit pas les maux de l'âme. Socrate le disait : le bonheur s'enracine dans la connaissance de soi. Le roman de Patrick Bouvier fournit un portrait exemplaire de tous ceux qui espèrent trouver le messie à l'ombre du mont Royal. L’intrigue est nouée avec une plume vivante, mais on perd facilement le fil quand les voisins du héros font l'objet de petits portraits mal cousus au roman.