The Wars of the Roses: 1455-1485
de Michael Hicks

critiqué par Vince92, le 1 avril 2019
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Des guerres civiles anglaises
En anglais.

L’histoire de la Guerre des Deux Roses est inextricable : en réalité ce n’est pas une mais trois guerres qui se sont succédé entre 1455 et 1485 et qui ont impliqué nombre de personnages de l’aristocratie anglaise. Revirement d’alliances, implications de puissances étrangères (Ecosse et France), querelles dynastiques et campagnes militaires désorganisées rythment ce conflit qui fait suite immédiatement à la fin de la Guerre de Cent ans avec la France. Henri VI Lancastre, discrédité pour sa gestion du conflit, est remis en cause par le Duc d’York, qui cache de moins en moins sa volonté de mettre main basse sur la Couronne.
Henri VI frappé périodiquement de démence, c’est sa femme, Marguerite d’Anjou qui prend les reines du Royaume et chasse bientôt le Régent York du Conseil. Ce dernier prend les armes et déclenche avec ses partisans les hostilité en 1455 une offensive vers Londres qui culmine avec le combat de Saint-Albans. Défait, York bénéficie cependant de la clémence du Roi et obtient même que son fils Edouard hérite du trône en lieu de l’héritier de Richard. Inacceptable pour Marguerite qui regroupe une armée et va défaire York à Wakefield (1460). Les principaux chefs de l’armée yorkiste sont tués (Richard York lui-même, son fils Edmond, Salisbury…). Cette défaite n’entraîne pas le renoncement d’Edouard continue le combat (victoire de Mortimer’s cross- 1461- sur une armée dirigée par un Tudor) mais son allié Warwick est sévèrement battu à la Seconde bataille de Saint-Albans la même année. Les deux armées réunies, leur révolte appuyée par le peuple londonien, Edouard et Warwick remportent une bataille décisive à Towton. Malgré une activité incessante de Marguerite et des Lancastriens dans le Nord du pays, Edouard renforce son emprise sur le royaume d’Angleterre.
Les difficultés s’accroissent avec les différents entre les deux anciens alliés, le comte de Warwick, Richard Neville (the « Kingmake ») et Edouard IV. Supplanté en influence par la famille de l’épouse d’Edouard, les Woodville, et voyants ses options de politique étrangère rejetées (Warwick préconisait une alliance avec la France contre la Bourgogne au contraire d’Edouard, nourrissant l’espoir d’un retour offensif sur le continent), Warwick avec le Duc de Clarence (frère d’Henri IV) fomente une rébellion qui aboutit à la bataille d’Edgecote Moor et la défaite d’Edouard. Capturé un temps, ce dernier est sauvé par Richard de Gloucester (le futur Richard III). Warwick et Clarence se relancent à l’assaut du pouvoir mais sont battus à Losecoat Field (1470).
Une nouvelle campagne commence lorsque Warwick nouvel allié de Marguerite d’Anjou envahit une fois encore l’Angleterre, chasse Edouard et rétablit Henri VI sur le trône. Edouard est obligé de fuir aux Pays-Bas mais revient bientôt, défait Warwick à la bataille de Barnet (1471) au cours de laquelle ce dernier est tué, et bat Marguerite et Edouard de Westminster (fils d’Henri VI) à Tewkesbury dans une bataille décisive. Les Lancastre n’existent plus.
La mort d’Edouard IV en 1483 va déclencher la troisième et dernière partie de la Guerre des deux Roses. L’oncle (Richard Gloucester) des deux prétendants au trône les fait enfermer dans la Tour de Londres et les fait sans doute assassiner. Richard parvient dans la querelle dynastique qui l’oppose au Woodville, famille de la Reine, à se faire couronner roi sous le nom de Richard III. Le flambeau yorkiste est repris quant à lui par Henri Tudor, issu d’une lignée directe avec Edouard III. De plus en plus impopulaire, Richard III doit affronter plusieurs révoltes mais parvient à les conjurer jusqu’en 1485 date à laquelle Tudor débarque en Angleterre à la tête d’un contingent largement composé de Français et d’Ecossais, rallie ses partisans gallois et bat Richard III à la bataille de Boswoth au cours de laquelle le roi est tué. Tudor se fait couronner sous le nom d’Henri VII, se marie avec la fille de feu Henri IV et réconcilie ainsi les deux familles rivales. Le conflit se termine malgré quelques soubresauts ultérieurs de faible intensité.

Le petit livre de la maison Osprey dans la collection Essential Histories tente de simplifier le cours de cette période très mouvementé de l’histoire anglaise sans y parvenir pleinement. Cependant, Michael Hicks, un spécialiste historien de la période, met en place les outils nécessaires à la compréhension des événements qui ont rythmé ces années (chronologies, cartes, bibliographie complémentaires). La partie la plus intéressante est le descriptif détaillé des campagnes militaires qui ont jalonnées les trois conflits. Deux chapitres en revanche ont peu d’intérêt, celui dressant le portrait d’un belligérant de l’époque et celui racontant la vie au temps de la guerre. L’absence de sources fiables cependant poussent l’auteur à reconnaître au cours de ces deux chapitres que ses conclusions ne sont que des suppositions.
La Guerre des Deux roses est passionnante à plus d’un titre. Consacrant par ricochet la prédominance de la France en Europe, elle va durablement reléguer l’Angleterre au second plan de la scène internationale. Peu meurtrière parmi la population locale, elle a en revanche considérablement modifié les équilibres internes du pays et sans doute favorisé l’émergence d’une certaine modernité en Angleterre. On attend un ouvrage en français de référence sur le sujet.