La captive de Mitterrand
de David Le Bailly

critiqué par Christian Palvadeau, le 10 novembre 2014
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Comédie dramatique chez les Mitterrand
A l’heure où l’actuel Président de la République se sépare de sa seconde compagne, qu’il appelle la première dans son gouvernement et que ses nouvelles frasques amoureuses sont jetées en pâture par une presse qui s’en délecte, publier un portrait d’Anne Pingeot, maîtresse de François Mitterrand, pouvait ne pas paraître nécessairement d’un très bon goût.

Or, il ne faut pas s’y tromper c’est un travail sérieux et fouillé, dont Anne Pingeot ne voulait à aucun prix et auquel évidemment elle ne collaborera en rien, tout comme beaucoup de fidèles de Mitterrand muets comme des carpes. Portrait donc souvent en creux qui bizarrement n’en paraît que plus vrai et qui laisse une puissante aura de mystère autour d’Anne Pingeot.

C’est tout de même une sacrée comédie dramatique, voire une tragédie, où Danielle Mitterrand, Anne Pingeot, Mazarine Pingeot, apparaissent victimes d’un secret d’état, de leur héritage familial, de faux-semblants à foison et surtout de l’ambition d’un homme pour lequel il faut accepter l’inacceptable, vivre comme le Masque de fer pour l’une, jouer la comédie de l’épouse officielle pour l’autre…

David Le Bailly n’épargne pas les piques mais a du mal à dissimuler malgré tout une certaine admiration, une certaine fascination pour cette femme, son effacement total, même au-delà de la mort, et pour cet amour si troublant pour un homme de près de 30 ans son aîné.
Anne Pingeot continue de se taire (de se terrer ?) et l’auteur, qui voit en elle une victime sacrificielle, une utopiste éprise de pureté, semble curieusement refuser au final de croire que ce silence repose sur le simple souhait de ne pas salir ce qui a été beau.