Lettres à Maïou : Septembre 1939 - Juin 1940
de Pierre Blanc

critiqué par Gus, le 12 novembre 2003
(Paris - 79 ans)


La note:  étoiles
Pour ne pas oublier
Ces magnifiques lettres sont écrites du front par un officier amoureux à sa marraine de guerre, depuis sa mobilisation en septembre 39, jusqu'à sa disparition en juin 40. Accompagnées de notes très documentées, elles sont un témoignage lucide et bouleversant d'une époque méconnue.
Tous les jours, Pierre écrit à Maïou, mêlant avec humour les petits faits à ceux, plus intenses, vécus par le combattant. Dans un style agréable, il lui confie ses pensées, ses angoisses, ses espoirs. Il est émerveillé par les paysages du Nord et d'Alsace-Lorraine, et son goût pour la nature le sauve souvent de situations pénibles. Très humain, il est apprécié des hommes qu'il commande et fait des rencontres remarquables.
Ce qui rend ce livre si captivant, au-delà de la tension induite par l'entrée progressive en guerre, c'est d'assister à la sublimation d'un homme qui s'appuie sur ses valeurs pour faire face à ce à quoi sa grande lucidité et la proximité des terribles combats de 14 - 18 ne lui représentent que trop bien.
Pierre, doué sans le savoir d'un grand talent d'écriture, livre pour l'usage exclusif de son amour des lettres au contenu universel. Il constitue, sans le vouloir, un exemple de courage et d'humanité.
L'épilogue relate comment sa destinatrice, toujours vivante, est partie sur les routes d'Alsace-Lorraine soixante ans après le drame, cherchant l’explication de cette fin tragique. Au bout de cette quête, elle a retrouvé Pierre et a pu enfin faire son deuil.