Sables
de Paul Laborde

critiqué par Sissi, le 15 octobre 2014
(Besançon - 54 ans)


La note:  étoiles
Les "mots-traces"
« Il avait construit un abri dans le sable de sa voix.

Et tant qu’il attendait, l’abri restait debout.

Debout : au bord de sa bouche . »

Mais la tempête est inéluctable, et la bouche ensablée égare le mot qui est aussi évanescent que des petits grains inexorablement fuyants.
« Il » est dans la quête, dans le tourment, il implore, parfois il « dit », aussi, puis « il » devient « je », puis il redevient « il ».
« Il » se démène dans la mouvance désertique de la parole incertaine.

« un mot est un soleil caché.
un mot est un jour qui feint de disparaître. »

« Il » se perd dans les méandres du mot qui prend forme et s’évanouit aussitôt, le mot qui se désagrège sans avoir réussi à s’incarner ; s’ancrer dans quelque chose de solide, de concret, quelque chose qui aurait pris sens.

« Il a dit : les mots ne mentent pas car ils ne sont que des mensonges, car il n’ont jamais vu la vérité. »

Peur du vide. Instabilité. Envie de saisir ce qui ne peut l’être.

« il n’a jamais connu d’autre désert que celui de ses mots. »

La sobriété du texte n’évite pas les turbulences, et la tempête de sable nous éclabousse violemment. On en prend plein les yeux.
Dure réalité que de réaliser tout ce que le langage empêche.
« Il » s’étale sur les pages à sa guise, de manière libre et aléatoire, parce que « dans la langue que l’on tisse l’espace n’a plus cours ».