Beau comme un dieu
de Nicole Yrle

critiqué par Rotko, le 11 novembre 2014
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
la guerre vue dans le cercle familial et régional.

"Beau comme un Dieu", chez Cap Béar, s’adresse en premier aux adolescents, pour connaître la guerre de 14-18 à travers le destin d’un homme précis, brisé par la guerre, mais aussi aux actuels adultes qui ont perdu de vue ce conflit.

Amélie et Lucien, suite à une proposition de leur professeur d’histoire de Troisième, vont créer un dossier personnel sur la première guerre mondiale, à partir de données familiales : la « petite histoire », comme petite lucarne sur L’Histoire - avec sa grande Hache, dirait Perec.

On trouve donc des renseignements précis sur la vie quotidienne, au front et à l’arrière, sur les mobilisés, français et assimilés, les familles, les blessures physiques et traumatismes psychologiques,…. Etc. Tout un panorama documentaire, sans lourdeur, puisque l’auteur fait intervenir à l’intérieur du récit des sources variées, de la correspondance et des journaux intimes, jusqu’aux collections diverses des personnages. Qu’on se rassure ! Les grandes lignes sont l’affaire des cours, et on ne lit pas un pensum scolaire !

En fait l’aspect témoignage l’emporte sur le documentaire, puisque les personnages appartiennent à la lignée des ascendants, ce qui donne au récit de la chair et un supplément d’âme .

Les « élèves modèles » - les cancres caractériels ne brillent pas dans la littérature jeunesse, écoutent avec attention les récits de leurs proches, on comprend leur émotion à découvrir des écrits intimes, voire des secrets de familles qui concernent leurs lignées. Les souvenirs remontent, parfois dans le désordre, comme affluent les pensées longtemps tues ou refoulées.

Une grande empathie enveloppe tous les personnages, Julien fait tout pour plaire à Amélie, on respecte la libération des confidences de personnes âgées, et l’auteur elle-même, se prend d’affection pour ses personnages… Le montrent des exclamatives et des adresses directes aux protagonistes comme au lecteur. C’est à la fois une attention professionnelle - l’auteur fut enseignante, et familiale comme le dit la dédicace.

Chacun à partir de cette lecture se souvient alors d’histoires familiales rapportées ou surprises dans des conversations touchant souvent plus des foyers collatéraux que directement proches.

Pour qui ne vise qu’une « lecture utile », un lexique, des illustrations et un dossier documentaire rappellent des faits et une chronologie objective